Alors que les observateurs avertis fixent à plus de 4 % la croissance des dépenses pour maintenir les services actuels en santé et services sociaux, le budget 2014-2015 n’octroie que 1,4% d’augmentation, ce qui va obligatoirement se traduire par d’autres compressions dans un réseau déjà aux prises avec de graves problèmes d’accessibilité. « C’est totalement irréaliste puisqu’avec un taux de croissance de 4,8 % en 2013-2014, le réseau était déjà confronté à une demande de services telle que les délais d’attente pour les obtenir se sont encore allongés, des délais souvent lourds de conséquences », constatent les porte-parole syndicaux.
À ce contexte de réductions budgétaires, qui alourdit la charge de travail et détériore les conditions de pratique, s’ajoute le chambardement induit par la réforme administrative du réseau imposée par le ministre Barrette. La réorganisation des soins et services se fait sans aucune consultation du personnel qui les donne chaque jour.
Le 1er avril, avec la fusion des établissements et la création des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) et des Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS), les personnes salariées ne relèvent plus du même employeur. Alors que là où des mégafusions ont été réalisées, comme en Alberta par exemple, on cherche aujourd’hui à décentraliser les pouvoirs décisionnels pour les rapprocher des communautés et ainsi mieux répondre à leurs besoins. En outre, les économies promises n’ont pas été au rendez-vous, la centralisation requérant davantage de bureaucratie et d’encadrement. Bref, ce genre de réforme est loin d’avoir fait ses preuves, tout au contraire.
Qui plus est, pendant que le ministre nomme de nouveaux présidents-directeurs pour diriger ces méga-établissements qui couvrent d’immenses régions, les réductions de service font de nouvelles victimes parmi les plus démunis, les personnes proches aidantes et les familles. Le suivi qui ne leur est pas apporté aujourd’hui, en prévention et en première ligne, se soldera par des problèmes sociaux et des pathologies plus graves dans l’avenir.
Et la goutte qui fait déborder le vase, c’est qu’avec l’arrivée à échéance de la convention collective des quelque 500 000 personnes salariées du secteur public du Québec, le personnel du CSSS du Haut-Saint-François, à l’instar de tous les membres du Front commun, est sans contrat de travail à compter d’aujourd’hui. Les représentants syndicaux entendent demeurer unis et solidaires pour réclamer du gouvernement la reconnaissance du travail indispensable de leurs membres au sein d’un réseau public de santé et de services sociaux mis à mal par des mesures irresponsables.