Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le Monde

Discours de la bourgeoisie : entre déni du racisme et criminalisation des victimes

Commettre les crimes et nier leur existence, voilà ce qui est assez cynique. Colonialisme, ravages capitalistes, effondrement de la biodiversité, etc., autant de sujets qui ont des racines anciennes et qui continuent aujourd’hui sous des formes renouvelées, en dépit des luttes, des lanceurs d’alerte, malgré les souffrances et l’affaissement certain de l’écosystème. Les systèmes de pensées et de domination se perpétuent dans un jeu de balancier ou, semble t-il, plus la destruction est grande, moins les ravages sont reconnus.

En fonction des circonstances, du rapport de force, le pouvoir se sent obligé de le reconnaître. Il peut feindre la surprise : “qui aurait pu prédire la crise climatique ?” quand d’autres continuent d’entretenir le doute sur la réalité du changement climatique. Si par hasard les ravages de la société sont abordés, ils deviennent réifiés, placés en dehors de l’histoire et des dynamiques économiques et politiques ; transformés en objet extérieur, sans aucun rapport avec nous, n’ayant ni passé ni futur. Cette façon de s’exprimer, de penser, correspond à une façon de gouverner. Le déni n’est pas seulement un héritage psychologique, discursif, il est aussi un mode de gouvernance qui permet aux dominations de prospérer.

Qu’est-ce qu’on entend par déni ? Il désigne “un refus de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui constitue une protection nécessaire devant la réalité si angoissante qu’elle peut provoquer un effondrement psychique. Il permet de préserver le sentiment de sécurité et protège de l’angoisse.” En droit, le déni de justice c’est le refus de rendre justice à quelqu’un, d’être équitable envers lui.

Le déni on le retrouve sur bien des sujets. Déni des inégalités, déni sur la dégradation de la terre, l’intoxication de la biodiversité par l’agriculture capitaliste et chimique, autant de thématiques qui sont abordées uniquement lorsqu’une occasion se présente, jamais de façon continue, malgré le fait qu’elles déterminent énormément d’autres sujets et qu’elles pourraient être mises en lien avec la pauvreté, l’austérité, les maladies, l’endettement, etc.

Ici, on va surtout s’intéresser au déni qui touche au racisme, et donc, au spectre du colonialisme qui tel un fantôme hante la classe au pouvoir. Déni semble aller de pair avec refoulement colonial. Bien que certains problèmes récents (discriminations, interpellations, etc) semblent renvoyer à une oppression plus ancienne, coloniale, patriarcale, rien n’apparaît dans le discours. L’absence de mise en relief fait que l’événement est perçu comme un OVNI.

Plus grave, on peut chercher dans l’origine de la victime la cause de ses interpellations récurrentes par la police.

Culpabilisation des victimes

Plutôt que de penser le problème dans une perspective historique lorsqu’il intervient, les victimes de racisme finissent souvent accusées de semer la discorde et la séparation (et même lorsqu’elles sont profondément engagées contre le racisme). Elles se trouvent alors à la fois victime et coupable tandis que ce qui est en cause est naturalisé, minimisé, et les responsables de tout ordre sont absents du débat. Dans l’affaire Nahel par exemple, le réflexe a été de penser son identité comme trouble. Il n’a pas été jugé comme un citoyen lambda qui mérite autant de considération que s’il s’agissait d’un homme majeur, il a été criminalisé ; tout a été fait pour le mettre à distance de nous, de la norme. On le rend responsable de ce qui arrive, on le juge : ce qu’on ne se permettrait pas avec tout le monde. Notre lecture de la société, on peut le concéder, est différente en fonction des individus et des groupes sociaux. Si certains bénéficient comme naturellement de notre bienveillance et de notre confiance, on aura tendance à avoir un regard hostile sur d’autre groupes en raison de marqueurs liés à la race, au sexe ou à la classe sociale par exemple. Le déni du racisme c’est le déni du colonialisme et des processus de racialisation très présent dans le discours, dans les commentaires, qu’on peut reprendre à son compte sans s’en rendre compte. Dans un entretien accordé à Basta la sociologue Sarah Mazouz revenait sur ce qu’on entend par racialisation. “C’est un geste qui consiste à enfermer quelqu’un dans une position inférieure, à le réduire à une seule dimension de ce qu’on suppose être son identité. C’est le fait de réduire quelqu’un à un trait qui le racialise.” Les processus de racialisation sont liés à une pensée coloniale où l’on considère que l’état de nature présuppose l’identité, et donc, qu’il y a une identité figée de certain groupe en raison d’un marqueur biologique ou culturel. En réalité, la différence de traitement n’est pas de nature, elle est socialement construite ; les uns sont condamnés à être de la racaille quand les autres sont des sujets complexes qu’on ne peut incriminer facilement. Les uns peuvent être accusés avant le jugement, déjà condamnés en raison du regard qu’on porte ou du discours qui se construit, contre eux, quand les autres bénéficient d’une présomption d’innocence et de notre clémence. L’identité suppose un rapport social entre groupe et souvent une relation de force ou l’un subit la définition de l’autre et se voit assigné à une place. Si avec les émeutes les uns ont été décrit comme des casseurs, des pillards, pour avoir à un moment donné endommagé des biens matériels ou volé des produits, les autres, armés de pouvoirs, ne sont jamais réduit à leurs actions de la sorte : on ne dit pas matraqueur, briseurs de grève, pillard, exploiteurs, écocidaire, mais plus simplement policier effectuant un métier difficile ou entrepreneur innovant qui essaie de réduire “ses externalité négatives.” Ce qui fonctionne pour certains ne fonctionne pas pour les autres.

Ces processus de racialisation sont liés à un passé colonial comme on disait, et on les retrouve partout et en premier lieu dans le discours. Lors des émeutes récentes François- Xavier Bellamy (LR), Eric Zemmour (Reconquête) et d’autres se sont empressés de racialiser l’évènement (sans pour autant être accusé de racialiste), ce qui revient à criminaliser des groupes sociaux pour ce qu’ils sont. Pourtant, il s’avère que ce sont les circonstances sociales qui expliquent le comportement des citoyens et non une origine qu’on retrouverait dans le prénom et qui devrait éclairer un peu magiquement le pourquoi de la colère et de l’émeute. Pour les émeutes de Londres de 2011, pour ne prendre que cet exemple, “The Guardian et la London School of Economics ont réalisé une étude fondée sur 270 entretiens avec des émeutiers. Le rapport publié en décembre 2011 mettait en évidence “la colère largement répandue vis-à-vis de la police et la frustration causée par le comportement quotidien des agents de polices à leur égard.” 73% des personnes interrogées avaient été fouillées au cours des 12 mois précédents.” Par ailleurs, tandis que M. Cameron considérait que le gang était au cœur de la violence on apprendra plus tard, vérification faite, que c’était une fake news. De la même façon, en France, on racialise des évènements politiques en associant origine et émeute, délinquance et immigration. Aucun rapport naturel qui indique qu’une population, un pays ou une culture ne soit naturellement enclin à la délinquance ou aux émeutes ; les identités ne sont jamais figées, elles se construisent dans le discours comme dans les rapports sociaux.

Plutôt que de se focaliser sur le rapport social, le pouvoir s’en prend, avec la complaisance et le soutien de bon nombre d’essayistes et de journalistes aux victimes lorsqu’elles essaient de se défaire d’une situation d’oppression. Si on aimerait qu’on s’accorde sur le constat, en reconnaissant qu’il y a un problème de racisme en France, dans la police notamment, et qu’il faut combattre les discriminations en changeant le discours, la politique, l’éducation, etc., pour pouvoir changer le rapport social, on entend souvent tout autre chose. Les mots sont faibles contre la police, les racistes, les nazillons, contre les discours des politiciens qui accompagnent les préjugés racistes, ils sont nombreux en revanche et souvent virulents contre les victimes. Les victimes deviennent les bourreaux pour le simple fait de se penser comme citoyen à la marge, citoyen de seconde zone. Ce regard sur soi et sur la société n’est pas permis. Voilà la pensée interdite alors qu’elle tombe sous le sens au regard des enquêtes de sociologues ou des témoignages. Néanmoins, cette parole n’est pas la bienvenue. Plutôt que de la comprendre on l’associe à un discours communautaire, identitaire, et en cela, discours cousin de l’extrême droite. Grands retournement de situation : on accuse les “séparer” de prôner la séparation, les exclus de créer l’exclusion. Le simple fait de pointer une situation, de mettre le doigt dessus, c’est comme défendre ses effets : vouloir le racisme et l’exclusion. C’est le comble. Dans cette tendance, Rachel Khan reproche aux antiracistes de se penser comme racisé. En critiquant celles et ceux qui utilisent le terme, on leur reproche de penser le processus qui les a laissé à la marge comme groupe social alors que ce qui devrait être mis en cause se sont justement les processus de racialisation eux-mêmes, et non leur résultat. A la naissance du capitalisme, le bourgeois a créé le prolétaire. Pas de problème si le travailleur se pense comme prolétaire, ça montre au contraire une prise de conscience de son identité qui s’est créé par rapport à l’autre. En dépit d’une démocratie formelle, bourgeois et prolétaires n’ont pas les mêmes parcours ni les mêmes espérances de vie. Les uns vendent leur force de travail physique ou intellectuelle pour vivre lorsque les autres achètent et vendent, captant le temps de travail des travailleurs pour arriver à leur fin. C’est une évidence de le rappeler ; la différence ici c’est que la victime de racisme, la victime de délit de faciès, n’a pas le droit de se voir tel qu’on l’a fait. Il est interdit de penser depuis l’expérience, depuis le nous : nous qu’on a réduit à la race, nous qu’on réduit à notre habitus, notre peau, notre quartier, notre classe sociale. Si les réactionnaires font feu contre les militants antiracistes en les taxant de “racialistes” pour utiliser le concept de racisé, on ne les entend jamais critiquer en revanche l’histoire coloniale et les processus de racialisation qui ont permis de segmenter le prolétariat. Ce retournement laisse indemne la société et ses travers : on critique ceux qui subissent la division (paradoxalement accusés de semer la division) mais on ne dit mot sur ceux qui l’ont mis en place. Comment c’est possible de travestir ainsi le sens en retournant le discours en son contraire ?

Une universalisation qui nous ignore

Eh bien, c’est possible lorsque son discours est resté bloqué à l’universalisme abstrait et qu’il ne se confronte ni au réel concret ni à l’histoire, ignorant, la petite affaire, que cet universalisme s’est bâti sur l’exclusion des femmes et des noirs de la vie de la cité. Lorsqu’on lit l’histoire depuis l’imaginaire, on peut s’étonner que la réalité n’est pas comme le discours ; mais qu’est-ce qu’un discours qui ne part pas de la réalité, si ce n’est une supercherie ? Dans l’histoire le discours fut éclairé, humaniste, mais la réalité fut coloniale, esclavagiste, patriarcale. Il y a une différence entre pointer un horizon désirable, comme l’universalité des droits, que de considérer que l’égalité des droits, des parcours et des chances est une chose acquise dans la société. Lorsqu’on pense que c’est un acquis, on considère qu’il n’y a pas d’inégalité de principe liée à la couleur, au genre ou à la classe sociale, ce qui montre un profond déni ou une profonde méconnaissance des mécanismes d’exclusion des uns et de reproduction sociale des autres. Car au bout du compte, à patrimoine différent, traumatisme différent, sexe différent, les parcours de vie se profilent assez cadrés ; il sera difficile pour les femmes par exemple d’échapper à la précarité, aux temps partiels, aux préjugés en tout genre. Non à cause d’un état de nature mais d’une construction de la société en leur défaveur ; construction échelonnée sur des siècles qui leur fut défavorable (ainsi qu’aux prolétaires, aux racisés, aux colonisés…).

C’est cynique de ne pas le reconnaître, mais le reconnaître serait dangereux pour le pouvoir…
Ça suppose qu’il y a eu un partage inégalitaire des cartes, un processus historique qui explique que certains ont pu tout avoir, tout voler, tout détruire, quand les autres ont été condamnés à l’esclavage, à la mendicité, à être les journaliers des premiers capitalistes qui ont établi leur première propriété foncière et leur première accumulation sur l’expropriation paysanne et la mise en esclavage des peuples indigènes et africains.

Combattre le racisme, le sexisme et les attaques contre la biodiversité passe par une critique matérialiste

L’absence de critique matérialiste fait que le racisme n’est pas reconnu comme structurel et que la situation environnementale n’est pas perçue à sa juste mesure et dans toute sa diversité. Le traitement du racisme n’est pas si différent du discours produit en relation aux problèmes de la planète. Les deux traitements convergent : pour parler du racisme ou de la planète il y a une négation d’aborder le sujet depuis la situation particulière des groupes sociaux. L’universel englobe tout mais n’explique rien, il permet de transformer une lecture subjective de la société et de l’état du monde en lecture objective. Pour l’environnement, le discours idéaliste et abstrait domine. Dans celui-ci la notion d’Homme est abondante bien qu’elle n’explique pas grand-chose pour comprendre les impacts sur la biodiversité, ou pour percevoir qui fait quoi, comment, et pour quelles conséquences. Les groupes sociaux comme les classes sont gommés.

Qu’on parle du racisme ou de la planète, on en parle comme d’une chose, non organique, figée ; chose qui nous est distante, n’ayant aucun lien avec l’histoire, les choix politiques pris, et plus largement avec l’organisation de la société. Cependant, qu’on se le dise, en matière environnementale s’il y a une biodiversité “cassée” ou un climat “déréglé” c’est qu’il y a “des casseurs” et des “dérègleurs” et qu’on peut donc trouver un moyen de savoir qui est à la manœuvre , et ensuite de les empêcher de nuire ; c’est-à-dire de les empêcher de casser les bases communes de l’existence de l’humanité. De la même façon, si des gens sont interpellés, harcelés, maltraités et subissent tous types de discrimination, c’est qu’il y a des discriminateurs pour qu’il y ait des discriminés. Mais on peut en finir avec les discriminations et la destruction de la planète seulement si on en finit avec un mode de pensée ou le racisme comme l’effondrement des écosystèmes sont naturalisés.

Ouvrons les yeux

En France, selon le Défenseur des Droits, les jeunes hommes perçus comme noirs ou d’origine nord-africaine ont vingt fois plus de risques d’être exposés aux contrôles de police que le reste de la population. En décembre 2022, le comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU a dénoncé des discours racistes tenus par des responsables politiques et des contrôles policiers ciblant «  de manière disproportionnée certaines minorités » ; et en 2023, l’ONU demande à la France de « s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre ».

Combien faut-il d’interpellations ? Combien de morts faut-il ? Combien de rapports faut-il pour comprendre que le comportement de la police dans la vie de tous les jours est à mille lieues de l’image qu’on lui a prêtée dans le discours ? Institution qui protège dans le discours et qui serait donc hautement nécessaire : institution qui ne protège pas tout le monde dans la réalité. Bien qu’utile pour certains, l’institution est nocive pour les autres, en premier lieu pour ceux et celles qui sont considérés comme voyou, terroriste ou émeutier pour leur peau ou leur look ; dangereuse pour ceux qui habitent dans le mauvais quartier ou pour ceux ou celles qui s’engagent dans la lutte des classes. En revanche, elle est utile pour protéger les entreprises, le gouvernement et la classe capitaliste, un peu moins utile par contre pour protéger les élus victimes d’intimidation ou de menaces de morts de la part de l’extrême droite.

La police nous protège ; pourtant les morts s’égrènent…les tabassés, les mutilés. C’est tordre le cou au réel que de répéter cette phrase comme un perroquet, sans plus de précision.

Combattre le capitalisme racialiste et patriarcal

Il y a le discours universel, indifférent aux différences de sexe, de classe ou de couleur et il y a la réalité, toute autre, segmentée, ou l’on observe que le précariat en première ligne est souvent racisé et subit des oppressions multiples laissées sous silence. Dans le cas d’Uber, la sociologue Sophie Bernard a interrogé plus de cent chauffeurs de la plateforme à Paris, Londres et Montréal. Son constat est simple : la grande majorité, se sont des immigrés ou des enfants d’immigrés. On parle trop peu de ce capitalisme racial de plateforme, de cette racialisation qui au départ servait à réduire la force de frappe du prolétariat en créant volontairement et artificiellement des divisions entre les travailleurs en fonction de l’origine. De la même façon, avant la conquête et la colonisation, la division sexuelle du travail à permis une profonde séparation entre les hommes et les femmes dans la formation du prolétariat, à l’aube du capitalisme. Cette division établie par une véritable guerre contre les femmes a permis de diviser le prolétariat émergent, principalement masculin au départ ; il sera davantage segmenté suite à la conquête et à la colonisation qui donnent naissance à une division raciale du travail. Il semblerait que la racialisation de la population soit utilisée à cette même fin aujourd’hui : briser les collectifs, diviser les travailleurs entre eux et laisser un semblant de privilège aux uns (épargnés des postes les plus difficiles) pour maintenir la domination de la bourgeoisie.

En finir avec ces violences racistes et ces oppressions patriarcales et capitalistes, c’est sortir de ces discours imaginaires qui invisibilisent les différentes classes. Il faut sortir du mythe de l’universel. L’universel neutre n’existe pas. C’est un particulier (riche, blanc, mâle) qui prétend imposer sa vue à tout le monde. Plutôt que de regarder le monde depuis les lunettes de la bourgeoisie, regardons et pensons depuis notre position, la position de l’autre, depuis celle des femmes, des indigènes, des travailleurs, des racisés en faisant bien la distinction entre où nous sommes, et où l’on souhaite se diriger. Le déni de la bourgeoisie ne doit pas être le nôtre. Rappelons-nous “qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre” (Karl Marx). La phrase nous suggère de ne pas être indifférent (et encore moins de participer) à l’oppression d’autres groupes sociaux, ce qui suppose de maintenir allumée la flamme de la compassion et de l’internationalisme. Toujours, on gagne à reconnaître les souffrances, les discriminations, et à rendre visible les oppressions ; ce qui est invalidé par le pouvoir doit être validé par nous. Par-là, on augmente la compassion et on se donne les moyens matériels de faire front commun dans la lutte pour se débarrasser, pierre à pierre, d’un monde privatisé, séparé, inégalitaire (le nôtre) et de basculer vers un monde commun, sans rapport de domination (de classe de race, de sexe). Un monde soutenable, inclusif, fémniste, égalitaire.

Maxime Motard

NOTES

1. Le Monde avec AFP, “« Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » : Emmanuel Macron s’explique et pense qu’il a été « mal compris ».” Publié le 18 janvier 2023 https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/01/18/qui-aurait-pu-predire-la-crise-climatique-emmanuel-macron-s-explique-sur-sa-formulation_6158306_823448.html#:~:text=Climat-,%C2%AB%20Qui%20aurait%20pu%20pr%C3%A9dire%20la%20crise%20climatique%20%3F%20%C2%BB%20%3A%20Emmanuel,message%20d’alerte%20%C3%A9cologique%20%C2%BB.
2. Un article de Libération mettait en avant un phénomène intéressant, bien que inquiétant : “Des chercheurs ont analysé 100 000 articles de la presse papier ou en ligne publiés entre 2000 et 2016, cherchant les citations et les noms de plusieurs centaines de climatologues de premier plan et un nombre égal d’universitaires, entrepreneurs et hommes politiques doutant du réchauffement de la planète ou attribuant la hausse des températures à des causes « naturelles ».« Nous avons découvert que la visibilité des négateurs du climat a été 49% plus importante que celle du changement climatique », ont écrit les auteurs de l’étude dirigée par Alexander Petersen, de l’université de Californie à Merced.” Libération, “D’après une étude Les climatosceptiques plus présents dans les médias que les scientifiques.”, Août 2019
3.Définition fournie par Maria Hejnar, psychologue clinicienne et psychothérapeute. https://psychologueparis-7.fr/mecanismes-de-defense-le-deni/
4. Minimisé ou absent. Qui a parlé dans les médias de la menace de mort proférée par le collègue de celui qui a tué Nahel, à savoir “shoote-le.” ? L’uniforme protège de bien des menaces. “Arrête-toi ou je te butte” dit un autre, dans un autre contexte, après “l’affaire Nahel.” Si des phrases peuvent être reprises et faire polémiques, beaucoup passent inaperçu. On les ignore ou on ne commente pas dessus. https://www.youtube.com/shorts/SUw6ltHid_w
Les commentaires médiatiques étaient plus sensibles avec la phrase “Louis XVI, on lui a coupé la tête, Macron, on peut recommencer.” Si la menace est proférée par des policiers armés contre des citoyens racisés ce n’est pas un problème ; en revanche, il semblerait qu’une menace collective contre un homme de pouvoir ne soit pas permise.
5. Ivan du Roy, “Race, racisme, racisé, privilège blanc, indigéniste… Comprendre ce qui se cache derrière les mots”, 2021, Basta. https://basta.media/Race-racisme-racise-privilege-blanc-indigeniste-ou-racialiste-Comprendre-ce-qui-se-cache-derriere-les-mots-Entretien-avec-Sarah-Mazouz
6. Tristan de Bourbon-Parme, “Banlieues, sermonner et punir”, Le Monde Diplomatique, août 2023.
7. Actrice, écrivaine et juriste, elle a notamment publié Racée, Éditions de l’Observatoire, mars 2021.
8. Il y en a énormément. On pense par exemple à Mathieu Bock-Côté ou à Sonia Mabrouk
9.Notion qu’on retrouve au départ chez Colette Guillaumin (L’idéologie raciste, Gallimard, 2002) et qui renvoie aux processus de racialisation mis en avant par Franz Fanon dans Les damnés de la terre.
10. Sarah Mazouz explique que les sociétés, “même quand elles ne sont pas organisées par le racisme, continuent en fait à produire des hiérarchies raciales.” Elle mentionne dans son entretien la chercheuse néerlandaise Philomena Essed, originaire du Surinam. Cette dernière a travaillé sur le sort des femmes noires très diplômées aux Pays-Bas. “Elle forge le concept de racisme ordinaire – « everyday racism » – en montrant comment, à travers des blagues, des manières de dire et de ne pas dire, le racisme et le sexisme continuent d’avoir des effets sociaux lourds. Toutes ces manières d’exprimer du racisme et de le mettre en œuvre l’air de rien constituent la racialisation. ” Ivan du Roy, “Race, racisme, racisé, privilège blanc, indigéniste… Comprendre ce qui se cache derrière les mots”, 2021, Basta. https://basta.media/Race-racisme-racise-privilege-blanc-indigeniste-ou-racialiste-Comprendre-ce-qui-se-cache-derriere-les-mots-Entretien-avec-Sarah-Mazouz
11.Pour cela, on préférera le terme de Capitalocène : “Le terme « Capitalocène » présente l’avantage de reconnecter les développements du capitalisme et les révolutions industrielles britanniques aux transformations matérielles des paysages de la Terre, et d’ouvrir les potentialités des critiques du capitalisme.” (Malcolm Ferdinand, L’Écologie décoloniale, 2019, page 83)
12. L’enquête a été publiée en 2017 par le Défenseur des Droits Jacques Toubon. Menée auprès d’un échantillon représentatif de 5 000 personnes, cette enquête s’intéresse à la relation entre la police et la population, et plus spécifiquement aux contrôles d’identité. Lorélie Carrive, “Ce que disent les études parues en France sur les contrôles au faciès et les "violences policières"”, Radio France, 10 juin 2020. https://www.radiofrance.fr/franceinter/ce-que-disent-les-etudes-parues-en-france-sur-les-controles-au-facies-et-les-violences-policieres-1185508
13. Le Monde, “Une instance de l’ONU s’inquiète de la « haine raciale » et des « interpellations discriminatoires » par la police en France”, 2 décembre 2022. https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/02/une-instance-de-l-onu-s-inquiete-de-la-haine-raciale-et-des-interpellations-discriminatoires-par-la-police-en-france_6152704_3224.html
14. Le Monde, “Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme épingle la France pour les « profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre »”, 30 juin 2023. https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/30/l-onu-epingle-la-france-pour-les-profonds-problemes-de-racisme-et-de-discrimination-raciale-parmi-les-forces-de-l-ordre_6179983_3210.html
15.En écrivant ces lignes, on pense au policier interpellé dans le cas de l’affaire Hedi. Le policier en question expliquait sans rire que ce dernier avait l’apparence d’un voyou ou d’un émeutier en raison de sa capuche. Ainsi, il a justifier son action, arguant qu’il “ne faisait que son travail.” Voire l’article de Contre-attaque : “Lynchage de Hedi : le policier a tiré parce qu’il “portait une capuche.”, 4 août 2023.
16.Le terme "précariat" est un néologisme qui, en sociologie, désigne les travailleurs précaires comme une nouvelle classe sociale. Voir le "Toupictionnaire" :Le dictionnaire de politique. https://www.toupie.org/Dictionnaire/Precariat.htm
17. Dan Israel, “« Uber tire parti de la situation de vulnérabilité des populations racisées »”, Médiapart, 4 juin 2023. On renvoie au livre de Sophie Bernard : UberUsés - Le capitalisme racial de plateforme, PUF, 2023.
18. Sur ce sujet on renvoie aux livres de Silvia Federici, notamment Une guerre contre les femmes. Des chasses aux sorcières au féminicide, La Fabrique, 2021 ; Caliban et la Sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive, Entremonde, 2014.
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