Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Déclaration

Face au Sommet, la Base reprend la rue

Les gouvernements changent, les politiques beaucoup moins. Si le gouvernement Marois a organisé un Sommet sur l’éducation supérieure, il a emprunté à son prédécesseur le goût de la novlangue : l’année dernière une grève devenait un boycott des cours et cette année, une indexation devient un gel.

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté, des casseroles ont retenti aux quatre coins du Québec, et on voudrait faire semblant qu’il ne s’est rien passé. On veut surtout nous imposer un « retour à la normale », à une démocratie qui, entre deux votes, réduit la majorité au silence.

La Base proteste contre le Sommet. À l’initiative des Profs contre la hausse, plusieurs groupes ont signé une Déclaration de la Base contre le Sommet, pour dire que le Sommet passe à côté des véritables enjeux soulevés par le Printemps érable. De plus, les Profs contre la hausse organiseront le 25 février, à proximité du Sommet, un micro ouvert sur l’éducation.

Afin d’en savoir plus sur ces initiatives, vous êtes convoqué à une conférence de presse qui aura lieu le dimanche 24 février 2013 à 10.30 heures, au local DR-200, de l’UQÀM (entrée par le 315 Ste-Catherine est). »

Déclaration

Nous sommes du nombre de ceux et celles qui ont pris part, à notre façon, au débat public ouvert par le Printemps érable. Ce débat a eu lieu tant au sein d’organisations déjà existantes que de collectifs qui ont vu le jour à cette occasion.

Encore aujourd’hui, nous avons la conviction qu’un tel débat a eu lieu parce que la grève générale illimitée des étudiantes et étudiants et tout le mouvement populaire qui l’a accompagnée ont ouvert et imposé un véritable espace politique de réflexion, de débat et d’action. Un vent d’espoir, de mobilisation et de création a balayé le Québec. De nombreuses expériences d’autonomie et de démocratie ont pu se développer, que ce soit dans les assemblées générales étudiantes, les collectifs d’action, les assemblées populaires et autonomes de quartier. Les intelligences citoyennes se sont exprimées et des liens de solidarité se sont tissés à travers le désir d’imaginer l’avenir plutôt que de gérer le présent. Cinquante ans après le rapport Parent, toute une frange de la société s’est réapproprié le projet qui vise à faire société à travers l’éducation.

Comment traduire la vitalité de ces échanges et la créativité de l’action collective dans un Sommet rendu nécessaire pour répondre au mouvement, mais qui ne vise au fond qu’à l’enterrer et à le faire disparaître de nos mémoires ? Comment se satisfaire d’un tel ersatz de débat public alors que l’enjeu est complexe et aurait nécessité une autre arène de discussion ? Au printemps dernier, nous parlions d’une éducation accessible, publique et de qualité, nous interrogions son rôle et ses fondements. Aujourd’hui le gouvernement ne peut que reprendre le discours du gouvernement précédent et poursuivre sa politique de coupures budgétaires aveugles. Il nous abreuve d’un raisonnement comptable qui se réduit à chercher des moyens pour positionner le Québec dans l’économie du savoir.

Encore une fois, le Parti québécois sort la recette du Sommet pour clore le débat et faire taire la parole citoyenne. Plutôt qu’à un débat public, nous assistons à une entreprise pas très réussie de relations publiques. Comment transformer la générosité, l’audace, l’inventivité, le courage et l’envergure d’analyse du printemps érable en colonnes de chiffres et en une vision affairiste de la gouvernance universitaire ? Aujourd’hui, comme l’année dernière, deux visions de l’éducation et de la société se confrontent, mais l’une occupe tout l’espace institutionnel et médiatique alors que l’autre est occultée.

Nous estimons important de poursuivre nos réflexions et nos mobilisations. Face aux visions marchandes et utilitaristes que soutient le gouvernement, nous voulons réaffirmer la nécessité d’une vision humaniste et démocratique de l’éducation. Une brèche a été créée par le Printemps érable dans le credo néolibéral. Nous voulons la maintenir ouverte et même l’élargir. Aujourd’hui, nous devons retourner dans la rue pour défendre notre conception de l’éducation mais aussi pour signifier que maintenant, comme l’année dernière, nous aspirons à une autre façon d’organiser notre vie collective.


(Liste des signataires, vendredi soir 22 février)

 •Profs contre la hausse
 •Têtes blanches carré rouge
 •Mères et colère et solidaire
 •Parents contre la hausse
 •Infirmières contre la hausse
 •L’R des centres de femmes du Québec
 •APAQ Plateau
 •APAQ Hochelaga-Maisonneuve
 •APAQ Villeray
 •À Babord
 •Lux éditeur
 •La Pointe libertaire
 •Les Sorcières
 •Convergence des luttes anticapitalistes
 •P !NK BLOC Montréal
 •(RE)VIVRE DANS LA NUIT
 •hybris.théâtre
 •M.O.U.S.T.A.C.H.E.S.
 •Collectif éducation sans frontières
 •Le Couac !
 •Comité logement Rive-Sud
 •FRAPRU
 •Nouveaux Cahiers du Socialisme
 •Éco-société
 •G.R.O.S. Groupe de recherche en objectivité sociale
 •99%Média
 •Action travail des femmes du Québec
 •Fédération des Femmes du Québec (veut être présente à la conférence -de presse)
 •Relais-femmes
 •Groupe interdisciplinaire de recherche sur l’antiféminisme (GIRAF)
 •GAPPA
 •Maille à Part, collectif de tricot-graffiti
 •ARTUNG, gang d’art de rue
 •Alliance féministe pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe
 •Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
 •Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante
 •Presse-toi à gauche
 •CUTV
 •Les sardines, banc très compact
 •RIOCM (Le Regroupement intersectoriel des organismes communautaires -de Montréal)
 •Maison la Virevolte
 •Politics & care
 •Le 22 on ferme !
 •Le collectif d’auteurs Les femmes changent la lutte

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