Édition du 16 avril 2024

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Retraites : prochaine journée d'actions le 23 novembre

Le mouvement social est légitime et conforté (…) Les organisations syndicales décident de poursuivre la mobilisation dans l’unité en faisant du 23 novembre une journée nationale interprofessionnelle par des actions multiformes" contre la réforme des retraites.

Le mouvement social est légitime et conforté (…) Les organisations syndicales décident de poursuivre la mobilisation dans l’unité en faisant du 23 novembre une journée nationale interprofessionnelle par des actions multiformes" contre la réforme des retraites. Telle est la conclusion, sous forme de communiqué, de la réunion intersyndicale qui s’est tenue lundi 8 novembre. Elle était destinée à fixer la stratégie à suivre pour la suite de la protestation contre un texte qui a été adopté par le Parlement.

Les syndicats, à l’exception de Force ouvrière, absent de la réunion, de la CFTC et de la CFE-CGC, qui n’ont pas signé le texte commun mais ont participé aux débats, ont précisé que les modalites des "actions multiformes" seront précisées par les "organisations territoriales et professionnelles". Elles pourront prendre la forme des rassemblements, des meetings ou d’arrêts de travail, précise le communiqué signé par la CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA.
Une prochaine réunion intersyndicale a été fixée au 29 novembre, pour faire le bilan de cette nouvelle vague de protestation,

Un "attachement" au maintien du départ légal à 60 ans

"Si chacun a conscience que la loi sur les retraites est susceptible d’être promulguée dans les prochains jours, l’heure n’est pas à la résignation", souligne l’intersyndicale réduite à cinq organisations. Elles se déclarent prêtes à "agir pour la réduction des inégalités, une véritable reconnaissance de la pénibilité et d’autres alternatives pour le financement du système de retraites par répartition".

Elle réaffirment également "leur attachement au maintien de l’âge légal de départ en retraite à 60 ans et de l’âge du taux plein à 65 ans", et soulignent que "la mobilisation d’un niveau exceptionnel depuis plusieurs mois a mis en lumière l’insatisfaction criante des salariés et leurs revendications en matière d’emploi, de salaires, de conditions de travail, d’inégalité entre les hommes et les femmes, de fiscalité et de partage des richesses".

La huitième journée de mobilisation, samedi dernier, avait connu un net reflux avec 1,2 million de personnes descendues dans les rues selon la CGT, contre 375 000 manifestants selon la police. Les sept autres journées avaient réuni jusqu’à 3,5 millions de personnes selon les organisateurs et 1,2 million selon la police.

Le Conseil constitutionnel doit se prononcer mardi ou mercredi sur la conformité de la réforme des retraites, ce qui ouvrirait en cas de feu vert la voie à une promulgation rapide par le président Nicolas Sarkozy.

Les syndicats veulent maintenir l’unité

L’intersyndicale s’est réunit, lundi 8 novembre, pour établir une stratégie commune pour la suite du mouvement contre la réforme des retraites, après une huitième journée de mobilisation marquée par un affaiblissement de la mobilisation. Force ouvrière ne participe pas à la réunion.

Un compromis doit être trouvé entre deux lignes : la CGT, FSU et Solidaires entendent prolonger le mouvement de contestation, alors que la CFDT, la CFE-CGC et l’UNSA jugent qu’il est délicat de s’opposer à une loi votée et préférable de ne pas affecter le soutien populaire qu’a reçu la mobilisation.

La CFTC exclut de s’associer à un nouveau mouvement de grève. Si la réunion de l’intersyndicale promet d’être "sportive", selon les mots d’un dirigeant syndical, toutes les confédérations, à l’exception de Force ouvrière, se disent à la recherche du bon compromis pour ne pas briser l’unité qui prévaut depuis le printemps.

La CGT estime qu’il faut battre le fer tant que la loi n’entre pas en application, en juillet 2011. "On ne peut laisser choir un mouvement porté par les salariés", affirme Didier Le Reste, secrétaire de la fédération des cheminots CGT. Selon le syndicaliste, "l’appel à une nouvelle journée interprofessionnelle de grève pour le 23 novembre est trop lointain (…).

Il faut préparer une étape intermédiaire, par exemple le mardi 16 novembre, qui marquera la solidarité des travailleurs avec les grévistes ainsi que ceux qui maintiennent le mouvement de contestation au sein de leur entreprise. Les modes de manifestation peuvent être multiples. Mais il faut viser les sièges du pouvoir : les sièges du Medef ainsi que les symboles de l’exécutif en place que sont les préfectures", avertit Didier Le Reste.

Une position qui n’est pas partagée par l’ensemble des partenaires de l’intersyndicale. Après une mobilisation inégalée depuis des années, même si les syndicats n’ont pas obtenu gain de cause sur le fond de la réforme, "on ne doit pas faire au gouvernement le cadeau de se désunir", prévient Alain Olive, secrétaire général de l’UNSA. "L’enjeu, c’est de montrer que sur un des éléments essentiels du pacte social français, les organisations syndicales sont capables de se retrouver : cela vaut pour les retraites et pour l’avenir", ajoute-t-il.

FO veut toujours faire cavalier seul

Cette volonté de faire durer le front commun coûte que coûte pourrait déboucher sur une feuille de route très souple. Le compromis serait, pour l’intersyndicale, de renvoyer à des actions locales telles que des rassemblements, meetings, conférences de presse ou manifestations décentralisées.

"Multiplier les formes d’action différentes, c’est ce qui a fait la force du mouvement", rappelle Bernadette Groison, qui dirige la FSU. "Mais il faut éviter les actions minoritaires et bloquantes, comme le blocus d’un aéroport, car nous risquons de perdre une partie du soutien populaire", estime Jean Grosset, secrétaire général adjoint de l’UNSA. La CFTC se veut légaliste : "Le texte est mauvais mais il a maintenant une légitimité parlementaire", explique un porte-parole. "Nous ne nous associerons pas à une nouvelle journée de grève où de manisfestation nationale. L’intersyndicale doit s’accorder sur des modes d’actions alternatifs", estime-t-il.

Les critiques de Force ouvrière, qui parle ouvertement de "gâchis" dans la gestion du conflit, viennent alourdir l’ambiance. Formellement, le syndicat de Jean-Claude Mailly ne fait pas partie de l’intersyndicale et prône une journée de grève générale depuis le printemps. Mais, incapable de mobiliser seule, FO s’est jointe à toutes les journées d’action de ces six derniers mois. Cette fois, la confédération pourrait ne pas s’associer au front syndical qui estime dans un communiqué que "tout n’a pas été tenté pour obtenir satisfaction. (…) FO ne saurait s’engager ni dans une stratégie d’oubli ou de diversion, ni dans une stratégie d’épuisement". Le front syndicale se fissure.

"Il est important de conserver le mouvement social de cet automne intact et de ne pas faire de démonstration de faiblesse", insiste pourtant Jean Grosset. "L’intersyndicale doit rester unie. Il y aura de nouveaux débats en 2012 et 2013 sur la question des retraites et dès maintenant, nous devons nous battre sur d’autres dossiers. Ils ne manquent pas : l’emploi des jeunes, le plan d’austérité au sein de la fonction publique, les conditions de travail, la pénibilité." Une manière de maintenir le bras de fer avec le gouvernement sans se focaliser sur la question des retraites.

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