Le livre Pédagogie pour des temps difficiles. Cultiver des liens qui nous libèrent, de l’essayiste et éducateur français Philippe Godard, paraîtra en librairie le 23 février prochain.

À propos du livre

Le futur est dans l’enfance. Pas seulement parce que le futur appartient aux enfants, mais surtout parce que l’enfance est le seul état dans lequel l’humain fait profondément alliance avec l’univers qui l’entoure. Cette alliance, il nous incombe de la nourrir. En ces temps difficiles, la possibilité d’un futur émancipé réside notamment dans une pédagogie qui accompagne les enfants dans leur création de liens avec tout ce qui vit autour d’eux. La pédagogie doit cultiver des liens qui libèrent.

Fruit de la longue expérience d’éducateur de l’auteur, Pédagogie pour des temps difficiles montre en quoi l’enfance gagne à être vue comme un état (alliance avec l’univers), et non comme un passage (préparation au monde du travail). Les enfants doivent faire face à un monde dominé par le productivisme et la compétition, tout en grandissant malgré la désillusion provoquée par la détérioration des écosystèmes... Il importe ainsi de centrer la tâche de leurs éducateurs et éducatrices (parents, enseignant.e.s, travailleurs.euses sociaux, etc.) sur ce que l’auteur appelle le sentiment de l’exubérance de la vie :

« Le sentiment de l’exubérance de la vie et de l’immensité potentielle de chaque destin humain nous anime encore, malgré cette "amicale" pression du mythe du progrès technologique. Nous savons tous, émerveillés devant un tout jeune enfant, qu’une infinité de possibles s’offrent à lui. Et certes, la réalité et tout système structurant peuvent avoir pour conséquence de canaliser cette exubérance, c’est-à-dire de réduire considérablement les possibles. Mais pas forcément : c’est le rôle de l’école, de l’art, de la culture ou encore du voyage ou de la discussion que d’élargir le champ des possibles. »

Pour échafauder sa pédagogie, Godard examine d’abord la valse incessante des rapports entre l’individu et le collectif ; entre les limites et la liberté. Le bébé constatera par exemple que ses limites physiologiques lui imposent de créer du lien avec son entourage afin de gagner en liberté, que ce soit pour se déplacer ou manger... L’auteur explore ensuite divers thèmes fondamentaux d’une pédagogie émancipatrice : critique constructive de l’autorité, du numérique et de la compétition, valorisation de la justice sociale, de la transmission, du jeu, du temps long et de la parentalité.

L’approche de Godard s’appuie sur le fait que l’être humain est un chercheur en émancipation, individuelle et collective. Et cette recherche prend du temps. Le temps long humain, réflexif et biologique, devient ainsi une valeur qui incombe à tout éducateur de transmettre. « La pédagogie a un temps ; ce temps est un temps long. C’est le temps de la vie aussi. »

À propos de l’auteur

Philippe Godard a créé et dirigé plusieurs collections de livres documentaires pour la jeunesse chez Autrement, La Martinière et Syros. Auteur de plusieurs essais, dont Le mythe de la culture numérique (2015), il a aussi participé au livre collectif Le travail, et après ? (Écosociété, 2017). Depuis les années 2010, il oriente son travail vers les jeunes délinquants, les enfants placés et les jeunes mères placées.