Édition du 16 avril 2024

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Le Monde

En ce 17 avril, exigeons le respect des droits des paysannes et des paysans ! Assez des accords de libre-échange ! Assez de l’impunité !

tiré de : Entre les lignes et les mots 2018 - 15 - 27 avril : notes de lecture, textes, annonces et pétition

Publié le 17 avril 2018

(Harare, le 17 avril 2018) Depuis deux décennies, les accords de libre-échange (ALÉ) constituent une tentative de recolonisation et d’assujettissement. En ce 22e anniversaire du massacre d’Eldorado dos Carajás au Brésil, La Vía Campesina dénonce l’impunité généralisée. Elle appelle à la résistance organisée contre ces accords conçus pour que les multinationales de l’agrobusiness s’emparent de nos biens naturels et de nos marchés locaux avec le silence complice des États.

Ce 17 avril, journée internationale des luttes paysannes, les organisations membres de La Vía Campesina et leurs alliés s’unissent pour organiser des centaines d’actions décentralisées partout sur la planète pour le droit à la terre et à l’eau, contre les accords de libre-échange (ALÉ) et contre la criminalisation des luttes sociales en clamant : Assez des ALÉ, assez de l’impunité !

Les ALÉ sont plus que des accords commerciaux. Ce sont des accords complets qui bloquent les réformes structurelles. Ils renforcent le pouvoir des sociétés transnationales (cliquez ici pour en savoir plus sur la campagne pour un traité contraignant au niveau international pour les multinationales), et protègent les intérêts économiques des élites nationales et des gouvernements. Les ALÉ promeuvent leurs objectifs mondiaux, en faisant de l’eau, de la terre et des semences des marchandises. Ils donnent la priorité au commerce sur la vie elle-même. Les ALÉ sont établis entre deux gouvernements ou plus. Ce sont des négociations qui ont lieu en dehors de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), même si au fond, les ALÉ sont aussi des outils de la mondialisation néolibérale.

A mesure que la méfiance à l’égard des ALÉ grandit, la mobilisation et la résistance croissent aussi. Aujourd’hui, nos organisations partout sur la planète organisent un nombre sans précédent d’actions pour dénoncer les effets des ALÉ sur la paysannerie et la souveraineté alimentaire. En ce jour d’action mondiale, ECVC (Coordination européenne de La Vía Campesina) exige que l’Union européenne libère les paysans des accords de libre-échange !

En ce qui concerne le projet d’ALÉ qui fait actuellement l’objet de négociations entre l’Union européenne et le Mercosur, ECVC affirme que « cet accord constitue un coup mortel porté contre nous, les petits et moyens producteurs agricoles déjà en situation de crise. De plus, cet accord généralise aussi le dumping social et environnemental, l’expansion de l’agro-industrie au détriment des communautés paysannes. »

Pour sa part, la CLOC (Coordination latinoaméricaine d’organisations paysannes, La Vía Campesina en Amérique latine) appelle à lutter contre l’impunité, à résister et à construire de nouvelles alternatives dans les territoires et à exiger une réforme agraire intégrale et populaire qui assure la souveraineté des peuples.

Ainsi, en ce jour d’action mondiale, le Comité de coordination international de La Vía Campesina se réunira en Corée où se tiendra le Forum international sur les effets du libre-échange en agriculture qu’organise La Vía Campesina Asie du Sud-est et de l’Est. Ce forum donnera de nombreux exemples sur les impacts des ALE, et notamment sur l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et l’Indonésie en cours de négociation.

Pour Kim Jeong-Yeol de l’Association des paysannes coréennes, « même si les projets d’accords multilatéraux ont échoué, l’OMC joue encore le rôle de police mondiale du système de libre-échange néolibéral. Les multinationales et les gouvernements utilisent les ALÉ pour attaquer la paysannerie. L’OMC, la Banque mondiale et le FMI ne travaillent jamais pour les paysannes et paysans. C’est pourquoi nous pensons qu’ils doivent disparaître. »

La Vía Campesina dénonce aussi aujourd’hui l’alarmante violation systématique des droits fondamentaux des paysannes et paysans notamment dans des pays comme le Brésil, le Paraguay, le Honduras et la Colombie où des milliers de paysans et paysannes ont été assassinés en toute impunité. En Indonésie, Thaïlande, aux Philippines, au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, les violations des droits des paysans et des paysannes se produisent aussi chaque jour. Les accords de libre-échange qui favorisent exclusivement les multinationales et le capital ont tendance à aggraver ces problèmes. C’est pourquoi nous exigeons l’adoption d’une Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Les ALÉ renforcent l’accaparement des terres et de l’eau et détruisent les marchés locaux, menaçant la souveraineté alimentaire dans son ensemble. Leurs effets sont très larges : ils encouragent entre autres la privatisation des services publics, de la santé, des médicaments, des télécommunications, de l’énergie, de l’approvisionnement en eau potable et ouvrent de vastes domaines à l’investissement étranger. Dans bien des cas, les gouvernements signataires sont forcés de réformer leurs législations nationales en prenant des engagements sur lesquels ils ne peuvent revenir : la « protection des investissements » empêche toute réforme agraire parce qu’elle se place au-dessus des décisions démocratiques nationales. À travers de tels accords, les sociétés privées consolident leur pouvoir d’influence sur l’élaboration des politiques et des réglementations des pays où elles interviennent.

Mobilisons-nous !

Ce 17 avril, joignez-vous à l’une des mobilisations prévues pour lutter pour des changements systémiques et défendre la terre, les territoires et la souveraineté alimentaire des peuples : Non aux ALÉ et au capitalisme mondial ! Aucun ALÉ ne profite aux peuples, nous devons les éradiquer, pas les réformer !

Alimentons nos peuples et construisons un mouvement pour changer le monde !

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