Édition du 16 avril 2024

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Nucléaire

Selon des sources de Sortons le Québec du nucléaire, la direction de Gentilly-2 financerait une campagne pro nucléaire

Trois-Rivières, le 20 février 2012 - Selon des sources internes que le Mouvement Sortons le Québec du nucléaire juge dignes de foi, la direction de la centrale Gentilly-2, propriété de Hydro-Québec, financerait une campagne pour la promotion de la reconstruction de la centrale Gentilly-2 dans la grande région de Trois-Rivières. Selon ces sources, des employés de la centrale de Gentilly-2 auraient été invités à prendre un congé payé, aujourd’hui le 20 février, pour appuyer le lancement d’une campagne de promotion d’une durée de 4 semaines et pour influencer un gouvernement de plus en plus hésitant à reconstruire la centrale nucléaire de Gentilly-.

Dans une réunion convoquée jeudi dernier et tenue pendant les heures de travail sur le site de Gentilly-2, on aurait expliqué aux employés les tenants et les aboutissants de cette campagne de promotion. Même si Hydro-Québec prétend ne pas être derrière l’initiative, officiellement organisée par des « bénévoles », une séance de photos a été organisée sur les lieux et pendant les heures de travail.

Ainsi dès demain, à 10 heures 30, se tiendrait à l’auberge Godefroy de Bécancour une conférence de presse. Celle-ci se tiendrait « dans une salle fermée » et aurait été convoquée ce matin même pour déjouer « les verts » qui pourraient être tentés d’intervenir. Il est prévu que les maires de Bécancour et de Trois-Rivières, ainsi que Luc Vermette de Johnston Vermette, une firme de génie conseil impliquée dans l’énergie nucléaire, un employé d’Hydro-Québec et 5 autres invités y prennent la parole.

Il est également prévu que la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières parraine des « parutions spéciales » sur 4 semaines consécutives pour promouvoir le nucléaire. Il y aura notamment 2 pages de photos couleur de travailleurs et de fournisseurs de services appuyant Gentilly-2. Ces parutions seraient officiellement payées par la Chambre de commerce et le nom et logos des fournisseurs n’y apparaîtraient pas. Dès le lendemain de la réunion des employés, une première parution a d’ailleurs vu le jour dans le Nouvelliste de Trois-Rivières.

Pour Michel Duguay, de Sortons le Québec du nucléaire (MSQN), « Cette campagne est une réaction de panique suite aux nombreuses déclarations ministérielles soulevant le doute sur la volonté réelle du gouvernement d’entreprendre la réfection de Gentilly-2, notamment en raison de l’explosion des coûts et des risques associés au nucléaire, risques revus à la hausse, suite à la catastrophe de Fukushima ».

Pour sa part, Christian Simard de Nature Québec et autre porte-parole du mouvement, « invite le gouvernement et la haute direction de Hydro-Québec à ne pas se laisser influencer par cette campagne faussement spontanée qui jouit de la collaboration de quelques notables. Elle serait en fait commanditée et orchestrée par le lobby du nucléaire et par la branche nucléaire d’Hydro-Québec. Ceux-ci ne travaillent pas pour le bien commun mais pour leurs intérêts propres. Ce sont eux, et seulement eux, qui profiteraient des investissements démesurés et inutiles nécessaires à la réalisation du projet de réfection, sans avoir à en assumer aucuns risques ».

Le MSQN avait accueilli très favorablement la dernière déclaration du ministre Arcand, le 1er février dernier, au sortir d’une réunion de la Chambre de Commerce. Il avait déclaré « Il y a une chose qui est claire pour nous au Québec, c’est qu’on n’a pas l’intention de poursuivre dans le domaine du nucléaire ».

Elle faisait suite à une déclaration du ministre Clément Gignac qui reconnaissait publiquement qu’une évaluation supérieure à 10 cents des coûts de production du kilowatt/heure à Gentilly-2 était inacceptable pour lui. À titre d’exemple, le coût de production à Pointe-Lepreau, centrale jumelle de Gentilly-2 (rénovée avec les standards d’avant Fukushima), avoisine le 15 cents du kilowatt/heure. Sa production ne devrait reprendre qu’à l’automne 2012, avec 4 ans de retard et des dépassements de coûts de plus de 1 milliard $.

« Il ne manque plus que la décision finale du Conseil des ministres de fermer et de démanteler Gentilly-2 pour clore ce dossier dans l’intérêt de tous les Québécois », conclut Michel Duguay au nom du MSQN. « Et celle-ci devrait être prise rapidement et en toute indépendance face au puissant lobby du nucléaire ».

On se souviendra que le 23 mars 2011, le président-directeur général d’H-Q, Thierry Vandal, affirmait que les événements tragiques du Japon motivaient son intention de remettre entre les mains du gouvernement du Québec les informations ayant motivé la décision de son conseil d’administration de procéder à la réfection de Gentilly-2. Selon ses dires, ces informations n’excluaient pas celles concernant le scénario de démantèlement de Gentilly-2.

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