Depuis que le New York Times a révélé, en avril 2012, que Wal-Mart aurait recouru à des pots-de-vin, c’est la première fois que le sommet de l’entreprise est directement impliqué dans cette affaire. Ce qui nous a valu un éclair de lucidité de la part d’une porte-parole de Wal-Mart, pour qui ce nouveau rebondissement « laisse la mauvaise impression que nos communiqués publics sont contredits par l’information publiée aujourd’hui ».
C’est bien le problème, car, jusqu’ici, la direction de Wal-Mart a toujours joué les étonnées, tout en promettant de coopérer au maximum avec les enquêteurs pour que la lumière soit faite. C’était bien le minimum par rapport à la gravité des accusations. Il ne s’agit pas en effet de quelques billets destinés à accélérer l’obtention d’un permis de construire ou d’une façon de se fondre dans un quelconque folklore local. Non, selon le New York Times, il est question d’une stratégie très élaborée afin de contourner la loi et d’évincer les rivaux en faisant appel à des officines extérieures pour qu’on ne remonte pas au sommet de l’entreprise.
Depuis, ça tombe comme à Gravelotte : mi-novembre, on apprenait que des soupçons de corruption concernaient également le Brésil, la Chine et l’Inde. Dans ce dernier pays, une semaine plus tard, Wal-Mart décidait de mettre à pied son directeur financier et plusieurs auditeurs. Le 19 décembre, le nombre de magasins impliqués au Mexique passait à 19.
Wal-Mart n’est donc pas au bout de ses peines et le sait. Dès mai, le groupe avait fait part de ses craintes à la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, en expliquant, dans une jolie formule, que ses dirigeants pourraient consacrer du temps à cette affaire au détriment de la gestion du groupe. Pour certains d’entre eux, cela pourrait même devenir un job à plein temps.