Édition du 29 avril 2025

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Italie

Berlusconi échappe à la démission, pas à la crise politique

Les jours précédant le scrutin, la presse italienne a amplement décrit les tentatives d’achat de voix de la part d’émissaires du président du conseil. Des charges, des postes ou des avantages en nature auraient été offerts aux élus les plus chancelants pour les faire tomber du bon côté au moment du scrutin.

Silvio Berlusconi a sauvé son gouvernement et son poste de président du conseil, mais la crise politique continue en Italie. En rejetant – pour trois voix de majorité, 314 à 311 – une motion de censure à la Chambre des députés, la majorité a fait échec à la stratégie de Gianfranco Fini, président de l’Assemblée nationale – allié aux centristes –, qui voulait contraindre le premier ministre à la démission et favoriser la formation d’un nouveau gouvernement.

Le succès sur le fil de M. Berlusconi est principalement dû au vote de quatre députés qui n’ont pas suivi les consignes de leur parti en votant la confiance au gouvernement. Il s’agit de Catia Polidori, Maria Grazia Squilini, toutes deux membres du nouveau parti de M. Fini, Futur et liberté pour l’Italie (FLI), de Massimo Calearo (venu des rangs du centre gauche) et de Domenico Scilipotti, qui militait jusque-là au sein de l’Italie des valeurs, dirigé par Antonio Di Pietro, le plus acharné des adversaires de M. Berlusconi.

Les jours précédents le scrutin, la presse italienne a amplement décrit les tentatives d’achat de voix de la part d’émissaires du président du conseil. Des charges, des postes ou des avantages en nature auraient été offerts aux élus les plus chancelants pour les faire tomber du bon côté au moment du scrutin.
"Je m’y attendais, je suis serein comme je l’ai toujours été", a commenté à chaud M. Berlusconi. "Le gouvernement va de l’avant", a déclaré Franco Frattini, le ministre des affaires étrangères. Reconnaissant que la victoire à l’Assemblée était "courte", il a rappelé la promesse faite lundi par le Cavaliere d’ouvrir le gouvernement aux plus "modérés" des "finiens" et des centristes.

"Mieux vaut aller aux urnes"

Immédiatement après leur vote en faveur du président du Conseil, Mmes Polidori et Squilini ont été reçues par celui-ci. Les centristes et les proches de M. Fini ont déjà rejeté l’hypothèse d’entrer dans un nouveau gouvernement.
Mais cette victoire au finish ne devrait pas permettre la stabilité de l’exécutif. Dans un pays où "les changements de casaques" sont fréquents, les trois voix de majorité dont dispose M. Berlusconi ne devraient pas lui permettre de gouverner.

"Cela ne change rien", explique Pier Luigi Bersani, le secrétaire du Parti démocrate (centre gauche). "Dans ces conditions, mieux vaut aller aux urnes", analyse Umberto Bossi, le patron de la Ligue du Nord, le principal et puissant allié de M. Berlusconi. En janvier 2008, Romano Prodi, président du conseil de centre gauche, qui disposait d’une courte majorité au Sénat, n’avait pas été mesure de poursuivre son mandat.

Reste le cas de Gianfranco Fini. Défaite retentissante ou en demi-teinte ? Le président de l’Assemblée nationale dont plusieurs élus ont demandé la "démission" essuie le premier échec depuis la mise en place en juillet de sa stratégie de scission. Les deux défections dans ses troupes sont la preuve que ses fidèles ne sont pas tous prêts à la suivre dans sa stratégie. Mais il peut également se satisfaire d’avoir fait trembler jusqu’au bout le premier ministre et de gêner à l’avenir l’exercice de son pouvoir.

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