Édition du 11 novembre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Israël - Palestine

Double standard

Le conflit israélo-palestinien se poursuit, surtout au détriment des Gazaouis. S’il suscite tant de passions en Occident, c’est qu’il en révèle les contradictions les plus fondamentales. L’appui longtemps inconditionnel de la plupart des classes politiques occidentales à l’État hébreu en constitue l’illustration éloquente.

Pour s’y retrouver et y porter un point de vue pertinent, il importe d’insister sur certains points fondamentaux. Il faut commencer par déboulonner certaines idées reçues qui persistent sournoisement encore parmi les chancelleries occidentales comme depuis longtemps dans les médias, tant écrits qu’électroniques.

1- Tout d’abord, on ne peut excuser la violence israélienne antipalestinienne et condamner celle des Palestiniens. Dans le premier cas, on invoque toujours « le droit à l’autodéfense » d’Israël alors qu’on qualifie la résistance palestinienne de « terroriste ». Ce dernier terme, surutilisé depuis une cinquantaine d’années sert à dénigrer toute une série de phénomènes de violence politique, allant de groupes marginaux armés jusqu’à un authentique mouvement de résistance nationale, comme celui des Palestiniens. On oublie ou on feint de ne pas voir qu’il ne s’agit pas d’une catégorie impartiale de la science politique mais d’une définition très partisane. On est toujours le résistant ou le terroriste de quelqu’un, tout dépendant de quel côté de la barrière politique on se situe.

2- Les bien-pensants pro-israéliens et les sionistes s’indignent de l’offensive du Hamas du 7 octobre 2023 (qu’ils qualifient de « pogrom » à cause grand nombre de victimes civiles israéliens qu’elle a entraînées). On ne peut que déplorer cette action, mais il faut préciser qu’elle ne visait pas les citoyens israéliens en tant que Juifs mais comme ressortissants d’une puissance ennemie. Ils condamnent donc sans appel le Hamas et refusent sa participation aux futurs pourparlers de paix qui finiront bien par arriver un jour, vu le caractère intenable de la situation qui prévaut non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. Mais ont-ils jamais dénoncé clairement l’ampleur de la violence israélienne antipalestinienne par les différents gouvernements en poste à Tel-Aviv ? Au mieux, certains des leurs ont émis des réserves à l’endroit des gouvernements israéliens responsables de plusieurs carnages antipalestiniens. Par exemple, lors de l’offensive contre Gaza en 2014, qui a fait environ 2,000 victimes (dont 200 enfants), on n’a pas entendu de protestations indignées de leur part.

3- Une tactique fréquemment utilisée par les sionistes (juifs et non juifs) consiste à accuser les tenants d’une Palestine libre et de la légitimité de la lutte armée palestinienne « d’antisémitisme ». En premier lieu, cela illustre un manque flagrant de respect à la mémoire des innombrables victimes de l’Holocauste, car les propalestiniens n’ont rien contre les Juifs ; on ne peut donc assimiler l’antisionisme à du racisme antijuif. En effet, s’opposer au projet sioniste de judaïser tout le territoire s’étendant de la Méditérranée au Jourdain ne revient pas à appuyer les mouvements antijuifs présents et passés tant en Europe qu’ici, mais à soutenir la lutte pour la liberté palestinienne. Il existe cependant un racisme très réel dans ce dossier : c’est celui de l’argument si longtemps invoqué « d’Israël, seul État démocratique du Proche-Orient », ce qui équivaut à insinuer en effet que « les Arabes » sont des sous-hommes, faute d’être des « Blancs », et de posséder une culture politique différente de la nôtre, bon chic bon genre. Bien sûr, au sein de la population israélienne existent différentes nuances, allant de l’attitude la plus extrémiste et intransigeante jusqu’à la plus molle. Tous ses membres ne sont pas de dangereux fanatiques antipalestiniens (comme les colons juifs en Cisjordanie), mais il existe une méfiance généralisée parmi eux contre les Palestiniens, fondée sur les préjugés habituels en pareil cas.

4- Nos gouvernements doivent rompre avec la complaisance, ouverte ou larvée, envers Israël, qui devient intenable. Cette attitude a poussé les classes politiques occidentales, et en particulier l’américaine, à laisser passer de vraies chances d’établir enfin la paix entre Israël et la Palestine, ce qui a favorisé, à la longue la montée des extrémismes des deux côtés. Il importe donc d’abandonner enfin cette tendance et adopter les moyens de pression nécessaires sur Tel-Aviv afin que le gouvernement en place entame des négociations sincères avec ses vis-à-vis palestiniens, lesquels doivent pouvoir par ailleurs choisir librement ceux et celles qui les représenteront lors de ces futures négociations cruciales. La liberté ne débute-t-elle pas par là ?

Jean-François Delisle

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