Port-au-Prince, 3 mai 2025 – En Haïti, le désespoir n’est plus silencieux. Il gronde. Il s’organise. Il se transforme en appel à l’action. À la veille d’une grande mobilisation citoyenne prévue pour ce dimanche 4 mai, deux figures de la jeunesse haïtienne se dressent contre le système : Stevenson Telfort, alias Atros, chanteur du groupe Rockfanm, et Madame Francesse Baptismé, porte-voix du Mouvement Jeunesse Debout.
Ils lancent ensemble un cri d’alarme, un appel au réveil citoyen, face à ce qu’ils qualifient de « dérives graves du gouvernement », de dévoyage de la jeunesse, et d’une instabilité généralisée qui gangrène le pays. Selon eux, trop c’est trop. Le peuple ne peut plus rester spectateur d’un effondrement qui menace sa dignité et son avenir.
Depuis des années, la gouvernance haïtienne s’enlise dans le mépris des plus jeunes. Le chômage endémique, la fuite des cerveaux, la montée des gangs, l’effondrement des institutions éducatives et sanitaires, tout cela compose un quotidien intenable pour une majorité de la population, dont plus de 60 % a moins de 30 ans.
Mais que fait l’État ? Il s’enferme dans ses privilèges, s’accroche à ses routines bureaucratiques, multiplie les démonstrations de pouvoir sans vision. Pendant que des milliers de jeunes risquent leur vie en mer ou croupissent sans perspectives dans les quartiers populaires, les élites vivent dans une autre réalité, coupée du peuple, aveugle aux cris de détresse qui montent des rues.
C’est à cette rupture brutale qu’Atros et Francesse Baptismé veulent répondre. Leur appel dépasse les clivages partisans. Il vise à replacer la jeunesse au cœur de la nation. « Il n’y a pas d’avenir sans jeunesse », martèle la militante. « Et il n’y a pas de citoyenneté sans justice sociale, sans éducation, sans inclusion », ajoute le chanteur, connu pour ses textes politiquement tranchants.
La marche prévue ce dimanche n’est pas une simple démonstration de force. C’est un acte de foi. Une résistance. Une proposition. Celle d’un pays qui veut se relever à travers ceux qu’il tente d’étouffer.
“Nous ne marcherons pas pour demander, nous marcherons pour affirmer”, disent-ils. Car cette mobilisation vise à dénoncer un mode de gouvernance instauré sans la jeunesse, contre la jeunesse, mais aussi à proposer une autre voie : celle de la solidarité, de la justice et de la responsabilité collective.
Ce 4 mai, Port-au-Prince pourrait redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une ville debout. Un peuple debout. Une jeunesse debout.
Smith PRINVIL
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