Édition du 17 juin 2025

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Amérique centrale et du sud et Caraïbes

30 avril 2004 : Haïti sous tutelle, la souveraineté bradée

Il y a 21 ans, jour pour jour, le 30 avril 2004, le Conseil de sécurité des Nations Unies adoptait à l’unanimité la résolution 1542, entérinant la création de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti). Cette mission, présentée comme une solution de paix, marquait en réalité le début d’un long cycle d’ingérence internationale, d’occupation déguisée et de dérives qui ont durablement affaibli l’État haïtien.

Une souveraineté suspendue

La résolution 1542 faisait suite au renversement, le 29 février 2004, du président constitutionnel Jean-Bertrand Aristide. Ce coup d’État, cautionné par des puissances étrangères, a ouvert la voie à une mise sous tutelle complète du pays, sous prétexte de stabilisation. Les forces onusiennes, arrivées sur le sol haïtien avec l’étiquette du maintien de la paix, se sont progressivement imposées comme des acteurs de premier plan dans les affaires internes du pays, reléguant les institutions nationales au rang de figurants.

Une mission controversée

Pendant plus d’une décennie, la MINUSTAH a été synonyme de bavures, de violences sexuelles, de violations des droits humains, et surtout d’un désastre sanitaire majeur : l’introduction du choléra, qui a fait des dizaines de milliers de morts. Ce triste épisode reste un stigmate indélébile dans la mémoire collective haïtienne, révélateur du mépris dont ont souvent fait preuve certaines puissances à l’égard du peuple haïtien.

Une leçon ignorée

Vingt-et-un ans plus tard, les blessures sont encore ouvertes. Pire, l’histoire semble se répéter. Alors que le pays traverse une crise sans précédent, des voix s’élèvent de nouveau pour appeler à une intervention internationale. Mais peut-on réellement reconstruire un pays sans respecter sa souveraineté ? Peut-on restaurer la paix sans justice, ni mémoire ?

En guise d’avertissement

Le 30 avril 2004 doit rester une date d’alerte, un moment de lucidité pour rappeler que toute prétendue stabilisation imposée de l’extérieur finit par créer plus de fractures que d’unité. Haïti n’a jamais manqué de ressources humaines ni de volonté populaire : ce qui lui a manqué, c’est qu’on la laisse respirer, décider, reconstruire par elle-même et pour elle-même.

À ceux qui parlent aujourd’hui de solutions, souvenez-vous du 30 avril 2004. Ne répétez pas les erreurs d’hier.
Smith PRINVIL

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