Édition du 16 avril 2024

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Déportations en République Dominicaine : la mission de l'OEA a donné son rapport !

La délégation de 5 membres de l’Organisation des États Américains (OEA) conduite par le Secrétaire aux questions juridiques des Affaires Politiques de l’OEA, le mexicain Francisco Guerrero ; Frédéric Bolduc, Représentant de l’OEA en Haïti ; Gabriel Bidagain, Conseiller du Secrétaire Général ; Steven Giner, Spécialiste principal et Rebeca Omana, Spécialiste au Secrétariat des Affaires Politiques qui avait le vendredi 10 juillet 2015 visité la République dominicaine et le lendemain Haïti pour recueillir des informations sur la crise migratoire a remis son rapport et a fait valoir que « des personnes risquent de se retrouver sans aucune nationalité reconnue ».

Tiré du site du journal Haïti Liberté, Vol. 9 • No. 4 • du 5 au 11 Août 2015.

Par cette démarche, l’OEA s’engage à faciliter le dialogue dans la recherche d’une solution à la crise migratoire. C’est dans cette perspective que ses experts ont formulé ces 5 recommandations ci-dessous aux autorités haïtiennes et dominicaines impliquant la reprise du dialogue entre les deux états. Il s’agit de :

1- Faciliter le dialogue entre les deux pays. Elle recommande d’organiser une rencontre entre les deux pays à l’endroit le plus approprié et qui serait accepté par les deux parties.

2 - Que l’OEA facilite le dialogue avec les deux pays, dans le but de trouver des voies menant à la résolution des difficultés actuelles.

3 - Établir un mécanisme d’entente, dans le cadre des normes internationales, qui permette le déplacement de personnes entre les deux pays.

4 - Utiliser les bons offices de l’OEA afin de renforcer les processus d’enregistrement en cours, en particulier en ce qui concerne le Programme d’Identification et de Documentation des Immigrants Haïtiens, par le truchement du Programme d’universalisation de l’identité civile dans les Amériques ---“PUICA”--- de l’OEA.

5 - Demander aux autorités nationales ainsi qu’à la communauté internationale de chercher des mécanismes destinés à aider les personnes déplacées, en particulier les plus vulnérables.

Alors que les autorités gouvernementales haïtiennes semblent satisfaites du rapport de la mission – pour paraphraser l’Ambassadeur d’Haïti auprès de l’Organisation des États Américains (OEA), Edmond Bocchit « Haïti se félicite des recommandations présentées dans le rapport de la mission, qui met l’accent sur le dialogue et réaffirme sa position pour la mise en place d’un mécanisme de compréhension entre les deux États et la prise en compte des normes internationales afin de mieux gérer le processus de rapatriement des haïtiens vivant en situation migratoire irrégulière en République Dominicaine » – la République voisine pour sa part, par le truchement du chancelier dominicain, Andres Navarro, a pourtant catégoriquement rejeté l’offre de médiation de l’OEA. Mais en prenant la précaution de souligner que « le gouvernement dominicain a fait connaitre sa position sur le dialogue, mais n’a pas eu de contact officiel avec les autorités haïtiennes ». Le plus grand souci du chancelier dominicain est la mobilisation populaire internationale dénonçant le racisme des descendants de Raphael Leonidas Trujillo, il l’exprime en ces termes « Le respect mutuel signifie que vous mettez un terme aux campagnes négatives en cours contre la République dominicaine » 

Le secrétaire exécutif de la POHDH, Antonal Mortimé, pour sa part, se dit également d’accord avec les recommandations qui encouragent les deux partis à prioriser le dialogue en vue d’une meilleure gestion de la crise.

Par ailleurs, cette semaine, dans un communiqué de presse, un haut cadre des Nations-Unies Mireille Fanon Mendès-France, qui dirige actuellement le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine de l’ONU, recommande à la République dominicaine d’arrêter ses expulsions arbitraires de personnes et à prendre des mesures pour lutter contre la discrimination et l’exclusion sociales : « Les migrants sont en droit d’être protégés et les Dominicains d’origine haïtienne ont le droit de résider en toute sécurité sur le territoire, de même que les enfants nés en République dominicaine et légalement enregistrés ».

« La République dominicaine ne reconnaît pas l’existence d’un problème structurel lié au racisme et à la xénophobie, mais elle doit aborder ces questions en priorité pour libérer le pays de la tension et de la peur ; ce qui a abouti à une situation où les personnes d’ascendance haïtienne sans documents quittent le pays pour éviter les expulsions brutales », a affirmé Mme Mendès-France.

Il est évident de souligner que depuis le 3 août 2015, le délai accordé par les autorités dominicaines pour la régularisation des étrangers en situation irrégulière a pris fin. Est-ce dans cet esprit que le samedi 1er août des centaines de dominicains regroupées au sein du mouvement « Los Hijos de Duarte y Patria Duartiana » se sont manifestées devant le monument « Altar de la Patria » à Santo Domingo pour exiger l’expulsion des haïtiens illégaux, qui vivent en République dominicaine ? Ils demandent au Président Danilo Medina de ne pas donner plus de chance aux immigrants illégaux et exigent que soit lancé sans délai, le processus d’expulsion. « Si nous ne voyons pas les bus de la migration lundi (3 août 2015) à Villa María, Los Guandules, Villas Agrícolas, La Ciénaga, Villa Mella, Manoguayabo, Sabana Perdida et d’autres zones habitées par des centaines d’illégaux, nous irons, armés de bâtons et de machettes et nous sortirons tous les clandestins qui y sont installés » a déclaré Julio Acosta, l’un des manifestants. « Le Gouvernement doit expulser toutes les personnes qui ne se sont pas qualifiées au Plan de Régularisation » a déclaré Yoryi Sánchez un autre protestataire.

Les manifestants ont également demandé au Président Medina, d’interdire l’entrée sur le territoire dominicain aux femmes enceintes haïtiennes, qui utilisent les hôpitaux dominicains pour donner naissance à leurs enfants « Nous refusons que le pays continue de recevoir par humanisme, des femmes haïtiennes pour accoucher dans nos hôpitaux, parce que le Président haïtien dit que les enfants nés en République Dominicaine, ne sont pas des Haïtiens, en violation de sa propre Constitution » a indiqué Gladys Felix un membre de ce mouvement revendicatif, ajoutant que jusqu’à présent le Gouvernement dominicain avait été trop tolérant avec les haïtiens...

Ainsi le 31 juillet 2015, le secrétaire général de la Caricom, Irwin LaRocque, déclara que le Vatican pourrait jouer un rôle majeur dans cette crise migratoire entre Haïti et la république dominicaine.

Isabelle L. Papillon

Journaliste pour l’hebdomadaire Haïti Liberté.

http://www.haiti-liberte.com/

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