Édition du 16 avril 2024

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Le Monde

Marche mondiale des femmes : tout continue

L’analyse de la dynamique de 2010 conclut à la nécessité de continuer à travailler sur les interconnexions entre les quatre champs d’action, afin de nourrir les principes qui articulent la lutte et ancrer la MMF en tant que mouvement permanent.

La 8e rencontre internationale de la Marche Mondiale des femmes aura lieu en novembre aux Philippines.

Chaque coordination nationale peut envoyer trois déléguées, dont l’une au moins doit avoir moins de 35 ans. En contact avec les déléguées suisses, solidaritéS rendra compte de l’événement

Une base théorique

Cette huitième rencontre se prépare dans chaque pays sur la base d’un document commun élaboré par l’équipe du Comité international. Il présente une lecture de la crise économique, financière, environnementale et du modèle de reproduction sociale du capitalisme, qui accroît les inégalités et les contradictions, au niveau mondial.

Il réaffirme combien la société reproduit la violence envers les femmes comme un outil permanent de contrôle sur leur corps et leur vie. Ce document théorique doit encore être complété par des exemples à l’échelle régionale, nationale et locale. Toutes les contributions sont les bienvenues (à envoyer avant le 11 septembre au Secrétariat international à Sao Paulo  : info@marchemondiale.org).

En une dizaine de pages, ce document analyse l’action internationale de 2010, qui a mobilisé des milliers de femmes issues de 74 pays autour de quatre «  Champs d’Action  »  :

• Travail des femmes (autonomie économique),
• Bien commun et Services publics,
• Paix et démilitarisation,
• Violence envers les femmes.

Au cours de ces multiples actions, la MMF a dénoncé les fausses solutions à la crise qui ne font que renforcer le modèle capitaliste, patriarcal et raciste et a proposé des alternatives à ce modèle.

L’analyse de la dynamique de 2010 conclut à la nécessité de continuer à travailler sur les interconnexions entre les quatre champs d’action, afin de nourrir les principes qui articulent la lutte et ancrer la MMF en tant que mouvement permanent.

«  La prochaine période, 2011 et 2012, doit caractériser une période de résistance et de luttes afin d’éviter un recul en termes de droits et conditions de vie des peuples. Les révolutions dans les pays arabes et en Afrique montrent que, face à la détérioration des conditions de vie , des actions et manifestations peuvent voir le jour et, dans de nombreux cas, conduire à l’effondrement des gouvernements traditionnellement alignés avec les politiques d’exclusion des pays riches.

Dans tous ces processus, les femmes participent activement, et certaines risquent d’être emprisonnées ou tuées pour la défense d’une démocratie réelle. Nous devons être vigilantes pour que notre présence dans ces processus soit assurée dans les moments de transition, et que ces victoires ne se transforment pas en actions qui augmentent le contrôle et la violence contre les femmes.

Défis à relever dans la construction du mouvement mondial des femmes

Le Comité international a mis en évidence un certain nombre de défis :

 Approfondir les analyses et la formation politique des participantes («  Au sein de la MMF, il coexiste des perceptions différentes sur certains sujets tels que la prostitution, les droits des lesbiennes et l’avortement  ; il est important que nous poursuivions les discussions.  »).

 Se renforcer en tant que mouvement permanent à l’échelle locale, régionale et internationale («  Par exemple, il faut amener la Marche là où nous ne sommes pas présentes, surtout dans les pays où les lois islamiques sont en vigueur, mais aussi dans des pays économiquement plus riches, comme la Russie et la Chine.  »).

 Renforcer la présence des jeunes, autochtones et immigrées dans toutes les structures («  La diversité des cultures politiques et des expériences des activistes de la Marche et notre capacité de construire des accords constituent deux de nos points forts. Nous reconnaissons quand même l’existence d’importantes lacunes dans certains pays par rapport au partage des responsabilités internationales avec les femmes jeunes, les immigrées et autochtones.  »).

 Approfondir la politique des alliances (par exemple «  nous entretenons un rapport étroit avec Via Campesina, en établissant un rapport entre le principe de la souveraineté alimentaire et les problèmes auxquels les femmes font face quotidiennement. Nous cherchons à créer ou renforcer les liens entre les femmes paysannes et les femmes citadines.  »).

 Concevoir la communication de façon stratégique («  En tenant compte du rôle que jouent les moyens de communication de masse dans la construction de l’agenda publique, nous devons approfondir la discussion sur la démocratisation de ces moyens et mettre en place une stratégie qui nous permette de donner un plus grand rayonnement de nos idées.  »)

Défendre le droit à l’avortement

En Suisse, des militantes de la MMF, des représentantes de syndicats des différentes régions (avec une représentation inter-générationnelle réjouissante) et des femmes latino-américaines se sont rencontrées début août pour faire le point sur les actions du 14 juin et préparer la suite du mouvement. Il s’agit pour les femmes vivant en Suisse de mener une campagne nationale sur le droit à l’avortement, en montrant comment cette question s’articule, sur le plan international et national, sur les 4 champs d’action définis par la MMF en 2010.

Donc un travail d’élaboration et de réflexion de fond, qui devrait permettre de mettre en évidence comment capitalisme et conservatisme conjugués se retournent contre les intérêts et les acquis les plus importants des femmes. La Coordination nationale poursuivra le 16 octobre prochain la discussion sur ce droit contesté en Suisse comme ailleurs dans le monde, afin de préciser la façon d’engager cette campagne et de s’adresser aux organisations alliées.

* Paru dans « solidaritéS » n°192 (25/08/2011), p. 12..

Maryelle Budry

Solidarité, Suisse

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