Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Réponse à l'article d'Antoine Casgrain « Ce qui nous unit et ce qui nous sépare » en ce qui a trait à la laïcité. »

M. Antoine Casgrain,

Dans la réponse que vous faites le 27 août dernier à mon article paru dans Le Devoir du 22 août vous identifiez, comme le titre de votre article l’indique, « ce qui nous unit et ce qui nous sépare » en ce qui a trait à la laïcité.

Avec ce qui nous unit je suis presqu’entièrement d’accord, il ne manque que le respect de la laïcité de l’État par l’ensemble des fonctionnaires plutôt que seulement par les « hauts fonctionnaires ». Là dessus je suis plutôt d’accord avec le syndicat des fonctionnaires (SFPQ).

Nous sommes unis quant à la liberté de conscience qui est précisément une conquête de la laïcité. Toutes les croyances religieuses ou philosophiques doivent pouvoir se manifester et leur sécurité doit être assurée par un État neutre dont, bien sûr, elles doivent respecter les lois.

Notre division repose peut-être sur notre vision ou définition de l’État. Pour moi, l’État c’est l’ensemble des institutions d’État. Ce n’est pas seulement les édifices, c’est tous les ministères, toutes les administrations et les personnes qui y travaillent. Bref, toutes les personnes payées par nos taxes et impôts, qui travaillent dans les institutions communes. C’est-à-dire les institutions qui appartiennent à tout le monde et à personne en particulier. Les gouvernements élus exercent leur pouvoir sur cet État.

Décréter arbitrairement que l’État est distinct des personnes qui le composent (avec les édifices, les actifs, etc.), ce n’est pas de la prudence, c’est une contorsion de la plus élémentaire des sciences politique pour pouvoir donner accès à la fonction publique aux personnes portant des signes religieux ostentatoires (pour ce qui est des signes politiques, ils sont déjà interdits).

Soyons clair, au Congrès de 2009 il a surtout été question des femmes portant le hidjab. Vous dites « Prudence, surtout, parce qu’il n’y a pas le feu ! » Faut-il attendre qu’il y ait le feu ? En effet la laïcité a pour but la paix des religions ; les mesures qu’elle propose visent à fixer les limites des manifestations religieuses : tout dans la société, rien dans l’État. C’est simple. Et la loi est la même pour tout le monde.

Quant à l’unité de nos luttes, où vous parler surtout des femmes voilées, je vous dirai, pour ma part, qu’il faudrait aussi penser au 40% des délégué-e-s qui ont voté contre cette position sur la laïcité. Quant aux femmes qui ne peuvent retirer, pendant les heures de travail, ce signe politico-religieux, je crois qu’il faut leur donner le temps de réfléchir.

La lutte pour la laïcisation au Québec a commencé en 1959 avec le Mouvement laïque de langue française (MLF). Lentement, tranquillement, cela a progressé jusqu’à la déconfessionnalisation des Commissions scolaire. Le PQ y va gauchement, je suis d’accord. Mais le hidjab a changé bien des choses. Au point que certains sacrifient la laïcité de la fonction publique pour des raisons qui, à mes yeux ne tiennent pas.

Je m’arrête sur ce qui vous a désolé. Pourquoi est-ce que j’associe QS aux Jeunes libéraux, à l’Assemblée des évêques et à bien d’autres du même acabit ? C’est que cette expression de « laïcité ouverte », inventée par le jésuite Julien Harvey en 1993, est utilisée par tous ceux qui combattent la laïcité, pour une raison ou pour une autre, sur un aspect ou un autre. Qu’est-ce qui passe à travers « l’ouverture », d’après vous ? Cette laïcité ouverte est-elle « complète ».

Bernard La Rivière, Bernard22@cgocable.ca

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