Édition du 26 mars 2024

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Des propos indignes du maire d'une grande ville (SCFP)

QUÉBEC, le 31 oct. 2012 - Chassez le naturel et il revient au galop, dit l’adage. Une fois de plus, le maire Régis Labeaume y est allé d’une diatribe à l’endroit des employés de la deuxième plus grande ville du Québec. Pour les représentants syndicaux des cols bleus, de tels propos sont tout simplement indignes de la fonction qu’il occupe.

« On peut comprendre, a-t-il ajouté, que le maire soit frustré de tous ses revers juridiques face aux cols bleus. Mais de notre côté, nous n’avons pas l’intention de le suivre sur cette voie et de proférer des insultes à tout vent. On va laisser ça au maire qui semble vouloir en faire sa marque de commerce. »

« Que le maire s’en prenne à notre syndicat ou aux syndicats en général, c’est une chose. Mais quand il directement s’attaque aux salariés, aux employés eux-mêmes, il dépasse les bornes, a commenté le président du syndicat des employés manuels (SCFP 1638), Marc-André Dufour. Le maire devrait se montrer digne de sa fonction. »

En ce qui concerne les deux employés visés par les propos du maire, il appert que les deux absences sont pleinement justifiées. Un des deux employés est maintenant en arrêt de travail pour une semaine sur ordre de son médecin. Quant à l’autre, il avait été incapable de compléter son quart de travail samedi en raison de ses malaises (la veille de l’absence dénoncée par le maire). Le contremaître responsable était d’ailleurs bien au fait de l’état de santé de ce dernier employé. D’autre part, au plus tard dimanche matin, la Ville savait que les deux employés en question ne pourraient assumer leurs quarts qui commençaient respectivement à 15 et 16 heures.

Du côté syndical, on se demande ce que cherche le maire en jetant constamment de l’huile sur le feu. « Soit il ne contrôle pas ses émotions et son caractère, soit il cherche délibérément l’affrontement avec les cols bleus. Mais dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas glorieux », a ajouté le président du syndicat affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Non sans humour, du côté syndical, on se dit qu’on « va maintenant attendre le moment où le maire va présenter ses excuses pour mieux recommencer le lendemain ».

Négociations retardées

Prévue pour ce matin, la séance de négociation entre la Ville de Québec et les cols bleus a été annulée, en raison de la tempête médiatique. « Nous avons avisé la conciliatrice que nous ne pourrions être à la table des négociations ce matin, a précisé le négociateur et conseiller syndical Eddy Jomphe, ajoutant du même souffle que « le tout va se poursuivre demain comme cela était prévu ; nous pouvons difficilement vous répondre à vous les médias et être à la table en même temps. »

Toujours en négociation

Les cols bleus sont au nombre d’environ 1350 et n’avaient pas exercé de droit de grève depuis plus de 25 ans.

Les rencontres de négociation entre les parties ont repris en septembre et se déroulent en présence d’une conciliatrice du ministère du Travail.

Depuis le 24 mai, les cols bleus sont en grève légale des heures supplémentaires, le tout encadré par les dispositions légales sur les services essentiels. Ils sont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2010. Les négociations entre les cols bleus et la Ville de Québec ont commencé en février 2011. En novembre 2011, les cols bleus ont demandé l’intervention d’un conciliateur du ministère.

Rappelons que les pourparlers entre les parties s’étaient rompus abruptement le jeudi 12 avril quand les cols bleus avaient découvert une note interne du directeur général de la Ville préfigurant des compressions à grande échelle. Tout en reconnaissant l’existence de ce document, le maire Labeaume en avait minimisé l’importance disant qu’il ne s’agissait que du travail « d’un fonctionnaire », rien de plus qu’un « document de travail ». Le 17 avril, la Ville a tout de même procédé à la mise à pied de 162 employés auxiliaires.

Cette manœuvre avait été contestée devant la CRT qui avait conclu qu’il s’agissait d’un lock-out illégal et de représailles à l’endroit des syndiqués
(http://www.crt.gouv.qc.ca/uploads/tx_crtdecisions/2012_QCCRT_0198_01.pdf). Tout en notant que la population n’avait pas reçu les services auxquels elle était en droit de s’attendre, la CRT avait ordonné le retour au travail des 162 auxiliaires.

Le 17 avril, plus de 950 employés cols bleus ont participé à un vote secret et ont accordé à leur direction syndicale le mandat de déclencher la grève au moment jugé opportun.

Autre revers pour la Ville

Le 9 octobre 2012, un arbitre du travail a donné raison au syndicat des cols bleus dans un litige concernant la sous-traitance d’une partie de la cueillette des ordures ménagères. La décision porte, entre autres, sur l’application de la clause 23.02 du contrat de travail collectif des cols bleus. Cette clause stipule que « l’employeur s’engage à maintenir la quantité de travaux actuellement effectués par les employés ».

Voici quelques extraits de la décision arbitrale. La sentence arbitrale peut être consultée dans son intégralité à l’adresse http://www.scfp.qc.ca/librairies/sfv/telecharger.php?fichier=19598 .

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