Édition du 29 avril 2025

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Sid Ryan : Cette élection a été un désastre pour le NPD et les syndicats

La voix de millions de syndiqués a honteusement manqué lors de cette élection

Le résultat de l’élection fédérale a été un désastre pour le NPD, mais aussi une catastrophe pour l’ensemble du mouvement syndical. Il y a quelque chose de profondément défaillant dans le message que les syndicats transmettent à leurs membres. En ce jour, les sonnettes d’alarme devraient résonner au Congrès du travail du Canada et dans toutes les autres fédérations syndicales du pays.

30 avril 2025 | Canadian Dimension
https://canadiandimension.com/articles/view/sid-ryan-this-election-was-a-disaster-for-the-ndp-and-unions

Comment expliquer que les conservateurs aient remporté tous les sièges dans le corridor Hamilton-Windsor — le cœur industriel du pays ?

Manifestement, soit les syndiqués n’écoutent plus du tout leurs dirigeants syndicaux, à tous les niveaux du mouvement, soit les syndicats ont perdu la capacité de communiquer efficacement avec leur propre base.

Le NPD, de son côté, a eu tort de croire qu’il suffisait de s’adresser à une poignée de leaders syndicaux pour obtenir un succès électoral. Les conservateurs leur ont damé le pion en parlant le langage des travailleurs et en allant à leur rencontre sur leurs lieux de travail. Ce virage dans la stratégie conservatrice a commencé sous Erin O’Toole, s’est poursuivi avec Doug Ford et a été amplifié par Pierre Poilievre. Le mouvement syndical et le NPD n’ont rien fait, ou presque, pour contrer cette évolution.

En pleine campagne électorale, les Conservateurs ont publié une déclaration de politique indiquant clairement leur intention de mettre fin à la formule Rand et d’introduire des lois sur le droit au travail au Canada. De manière stupéfiante, le CTC (Congrès du travail du Canada) est resté pratiquement muet face à cette menace existentielle. C’était une occasion en or pour le mouvement syndical organisé de s’impliquer directement dans l’élection, mais il a raté le coche. La seule façon pour les conservateurs de faire une razzia dans le corridor Hamilton-Windsor, c’était que des métallos, des ouvriers de l’automobile, des enseignants, des travailleurs de la construction et des employés du secteur public votent massivement pour leurs candidats. Rappelons que cela s’est produit alors que les emplois dans l’automobile et la sidérurgie étaient menacés par les tarifs imposés par Donald Trump, et au moment même où Poilievre laissait entendre qu’il sabrerait massivement dans les services publics et les postes.

En 2014, lorsque le chef conservateur Tim Hudak a proféré des menaces similaires en Ontario, la Fédération du travail de l’Ontario avait mobilisé les syndiqués à travers la province et joué un rôle majeur dans sa défaite.

Les 54 syndicats membres du CTC doivent se remettre sérieusement en question et se demander comment un parti politique de droite peut aujourd’hui exercer plus d’influence sur leurs membres qu’eux-mêmes. À l’heure actuelle, le mouvement syndical ressemble davantage à une simple agence de perception de cotisations sans idéologie politique. Il est impératif que l’organisation se ressaisisse. Elle ne peut continuer à fonctionner avec une base divisée entre le NPD, les libéraux, les conservateurs et le Bloc québécois. La voix de 3,4 millions de syndiqués et de leurs familles a honteusement été absente de cette élection.

Quant au NPD, le message est clair : soit il retourne à ses racines, celles de la Fédération du Commonwealth coopératif (FCC), et à sa raison d’être — représenter les intérêts des travailleurs et de leurs familles —, soit il plie bagage et rejoint les libéraux.

De plus, les bureaucrates centristes qui détiennent le pouvoir au sein du parti depuis deux décennies doivent être écartés et le parti reconstruit de fond en comble.

Dans les années 1960, la FCC et le CTC avaient uni leurs forces pour former un nouveau parti politique : le NPD. Les deux organisations doivent aujourd’hui retrouver cet esprit de combat pour redevenir une force politique. Sinon, elles dépériront et sombreront dans l’insignifiance et l’oubli.

Sid Ryan est l’ancien président de la Fédération du travail de l’Ontario.

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