Édition du 26 novembre 2024

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Santé

Devrions-nous faciliter l'inclusion de médecins étrangers dans notre système de santé ?

Le 6 septembre dernier, sur les pages du journal le Devoir, j’ai abordé la question des médecins de famille au Québec. J’aimerais maintenant parler du rôle que les médecins étrangers pourraient jouer dans le système de santé du québécois.

Cuba envoie ses docteurs en mission un peu partout dans le monde, notamment dans les pays en voie de développement, de l’Amazonie à l’Afrique. Un ami médecin cubain qui était en mission au Brésil m’a dit que les médecins à Cuba sont déjà très bien formés pour parler l’anglais. En outre, ils reçoivent une formation en immersion totale, afin d’avoir une connaissance de base de la langue parlée dans le pays où ils se rendront dans les mois à venir.

Lors de la première et dramatique vague du Covid, la région de la Lombardie en Italie du Nord, qui a l’un des meilleurs systèmes de santé du pays, a dû faire appel à une "brigade" de médecins cubains experts en maladies infectieuses. La Lombardie, l’une des régions les plus riches d’Europe, dont le chef-lieu est Milan a une des bourses des affaires parmi les plus importantes du monde, une région gouvernée par la droite fortement anti-communiste, demande de l’aide à un pays pauvre et communiste, dont l’économie est étranglée par 62 ans d’embargo. Quel Paradoxe !

De même, ces derniers jours, la région de l’Italie du Sud, la Calabre (qui est beaucoup plus pauvre que la Lombardie) a fait appel à 500 médecins spécialistes, également cubains, pour combler la pénurie dans les hôpitaux, le temps nécessaire pour recruter des docteurs italiens, car vu que les procédures de recrutement de nouveaux employés en Italie sont un peu lentes, il faut lancer un appel d’offres.

Il est dommage que le Québec , ou le Canada, n’ait pas fait la même chose lors de la crise dans les CHSLD (il a préféré lancer un appel contesté aux spécialistes québécois qui étaient occupés ailleurs) ou récemment face à la pénurie de médecins dans des communautés autochtones dans le nord comme l’a rapporté Radio Canada.

C’est clair que faire appel aux médecins cubains doit être considéré comme un dernier recours, un remède à court terme, pour éviter la scandaleuse fermeture temporaire de certaines urgences au Québec. Un ami qui travaille pour le compte de Médecins sans frontières m’a dit que les médecins cubains sont parmi les meilleurs à travailler dans des contextes difficiles, face aux épidémies, aux cataclysmes et dans les urgences.

Puis, je me demande. C’est encore tabou de réévaluer le salaire des médecins au Québec ? Selon le journaliste de La presse, Francis Vailles, qui cite les recherches de l’économiste et ex-chroniqueur Alain Dubuc, les médecins du Québec sont parmi les mieux payés au Monde et plus qu’en France. Ce que je veux dire c’est qu’un couple de docteurs de Paris (qui quand-même sont considérés comme très fortunés) gagne moins qu’un couple de docteurs de Trois-Rivières, pourtant selon le classement établi par le magazine britannique The Economist, Paris se classe deuxième sur la liste des villes les plus chères du monde en 2021.

Certains au Québec craignent que si on réduit le salaire des médecins québécois, une partie d’entre eux (à mon avis une très faible minorité) quitterait la province. Si cela était vrai, la solution serait de les remplacer par des médecins formés à l’étranger. En effet, même si on réduit de 8% - 10 % le salaire d’un médecin au Québec, ce salaire resterait toujours plus élevé, et donc plus attractif, que celui perçu en France et en Belgique ou, encore plus, à Cuba. L’avantage d’avoir recours à des docteurs français et belges, c’est qu’ils sont francophones. Mais l’entrée des médecins étrangers dans notre système nécessite un parcours long et complexe, il faudrait donc la faciliter.

En Italie et en France, face à un système de santé comptant peu de médecins de famille et à la fermeture temporaire des urgences, une grève générale serait déjà déclenchée. Au Québec, les syndicats interviennent juste pour défendre les droits de leur travailleurs syndicalisés. C’est juste, mais les syndicats, tous ensemble, devraient également manifester lorsque les droits et principes sociaux et universalistes qui touchent l’ensemble de la communauté sont remis en question. Les syndicats, avec l’association pour la défense des droits des patients, les artistes intellectuels et les étudiants, devraient faire pression sur le gouvernement pour qu’il étudie le meilleur système de santé au monde, afin de s’en inspirer.

Un dirigeant politique devrait se poser la question suivante : « en tant que membre d’une élite, ai-je un accès immédiat aux soins de santé ? Si oui, je devrais faire en sorte que tous les citoyens, sans distinction de classe ou d’ethnie (je pense aux Autochtones), aient un accès identique ». Le mot ministre vient du latin et littéralement veut dire « celui qui accomplit une tâche au service de quelqu’un ».

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