Édition du 16 avril 2024

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Politique canadienne

Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne - De grâce, tenez-vous debout !

Par hasard, quelqu’un se soucie-t-il par les temps qui courent de ce qui se négocie en ce moment derrière les portes closes de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AÉCG) ?

Si vous êtes de ceux qui s’en remettent entièrement aux représentant-e-s élu-e-s pour suivre ce qui s’y trame, vous risquez d’être déçus et de constater que très peu s’en soucient. Le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC) a vite fait de mettre en lumière les perspectives de cette négociation et les impacts que cela risque d’avoir sur nos vies, notre environnement et notre santé, mais rien n’y fait. Et pour avoir moi-même multiplié les interventions auprès des élu-e-s sur cette question d’une importance capitale au cours des dernières semaines, l’indifférence de ces dernier-ère-s donne froid dans le dos.

Lorsqu’on regarde les enjeux dont il est question, il y a de quoi s’indigner. On y retrouve notamment une disposition de la protection des investissements inspirée du controversé chapitre 11 de l’ALÉNA, celle-là même qui donne aux entreprises le pouvoir d’entraver la création de lois gouvernementales qui seraient considérées comme des « obstacles au commerce », même si celles-ci ont été conçues dans l’intérêt public.

Ainsi, des secteurs aussi névralgiques que la distribution d’eau et l’environnement sont touchés. Par exemple, en vertu de cette disposition, une entreprise pourrait contester une règlementation qui viserait à protéger une richesse naturelle si elle considérait être lésée dans son droit au libre marché.

La santé et les médicaments sont aussi explicitement visés par les négociateurs européens qui veulent pénétrer ces marchés très lucratifs. Sous le coup de l’AÉCG, le système public de santé sera soumis aux nouvelles règles du marché. Quant aux médicaments, l’accord prévoit une prolongation des périodes d’exclusivité, ce qui aurait pour effet de retarder la mise en marché de médicaments génériques et ainsi faire exploser les couts des médicaments.

Je ne fais qu’un survol de ce qui est visé par l’AÉCG et ses conséquences. Mais déjà là, comment les élu-e-s de l’Assemblée nationale peuvent-ils continuer à dire que la négociation de traités internationaux est en dehors de leur juridiction ? Bien au contraire, on aborde lors de cette négociation des sujets très près de nous, des sujets dont ils se targuent d’être les défenseurs. Alors, comment ne pas avoir envie de leur crier haut et fort : de grâce, tenez-vous debout !

Régine Laurent

Présidente

Porte-parole officielle de la Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec.

Responsable : Communication-Information

Parcours syndical et professionnel

Diplômée du Collège du Vieux-Montréal en soins infirmiers

Infirmière depuis 1980 à l’Hôpital Santa Cabrini

Militante syndicale depuis 1984

Secrétaire au sein du comité exécutif de la FIQ de 1991 à 2001

Militante syndicale locale à l’Hôpital Santa Cabrini de 2001 à 2005

Présidente de l’Alliance interprofessionnelle de Montréal (AIM) de 2005 à 2009

Présidente de la FIQ depuis juin 2009

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