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Primaire dans l’Iowa : Trump triomphe, vers un nouveau duel Biden-Trump à la présidentielle

Ce lundi avait lieu le premier caucus républicain dans l’État de l’Iowa, lançant le cycle des primaires pour la nomination du candidat républicain à l’élection de novembre. Donald Trump remporte haut la main ces élections qui, si elles ne prédisent pas nécessairement sa victoire aux prochaines primaires, montrent que l’ancien occupant de la Maison Blanche domine fermement le Parti Républicain.

Tiré de Révolution Permanente
17 janvier 2024

Par Irène Karalis

Ce lundi avait lieu le premier caucus républicain dans l’État de l’Iowa, lançant le cycle des primaires pour la nomination du candidat républicain à l’élection de novembre. Donald Trump remporte le scrutin haut la main avec 51 % des voix, devançant de 30 points ses deux principaux concurrents, Ron DeSantis qui obtient 21,2% des voix et Nikki Haley qui enregistre 19,1 % des voix. Les trois autres participants, Asa Hutchinson, Ryan Brinkley et Vivek Ramaswamy arrivent ensuite avec moins de 8 %. Vivek Ramaswamy, homme d’affaires notamment soutenu par Elon Musk, s’est retiré de la course et a appelé à voter pour Trump.

Si la participation au vote a été relativement faible, environ 100 000 membres des Républicains se sont déplacés, les résultats du scrutin montrent sans aucun doute que Donald Trump domine largement le parti. Pour le Financial Times, « l’ancien président possède le parti républicain comme aucune personnalité ne l’a jamais fait auparavant  ». Et ce dernier est parvenu à retourner ses faiblesses à son avantage, réécrivant les accusations portées à son encontre en justice, mais aussi celles concernant l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Ainsi, alors qu’un procès s’ouvre pour la seconde fois ce mardi à New York contre Donald Trump après que celui-ci a déjà été condamné en 2023 à payer cinq millions de dollars à E. Jean Caroll pour agression sexuelle et diffamation, l’ancien président américain accuse les juges et les procureurs de mener une chasse aux sorcières contre lui pour l’empêcher de gagner la présidentielle de novembre.

De la même manière, Donald Trump a opéré à une « réécriture de l’assaut du Capitole comme manifestation pacifique patriotique » selon Mediapart ce qui sert de «  mythe fondateur du retour politique de l’ancien président ». Le 45e président des États-Unis fait ainsi le lien entre les manifestants arrêtés et condamnés et son propre procès en justice, dans un récit visant à faire de lui et ses partisans des martyrs persécutés par l’establishment américain. Un tiers de l’électorat républicain considère ainsi que l’assaut du Capitole a été orchestré par le FBI pour pouvoir accuser Trump.

Au-delà des discours et des mythes édifiés par Donald Trump, comme l’explique Left Voice, le résultat des primaires dans l’Iowa est « le résultat direct de l’insatisfaction à l’égard du régime Biden, qui est devenu le visage de deux guerres étrangères impopulaires, d’une économie qui a laissé de nombreux travailleurs lutter pour se procurer les produits de première nécessité, et d’un néolibéralisme réchauffé déguisé en Bidenomics. Biden est actuellement le président le plus impopulaire depuis George W. Bush – un véritable exploit si l’on considère l’impopularité de son prédécesseur – et semble être un candidat particulièrement faible pour s’opposer à Trump ou, d’ailleurs, à n’importe quel républicain. »

Pour les concurrents du milliardaire, le résultat des premières primaires n’est pas celui espéré, en particulier pour l’ultra-réactionnaire Ron DeSantis, le gouverneur de Floride qui, s’il a annoncé qu’il continuerait, fait moins qu’escompté dans un État qui aurait dû lui être plus favorable. Nikki Haley, ancienne ambassadrice aux Nations Unies et ancienne gouverneure de Caroline du Sud qui avait reçu le soutien de plusieurs grands donateurs comme la famille Koch et de leur association de financement American for Prosperity qui avait collecté plus de 70 millions de dollars, était, elle, considérée comme le choix le plus modéré des Républicains avec de meilleures chances de battre Biden que les candidats à sa droite (tout en étant ouvertement opposée à l’avortement et à toute forme d’éducation sexuelle et pour le retrait de tous les accords contraignant sur le climat). En ce qui la concerne, elle n’avait jamais parié sur la victoire dans l’Iowa, espérant davantage du New Hampshire, prochain État qui accueillera les primaires républicaines. La candidate a ainsi expliqué que les États-Unis «  méritaient mieux » qu’un nouveau match entre Trump et Biden et annoncé maintenir sa candidature.

Les votes de l’Iowa déterminent les 40 délégués de l’État à la Convention nationale républicaine de juillet au cours de laquelle les délégués de tout le pays sélectionnent le candidat du parti à la présidentielle. Donald Trump remporte ainsi vingt délégués, Ron de Santis en remporte huit, Nikki Haley sept et Vivek Ramaswamy trois. Mais la victoire de Trump ne signifie pas une victoire pour l’entièreté des primaires, et il est déjà arrivé que des candidats, comme Ted Cruz en 2016, gagnent la primaire en Iowa puis fassent des résultats bien moins bons la semaine suivante dans le New Hampshire. L’Iowa est en effet un État plus conservateur avec une forte concentration d’évangéliques, en plus d’être un petit État. Malgré tout, les résultats témoignent d’une dynamique en forme de rouleau compresseur pour Trump.

Mais si l’ancien occupant de la Maison blanche a réussi à convaincre sa base qu’il représentait quelque chose de différent par rapport à Joe Biden, il incarne un programme profondément anti-ouvrier, un populisme d’extrême-droite qui rejette la responsabilité des crises du capitalisme sur les immigrés et les couches les plus défavorisées de la société américaine. De plus, il représente un secteur de la bourgeoisie impérialiste qui cherche à intensifier les tensions avec la Chine et qui est favorable à une plus grande intervention des États-Unis en Amérique latine.

Face à lui, Joe Biden entend incarner la défense de la démocratie. Mais comme le rappelle Left Voice, « Biden vient de contourner le Congrès afin d’envoyer plus d’argent à Israël et restera dans l’histoire comme Joe le génocidaire. Il est resté les bras croisés alors que le droit à l’avortement était annulé par une Cour suprême antidémocratique. Il a brisé une grève des chemins de fer, alors qu’il prétendait être le président le plus favorable aux travailleurs de l’histoire. Surtout, Biden et Trump soutiennent tous deux – à des degrés divers – le régime antidémocratique dans lequel le collège électoral, le Sénat et la Cour suprême sont autant de signes évidents du caractère limité de la démocratie réelle aux États-Unis. »

Trump n’est pas la solution, et Biden non plus. La seule issue à la crise économique, mais aussi aux guerres qui se multiplient dans le monde, ainsi qu’à la crise écologique, réside dans l’organisation de la classe ouvrière et des classes populaires par en bas autour d’un programme qui défende l’augmentation des salaires, la fin du génocide en Palestine et des droits pour les minorités de genre et de race opprimées.

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