Par Smith PRINVIL
Depuis des décennies, la réponse haïtienne face au VIH repose majoritairement sur des fonds internationaux. Environ 80 % du financement est assuré par des partenaires comme le PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief) et l’USAID. Mais cette aide, bien que précieuse, n’est pas éternelle. Sa réduction progressive place le pays au bord d’une crise sanitaire majeure. Et pour les PVVIH, chaque jour d’attente est un risque de plus.
« Nou pa mandé charite. Nou mandé jistis ! » scande une militante, le regard tourné vers les bâtiments muets du gouvernement. Elle est séropositive depuis 12 ans. Grâce à l’accès régulier à son traitement antirétroviral, elle a pu travailler, élever ses enfants, vivre. Mais aujourd’hui, elle craint que tout cela ne s’effondre.
Les manifestants ne réclament pas la lune. Ils demandent une politique de santé publique digne de ce nom : un plan de transition clair, un budget alloué à la prise en charge des PVVIH, un engagement visible pour préserver les acquis de la lutte contre le VIH. Ils réclament aussi le respect de leur dignité, souvent piétinée dans une société encore marquée par la stigmatisation.
« C’est une lutte pour exister », confie Junior, 28 ans, militant de longue date. « Tant que l’État ne planifie rien, c’est comme s’il attendait qu’on disparaisse. Mais nou la. Nou egziste. Nou pap fè silans. »
Ce sit-in est bien plus qu’un simple rassemblement. C’est une déclaration de résistance. Une manière de dire que les PVVIH ne seront pas les victimes silencieuses de l’austérité budgétaire ou du désengagement étatique. À travers leurs chants, leurs slogans, leurs témoignages, ils rappellent que la santé n’est pas un luxe, mais un droit fondamental.
Mais ce lundi 19 mai, la Primature est restée sourde. Aucun représentant officiel n’a daigné rencontrer les manifestants. Une absence lourde de sens, dans un pays où le mépris politique se confond trop souvent avec l’oubli.
Les organisations présentes promettent de ne pas lâcher prise. D’autres actions sont prévues. Des campagnes de sensibilisation, des mobilisations décentralisées, des recours juridiques si nécessaire. « On ne laissera pas mourir le combat que nous avons mené pendant 20 ans. Pas maintenant. Pas comme ça. »
Et pendant ce temps, derrière les grilles du pouvoir, le silence continue.
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