Édition du 23 avril 2024

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États-Unis

États-Unis : une fiscalité qui enrichit les plus riches

Vingt-cinq des plus grosses entreprises américaines ont payé davantage leur patron en 2010 qu’elles ne se sont acquittées d’impôts, indique une étude publiée mercredi par l’Institute for Policy Studies (IPS).

L’étude de l’IPS affirme également qu’au sein de ce groupe d’entreprises, une majorité consacrent plus d’argent au lobbying ou au financement des campagnes politiques qu’elles n’en versent au fisc, et exilent volontiers les revenus de leurs filiales dans les paradis fiscaux.

Selon l’étude, le salaire annuel moyen des dirigeants de ces sociétés, parmi lesquelles figurent Boeing ou eBay, était de 16,7 millions $ l’an passé.

Ces dirigeants "récoltent des rémunérations exceptionnellement généreuses pour l’évasion fiscale qu’ils permettent à leur entreprise de faire", disent les auteurs du rapport.

En 2010, General Electric a reçu un chèque de 3,3 milliards de dollars de la part de l’administration fiscale bien qu’il ait déclaré un bénéfice avant impôt de 5,1 milliards de dollars. Son patron Jeff Immelt a touché un salaire de 15,2 millions de dollars.

"Si l’évasion fiscale était une discipline olympique, General Electric remporterait la médaille d’or", commente le rapport.

Verizon (téléphonie, internet et touchée par un conflit de travail massif récemment) a de son côté reçu un remboursement d’impôts de 705 millions de dollars, malgré un bénéfice avant impôt de 11,9 milliards de dollars. En 2010, ajoute l’enquête, "le géant des télécoms a dépensé 16,7 millions de dollars en lobbying, et a déduit ces frais de ses impôts".

Son PDG Ivan Seidenberg a reçu un salaire de 18,1 millions de dollars. Dans le même temps, l’entreprise a annoncé quelque 13.000 suppressions de postes.

Un porte-parole de Verizon, Roberto Varretoni, cité par le New York Times, a contesté les chiffres avancés, soulignant que le salaire du PDG était lié aux performances de l’entreprise sur les marchés et que l’étude n’intégrait pas les milliards de dollars d’impôts que Verizon payerait au cours des exercices suivants.

Selon l’Institute for Policy Studies, l’entreprise d’enchères en ligne eBay a reçu 131 millions de dollars de l’administration fiscale, malgré un bénéfice avant impôt de 848 millions de dollars. Son PDG, John Donahoe, a reçu 12,4 millions de dollars de salaires.

"Le plus grand marchand en ligne se révèle aussi être un champion de l’évasion fiscale", dit l’Institute for Policy Studies.

La publication de ce rapport intervient avant un nouveau cycle de discussions au Congrès sur l’opportunité d’augmenter les impôts des revenus les plus élevés pour contribuer à résorber le déficit abyssal des Etats-Unis. Certains parmi les plus riches, comme Warren Buffett, cherchent à se disculper de l’écart grandissant entre les plus riches et les plus pauvres. Ils veulent se dissocier du discours tentant de convaincre que les baisses d’impôt sont créatrices d’emplois.

Pour apparaître comme de bons citoyens corporatifs, ils réclament démagogiquement de payer davantage d’impôt, croyant se mettre à l’abri de la vindicte populaire. Le débat sur les façons d’augmenter les revenus de l’État, de réduire les dettes publiques, se trouve renforcé par la diffusion de telles informations qui démontrent clairement que, d’une part, il est faux de prétendre que les baisse d’impôt sont créatrices d’emploi et que, d’autre part, les plus riches paient leur juste part d’impôt.

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