Édition du 16 avril 2024

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Amérique du Sud

Un million de manifestants dans la rue, et un seul cri « Dehors Bolsonaro »

Le jour où le Brésil déplore plus de 500 000 morts dues au COVID, des gigantesques manifestations ont eu lieu dans tout le pays

L’Anticapitaliste
23 juini 2021

Par Luc Mineto

Les premiers chiffres disponibles montrent l’ampleur des manifestations contre Bolsonaro et sa gestion criminelle et génocidaire de la pandémie. Ce samedi 19 juin du Nord au Sud, du Oyapock au Chui comme on dit ici pour désigner l’extension du Brésil entre Guyane et l’Uruguay ont eu lieu des centaines de manifestations. On enregistre 427 actions, dans 366 villes brésiliennes, dont toutes les 27 capitales d’état et 42 villes étrangères. Dans les capitales et les grandes villes donc, comme à Rio de Janeiro (70 000 participants), São Paulo (100 000), Brasília (30 000), Belo Horizonte (40 000), Porto Alegre (25 000(), Natal, Fortaleza (8 000). Mais aussi dans les concentrations urbaines des périphéries comme à Nova Iguaçu, aux portes de Rio de Janeiro ou la population affronte des files kilométriques pour un vaccin qui trop souvent n’existe pas, ou encore les villes à forte densité industrielle de l’ABC prés de São Paulo.

Ces chiffres dépassent ceux des manifestations du 29 mai (plus de villes, plus de participants). Mais surtout la puissance de ces manifestations ramène à leur vraie dimension les truculentes manifestations de motos de grosses cylindrées organisées par le clan Bolsonaro et vantées à grand renfort de Photoshop ; malgré tout l’appui de l’appareil d’état, ces cavaliers de l’apocalypse n’ont jamais été très nombreux.

Les raisons du mécontentement populaire

En premier lieu la gestion criminelle et génocidaire de la pandémie. Aujourd’hui le Brésil a atteint le triste chiffre de 500 000 morts dues au COVID. Plus d’un tiers des décès dans le monde du au COVID est brésilien. Les campagnes de vaccinations, imposées contre le gouvernement par les réactions de la société civile, sont encore balbuciantes. La CPI (commission Parlementaire d’Enquête) Covid-19 démonte le chaos meurtrier promu par le gouvernement depuis plus d’un an. L’obstination à nier la gravité de la situation, la mythification de la chloroquine comme remède miracle, la recherche criminelle d’une immunisation naturelle de masse, le sabotage des négociations avec les fabricants de vaccins candidats tant nationaux (Butantan /Coronavac, Fiocruz/AstraZeneca) que internationaux (les propositions de Pfizer sont restées des mois sans réponse). L’audition de celui qui fut ministre de la Santé entre mai 2020 et mars 2021, Eduardo Pazuello (un général d’active parachutiste, mais pas médecin) est révélatrice : derrière toutes ces attitudes et décisions criminelless il y a Bolsonaro, le grand responsable de cette catastrophe sanitaire. Comme le dit un jour Pazuello, « il y en a un qui commande, et l’autre obéit ». On sait aussi maintenant ce qui était évident : beaucoup ont profité de la vente criminelle de médicaments sans effet sur la maladie. Autour de Bolsonaro, les vautours prospèrent et se remplissent les poches. Jusqu’à quand ?

Bolsonaro et ses complices agissent comme des rats, dévorant le patrimoine public construit à la sueur de nos parents et grands-parents, et s’attaquant à nos droits gagnés par les luttes et les larmes des générations. Le dernier épisode en date est la privatisation scandaleuse de l’Eletrobras. En connivence avec des parlementaires vénaux, le gouvernement entend non seulement démonter et privatiser l’ensemble du système électrique comme multiplie en cette occasion les cadeaux pour tel ou tel secteur (producteurs d’électricité indépendants, centrales au charbon ou à gaz, constructeurs de gazoducs) alors que les experts annoncent les risques de black-out dans les prochains mois.

Contrairement à ce que disent les partisans du gouvernement, la prétendue "reprise" des taux de croissance n’a rien à voir avec le monde réel et la vie des gens : le revenu moyen des Brésiliens est passé sous la barre des 1 000 R$ (150 Euros) pour la première fois en 10 ans. L’augmentation de 20% des factures d’électricité et l’escalade criminelle des hausses du prix du gaz de cuisine, alors que Petrobras annonce une généreuse distribution de dividendes à ses actionnaires, sont des exemples de la véritable guerre de classe en cours dans le pays.

Dans le même temps, le toujours canaille Paulo Guedes ne déçoit pas et propose maintenant de distribuer aux affamés que son gouvernement multiplie les restes des restaurants.

La nécessité d’un PSOL indépendant et anticapitaliste

Ce samedi, avec toutes les protections sanitaires, un million sont descendus dans la rue. Parce que ce gouvernement et Bolsonaro sont bien plus dangereux que le virus, que contre les tentations putschistes de l’extrême droite, la meilleure défense est l’attaque, que c’est l’heure de la mobilisation populaire pour mettre un terme à ce gouvernement et imposer le « Dehors Bolsonaro ».

Dans ce contexte, il est illusoire de compter sur des arrangements avec les partis de la bourgeoisie et leurs appareils, qui ne voient dans la souffrance du peuple un argument électoral. Le Brésil a besoin d’un PSOL indépendant et anticapitaliste et offrir une alternative réelle aux jeunes, aux femmes et à tous les travailleurs.

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