« Ce gouvernement ne trouve rien de mieux que de s’en prendre aux plus pauvres de la société alors qu’il n’hésite pas un instant à laisser les amis du régime s’en mettre plein les poches et s’en sortir sans conséquence comme on l’a vu avec la Société immobilière du Québec », s’est indignée Françoise David, porte-parole parlementaire de Québec solidaire.
Le programme Objectif emploi, qui impose des sanctions aux prestataires qui refusent de participer à des activités ou d’accepter un emploi, y compris de courte durée, contrevient à la Loi contre la pauvreté et l’exclusion, adoptée en 2002 à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Le Québec avait alors choisi de traiter ses citoyennes et citoyens avec justice, en reconnaissant que l’autonomie de chaque personne était fondamentale pour sortir de la pauvreté.
« Des gouvernements de différentes allégeances avaient coupé l’aide sociale de diverses manières, mais, de façon générale, ils n’avaient pas touché aux prestations de base. Le gouvernement actuel repousse cette limite », a expliqué Françoise David.
Québec solidaire a travaillé avec acharnement en commission parlementaire pour améliorer la proposition du gouvernement Couillard. Son ministre de l’Emploi et la Solidarité sociale, François Blais, s’est montré inflexible sur les pénalités financières.
« Nous nous opposons avec force à ce changement d’orientation majeur décrié par la totalité des organismes qui sont venus en commission parlementaire, sans compter 300 chercheurs et chercheuses universitaires », a-t-elle ajouté. « Nous estimons que le projet de loi 70 porte gravement atteinte à la dignité des personnes assistées sociales. Il tient pour acquis que l’État sait mieux que la personne pauvre ce qui est bon pour elle. Les arguments invoqués sont souvent condescendants ou paternalistes ».
Malgré l’entêtement de la majorité libérale, l’opposition a toutefois fait des gains modestes. D’abord, le programme Objectif emploi ne pourra pas s’appliquer à des catégories de prestataires autres que les premiers demandeurs. Ensuite, deux ans après sa mise en œuvre, l’application de la loi devra être évaluée. Les femmes enceintes pourront poursuivre un programme au-delà de 20 semaines et un refus d’emploi sera possible si le salaire net est en-deçà de ce que recevait une personne à Objectif-Emploi. « Cela si le ministre tient parole », d’ajouter Mme David, car il s’agit d’intentions règlementaires pour ces deux derniers points.
« Soyons clairs : le fait que la loi et les sanctions s’appliquent seulement aux primodemandeurs ne la rend pas plus acceptable. Nous nous y opposons avec la dernière énergie ! » a conclu Françoise David.