Édition du 11 novembre 2025

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États-Unis

Comment les États-Unis ont encore une fois tourné le dos au reste du monde

Nous sommes le 23 septembre 2025 et il est à peu près 9 heures quand le président Donald Trump s’apprête à prononcer son discours devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies.

Un discours qui va durer une heure alors que les dirigeants sont normalement limités à 15 minutes. Un discours qui illustre l’obscurantisme dans lequel plongent les États-Unis depuis plusieurs années. Un discours, qui au sein même d’une institution ayant servi et servant pour des appels à la paix, à la sécurité et à la coopération, témoigne de l’abandon du rôle que les États-Unis prétendaient occuper dans le monde.

Enfin, un discours au travers duquel Trump révèle, une bonne fois pour toutes, une stratégie
politique qui montre que les États-Unis ont tourné le dos à la communauté internationale.

Depuis 2016 et son arrivée au pouvoir, Trump exacerbe la position ambigüe déjà toute tracée des États-Unis en ce qui concerne le multilatéralisme et la coopération internationale. Il n’en a que faire. Son slogan «  Make America Great Again  » est la parfaite illustration de sa volonté et tout cela est complètement retranscrit dans son discours. Certes, critiquer les Nations Unies, ce n’est pas une nouveauté, on se souvient, en ce sens, de certains discours d’anciens présidents américains qui ont critiqué son action. Pour autant, en le faisant d’une façon si frontale et directe, le président Trump est en rupture totale avec le passé dont il hérite. Un petit cadre historique nous permet de mieux comprendre cela.

En effet, la création des Nations Unies est intimement liée à l’histoire des États-Unis. L’idée de l’institution qui naît à la fin de la Seconde Guerre mondiale provient directement du travail des présidents Truman et Roosevelt. C’est à San Francisco, en 1950, que la Charte des Nations Unies est rédigée.

Depuis maintenant plusieurs années, l’administration Trump, que ce soit durant son premier ou son second mandat, réduit drastiquement ses engagements internationaux en se retirant de nombreuses institutions et traités en vigueur. On pense ici au retrait des accords de Paris, au retrait de l’Organisation mondiale de la Santé annoncé le 20 janvier dernier et en somme, au blocage du fonctionnement de l’organe d’appel de l’OMC. En prenant de telles positions, les États-Unis affaiblissent considérablement les actions et les effets de ces institutions et de ces traités, mais en contrepartie c’est aussi une diminution incontestable de leur poids sur la scène diplomatique. De nouvelles puissances telles que certains blocs régionaux comme les BRICS ou l’Organisation de coopération de Shanghai tentent de combler le vide diplomatique que laissent les États-Unis.

Il n’est pas question, ici, de décrire le discours du président qui me semble assez clair et
compréhensible. Il est nécessaire de comprendre que les idées véhiculées dans son discours
nous donnent les clefs pour comprendre le positionnement des États-Unis sur la scène internationale. Un positionnement qui envoie un message qu’on peut qualifier d’inquiétant
envers leurs alliés. Si Trump semble entretenir des relations avec de nombreux chefs d’États européens, il ne se cache pas de les critiquer de manière très vive en allant même jusqu’à dire, en parlant d’immigration, « vos pays sont en train d’aller en enfer » durant son discours. Pour lui c’est une mise en garde. En réalité, c’est un ultimatum posé aux pays européens qui transforme la coopération en soumission. Aujourd’hui, compter de manière stable sur les États-Unis est un pari risqué.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les différentes administrations américaines se sont servies du multilatéralisme et de l’unilatéralisme comme des outils diplomatiques, de manière opportuniste et pour servir leurs propres intérêts. Trump continue dans cette lignée, ce qui nous amène à nous demander si l’on ne se dirige pas petit à petit vers un monde sans voir contre les États-Unis ?

Il est évident que personne ne peut nier l’état catastrophique dans lequel est l’Organisation
des Nations Unies. Son impuissance dans les différents conflits actuels illustre cela. Trump
n’oublie d’ailleurs pas de critiquer ouvertement ce manque d’efficacité. Mais, comment expliquer cette inefficacité ? On peut mentionner plusieurs choses que le président omet de
dire. Tout d’abord, les États-Unis n’ont toujours pas payé leur part pour contribuer au budget de l’ONU depuis l’arrivée du président en janvier alors qu’ils sont les premiers contributeurs à hauteur de 22 %. C’est aussi ce même pays qui paralyse à de nombreuses reprises l’action du Conseil de sécurité pour la guerre à Gaza en utilisant le droit de veto à chaque fois. Trump semble dire qu’il soutient à 100 % l’action des Nations Unies. En réalité, ce n’est absolument pas le cas. La responsabilité des États-Unis est grande pour expliquer la paralysie et l’inaction de l’organisation

En outre, c’est un discours pénible et complètement décousu que nous offre le président Trump. Un discours rempli de contradictions et qui illustre le rejet unanime de toutes formes de coopération internationale des États-Unis. Pour autant, c’est un discours qui a de lourdes conséquences. Le reste du monde a la possibilité de se mobiliser et de s’unir en créant des coalitions indépendantes de l’emprise des États-Unis. C’en est même un devoir.

Les États-Unis ne peuvent se comporter d’une telle manière sans en subir les conséquences.

Ignorer les défis mondiaux en revient à tomber dans une forme d’obscurantisme qui ne doit
pas être le choix des autres nations. La crise du multilatéralisme ne peut être une fin en soi
et invite les pays du reste du monde à trouver de nouvelles manières de coopérer. Trump semble convaincu que les États-Unis n’ont jamais été autant au sommet sur de nombreux points.

Bien au contraire, la journée du 23 septembre restera gravée dans les mémoires comme le jour où les États-Unis ont définitivement tourné le dos au reste du monde.

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