Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Apologie de Socrate

Un an plus tard

https://www.pressegauche.org/Platon-Apologie-de-Socrate-Resume

Il y a un an, jour pour jour, le Comité de rédaction de la revue Presse-toi à gauche ! acceptait de mettre en ligne le résumé que je leur proposais de l’ouvrage de Platon intitulé Apologie de Socrate (voir le lien ci-haut). Ce texte vient d’atteindre aujourd’hui même plus de 25 000 visites. Il s’agit là d’un résultat très enviable. À celles et ceux qui font circuler cet article, à celles et ceux qui l’ont lu, je tiens à vous remercier sincèrement. C’est incontestablement la consultation de certaines de mes chroniques qui m’a encouragé à m’investir dans l’écriture sur différents sujets qui m’interpellent en philosophie, en politique, en sociologie, en arts et j’en passe. Ce résultat m’a également incité à continuer à approfondir ma connaissance de la pensée de Platon en scrutant d’un peu plus près[1] ses écrits politiques. Au fur et à mesure que je passais au scribe certains de ses livres, je constatais qu’il est faux et un peu réducteur de dire que nous sommes en présence d’une démarche de type « idéalisme à tendance mystique ». Il y a certes des éléments de la pensée de Platon qui correspondent à ce biais identifié dans le Petit Robert 2. C’est quand même un peu court de passer sous silence ses écrits qui ont un caractère très concret. Ici, je pense entre autres choses au livre Les Lois. Platon a certes jeté les bases d’une Cité idéale, mais il ne faut jamais oublier qu’il a été un des premiers penseurs à assigner aux philosophes le devoir de s’engager dans la chose publique, que ce soit à titre de philosophe-roi ou de conseiller du roi. J’ignore ce que Platon aurait pensé de cette grande opposition étanche ou absolue que certainEs intellectuelLEs dressent entre la science (ou le savoir ou encore la connaissance) et la prise de position dans les débats de société à partir d’un point de vue éclairé. Pour ma part, il m’arrive de me demander à quoi au juste doit et peut servir la connaissance. J’y réponds comme suit : sûrement pas à nous maintenir dans un état d’ignorance. La philosophie que Platon pratiquait était incontestablement d’inspiration idéaliste, mais elle avait aussi un côté qui s’assignait pour objectif de changer le monde. Chez Platon, la connaissance qui découle de la dialectique (l’art de la réfutation) a pour finalité en politique rien de moins que la pratique ou l’atteinte de la Justice. Vingt-cinq siècles plus tard, nous débattons encore autour de cette valeur cardinale qui a pour nom la Justice. D’où, selon moi, l’importance de s’intéresser aux écrits d’un des premiers grands maîtres à penser du monde occidental qui a réfléchi sur cet enjeu central à notre vie en société. En période de pandémie ou non, la connaissance, issue d’un cheminement critique en lien avec une interrogation fondamentale, a indiscutablement un rôle à jouer dans le processus de prise de décision.

Un immense merci également au Comité de rédaction de la revue Presse-toi à gauche ! pour cette grande ouverture à mettre en ligne des textes qui ont un caractère un peu philosophique et qui vont au-delà de l’actualité. À ce sujet d’ailleurs nous sommes en droit de nous poser la question suivante : qu’est-ce que l’actualité sans le recul qui vient avec la pratique de la philosophie ? Réponse : probablement un banal événement dépouillé de ses conséquences à moyen ou long terme. Un événement appelé à se répéter sans fin, au profit de qui et de quels intérêts ? L’actualité, privée d’un recul philosophique, correspond à un artifice, à de la poudre aux yeux. Une vie sociale et politique dans laquelle les événements sont vécus sans se donner la peine de les soumettre à l’examen de la pensée critique est une vie vide de sens !

Yvan Perrier

15 septembre 2021

9h20

yvan_perrier@hotmail.com

[1] Certains des textes publiés au sujet de Platon ont été rédigés conjointement avec Guylain Bernier.

Mots-clés : Edition du 2021-09-21
Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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