En menaçant de décote la Caisse de dépôt, les agences de notation ne font que manifester avec arrogance la volonté du capital financier d’imposer ses politiques et de nier la souveraineté populaire du Québec sur ses propres institutions [1]. Le contrôle de l’Assemblée nationale sur la Caisse de dépôt doit être réaffirmé. Les appels de Bachand à défendre l’indépendance de la Caisse de dépôt font de ce dernier un porte-parole du capital financier canadien et étranger contre les intérêts du Québec. Pareille servilité de la part d’un candidat à la chefferie du Parti libéral du Québec ne saurait nous étonner.
L’Alliance sociale demande le report de l’échéance fixée par le gouvernement pour l’atteinte du déficit zéro et l’ouverture d’une discussion sur la fiscalité. C’est trop peu. Il faut opposer à la politique gouvernementale une réforme radicale de la fiscalité pour s’attaquer aux inégalités et à la concentration de la richesse dans les mains des plus riches. Il faut dans la période de récession qui s’installe des investissements publics pour favoriser la reprise de l’emploi. Des politiques d’austérité dans des périodes de recul de l’activité économique aggravent les dynamiques récessionnistes. L’expérience européenne en fournit de nombreuses preuves.
Il faut dès maintenant lancer une campagne contre l’austérité budgétaire et pour la transition écologique. Cette campagne viserait à gagner la majorité populaire au Québec à la nécessité pour le gouvernement de s’engager dans des investissements publics répondant aux besoins et sociaux et dans la transition écologique en injectant des fonds publics dans les énergies renouvelables, les transports publics, le logement et l’eau. Il s’agit de revenir à une maîtrise à 100 % publique des entreprises du secteur de l’énergie, dans l’éolien comme dans toutes les autres formes d’énergies renouvelables.
Cette campagne viserait à démontrer la nécessité de rendre permanent le moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste et d’étendre ce moratoire à l’exploitation du pétrole dans le golfe St-Laurent, exploitation qui nous prépare des désastres pour demain.
Ce n’est qu’en favorisant la convergence des luttes des salariéEs, que les organisations syndicales, populaires, féministes et étudiantes pourront faire reculer le gouvernement péquiste sur ses politiques d’austérité. L’ensemble de la gauche politique doit saisir l’urgence d’une telle campagne et être à l’initiative de sa promotion.
Il est moins temps que jamais de se mettre sur un mode attentiste et de penser que le gouvernement en place, un gouvernement minoritaire sous influence des partis néolibéraux, pourra rompre avec une logique néolibérale, sans la mobilisation la plus unitaire et la plus ample possible des mouvements sociaux du Québec.
Pour inverser la logique des politiques néolibérales, pour sortir de la crise, pour imposer une autre répartition des richesses, pour enclencher un processus de transformation sociale et environnementale, une telle campagne devra viser à s’inscrire dans la perspective de la construction d’un véritable front commun politique, social et populaire durable qui, d’une part, s’appuiera sur la mobilisation sociale et qui, d’autre part, visera à faire élire un gouvernement prêt à mener une autre politique que le gouvernement actuel, un véritable gouvernement solidaire.
Notes
[1] voir, Le Devoir, Indépendance ou décote, 13-11-2012
