photo et article tirés de NPA 29
Ces dernières semaines, il n’a pas été facile de savoir si on était en Israël ou au Royaume-Uni. À l’approche des élections britanniques du 12 décembre, les médias hébreux ont multiplié leurs articles à ce sujet. Certains journaux du même jour ont publié jusqu’à quatre articles. En fait, le centre de l’attention n’est pas tant les élections elles-mêmes que le leader travailliste Jeremy Corbyn.
Jeremy Corbyn, qui représente l’aile gauche de son parti, est continuellement accusé d’antisémi-tisme. Surtout, la préface d’un livre, il y a de nombreuses années que l’économie mondiale est contrôlée par les membres d’une « race spécifique » et qui est apparu aux côtés de musulmans qui prônent la création d’un État palestinien.
Corbyn a dit qu’il était favorable à la création d’un État palestinien dans les territoires occupés par Israël depuis la guerre de 1967. Il a même souligné que le Royaume-Uni reconnaîtrait un État palestinien s’il était Premier ministre. C’est un sujet de profonde préoccupation pour Israël, un pays qui espère que l’Union européenne continuera de se taire sur la question palestinienne.
La campagne contre Corbyn se déroule à la fois au Royaume-Uni, notamment au sein de son parti, et en Israël. Le leader travailliste soutient qu’il n’est pas antisémite mais ses détracteurs n’arrêtent pas de répéter les accusations. Non seulement les Juifs britanniques mais aussi les non-Juifs britanniques, une circonstance dont le parti conservateur de Boris Johnson profite pour dire quotidiennement que Corbyn n’est pas qualifié pour diriger le pays.
Ce jeudi, le « Mouvement ouvrier juif », un groupe du parti travailliste, a divulgué une enquête dans laquelle il dénonce de nombreuses circonstances qui démontreraient que le parti travailliste est essentiellement antisémite. Ce n’est pas la première fois qu’un événement comme celui-ci se produit ces derniers mois, bien que cette fois-ci la fuite soit arrivée quelques jours avant les élections et avec l’objectif clair de descendre Corbyn.
Ces groupes exigent que Corbyn démissionne et quitte son poste, ce qu’il n’est pas disposé à faire. Selon les commentaires qui accompagnent ce type de fuites, l’actuel Parti Travailliste est truffé de situations antisémites qui ne lui permettent pas de diriger le pays. La presse israélienne se fait l’écho de ces accusations chaque jour et les soutient.
Le « Mouvement ouvrier juif » concentre ses attaques sur Corbyn, qu’il accuse d’avoir transformé le parti en « un agréable refuge pour les antisémites ». Historiquement, la gauche européenne a défendu les Juifs, mais cette situation a changé ces dernières années, en raison de la brutale occupation israélienne des territoires palestiniens.
La première phrase du document du mouvement ouvrier juif ne peut être plus explicite : « Le Parti Travailliste n’est plus un endroit sûr pour le peuple juif ou pour ceux qui sont confrontés à l’antisémitisme ». Il recueille le témoignage de soixante-dix membres actuels ou passés du parti qui démontreraient cette thèse. L’un des déclarants, qui fournit 22 témoignages distincts, dit que lors des réunions du parti, il a été appelé « juif du parti conservateur », « meurtrier d’enfants » et « merde sioniste ».
De nombreux travaillistes accusent ce groupe d’agir aveuglément pour la défense d’Israël et d’ignorer les droits de l’homme en général et les droits des Palestiniens en particulier. Les contacts entre ce groupe et Israël sont généralement très étroits, leurs détracteurs soutiennent qu’ils défendent plus les intérêts de l’occupation israélienne, qu’ils ne critiquent jamais, que les intérêts des travaillistes britanniques.
Il y a quelques mois, un documentaire a montré les relations étroites de l’ambassade d’Israël à Londres avec certains de ces groupes. Un responsable israélien de cette représentation s’est même vanté de décider ce que faisait et disait les politiciens pro-sionistes britanniques pour défendre l’État juif. Le documentaire était si explicite que l’ambassade elle-même a dû s’excuser publiquement et ramener en Israël le fonctionnaire qui figurait dans le documentaire.
Bien que ces groupes soient soutenus par Israël, les autorités évitent de faire des déclarations publiques dans la mesure du possible. Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a rompu avec ce comportement et a ouvertement exprimé son souhait que le parti travailliste britannique perde les élections en raison de son antisémitisme.
Parmi les dizaines d’articles qui ont été publiés dans la presse hébraïque ces derniers jours, un seul du journaliste Gideon Levy, publié dans Haaretz, a défendu Corbyn. Mais le journal libéral de Tel Aviv a immédiatement publié un autre article critiquant Levy. Dans les autres médias, il y a consensus et unanimité absolue sur cette question.
Levy rappelle qu’aucun dirigeant européen défendant les positions de Corbyn vis-à-vis du Moyen-Orient n’a jamais été élu à la tête d’un pays du continent, de sorte que les Britanniques ont désormais la possibilité de choisir un dirigeant avec un « nouveau discours » qui suscite » l’espoir » de résoudre les conflits dans la région.
Levy dénonce la « rhétorique vide » des dirigeants européens et leur « absence d’action » et prévoit que cela pourrait changer si Corbyn remporte les élections. Les violations persistantes du droit international et les crimes de l’occupation, selon Levy, devraient faire face à un leader européen qui veut changer les choses, et c’est quelque chose auquel ni Israël ni ses proches en Europe ne feront s’ils ne sont pas pressés fortement de l’extérieur.
Sources principales : Haaretz, Maariv, Yediot Ahronot, Makor Rishon, Mako, The Jerusalem Post.
Jérusalem 12/08/2019 EUGENIO GARCÍA GASCÓN
Un message, un commentaire ?