Les propos tenus au cours de la conférence de presse d’aujourd’hui suscitent davantage d’inquiétude. Incapable de nommer les municipalités qui s’approvisionnent dans le fleuve qui seraient touchées par le panache de contamination, la Ville pouvait néanmoins assurer qu’elles ne « seraient pas affectées ». La question de dériver les eaux pendant les travaux a été esquivée en mentionnant qu’il en coûterait 1 milliard $ si on doublait toute la tuyauterie sur l’Ile !
Et pour illustrer que l’impact du déversement serait négligeable, il a été mentionné que la situation était pire il y a 30 ans, tout en argumentant qu’il s’agit de seulement 1 % du volume total d’eaux usées traité à la station d’épuration en une année, soit 8 millions de mètres cubes d’eaux d’égouts avec tous les contaminants imaginables. La Ville n’a rendu disponible aucun document « intelligible » : absence de rapport, de plans de localisation des débordements, d’explications sur la nature des « travaux », etc. L’autorisation obtenue du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques n’a pas été remise et le Ministère était absent de la conférence de presse.
La Ville a mentionné que 30 kilomètres d’intercepteur qui longent la rive sud de l’Ile devaient être asséchés pour pouvoir y marcher pour des raisons de sécurité pour les travailleurs (et non pour exécuter l’essentiel des travaux). N’aurait-il pas été possible de prendre d’autres mesures de sécurité avec des équipements appropriés, voire des équipements de plongée, avec des points d’attaches, paliers de travail ou autres moyens ? Pourquoi déborder pendant sept jours la totalité des 30 kilomètres, de Ville LaSalle jusqu’à Rivière-des-Prairies, alors que les travaux sont situés à 20 kilomètres dans le Vieux-Montréal ?
La Fondation Rivières considère encore que la Ville n’a pas identifié toutes les mesures possibles pour réduire les impacts, tel un pompage temporaire des eaux, une conduite temporaire ou l’utilisation de méthodes de construction particulières. Rien n’indique le coût de telles mesures de mitigation, ni d’ailleurs le coût qu’occasionnerait cette méga-pollution dont les effets demeureront pendant des années et s’étendant jusqu’à la Réserve de la biosphère du Lac-SaintPierre de l’UNESCO. Le fleuve ne peut diluer les matières plastiques qui s’accumuleront sur ses rives pendant des années.