Édition du 16 avril 2024

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Faisons l’indépendance maintenant !

En réponse à Trump et à tout le reste, la révolution Québécoise est devenue une nécessité | vendredi 11 novembre 2016

L’humanité semble se diriger dans une très mauvaise direction. Les États-Unis viennent de choisir le président le plus réactionnaire depuis longtemps à la suite d’une campagne qui a nourri le racisme et toléré la pire misogynie. À travers l’Europe, des partis xénophobes mobilisent le mécontentement de millions de personnes en blâmant l’immigration pour les problèmes causés par le capitalisme. Le traité de Paris sur le climat a été ratifié mais les engagements concrets des pays signataires ne suffiraient pas à atteindre la cible prévue. Tout indique que nous nous dirigeons vers une polarisation politique et sociale accrue avec un centre de plus en plus incapable de bloquer la montée de la droite radicale et des mouvements de résistance constamment sur la défensive.

Le Québec n’est pas à l’abri de ces tendances lourdes. Les Libéraux appliquent une doctrine économique qui désagrège le tissu social, accentue les inégalités et génère du désespoir. La CAQ voudrait aller plus vite et plus loin dans la même direction. Le PQ incarne cet extrême-centre politique qui accepte la domination des élites financières tout en tentant de se donner une image progressiste. Aucun revirement de la situation ne sera possible de ce côté-là. La caricature des minorités culturelles et religieuses et la crainte de l’immigration sont entrées dans notre paysage politique avec l’ADQ en 2006 et la prétendue crise des accommodements raisonnables. Depuis, tant le PQ que la CAQ en ont fait une partie de leur stratégie. La résistance des Libéraux face à cette tendance a été timide et inadéquate. Présenter l’immigration comme utile économiquement et affirmer son opposition de principe au racisme ne font pas une politique effective de lutte contre l’intolérance ou un projet collectif rassembleur.

Le gouvernement Trudeau, après avoir promis une nouvelle orientation contrastant avec le conservatisme pétrolier de Harper, gouverne de plus en plus ouvertement comme son prédécesseur. L’approbation de grands projets liés aux combustibles fossiles contredit ses engagements sur le climat. Le programme d’investissement en infrastructures est taillé sur mesure pour favoriser le secteur privé. Même politique étrangère et même politique sécuritaire, même complicité avec le complexe militaro-industriel. En bref, Trudeau s’avère de plus en plus être un Harper avec un sourire. Et bien entendu, il n’y a à l’horizon aucune réforme du fédéralisme pouvant répondre aux aspirations du Québec à plus d’autonomie et de respect de son caractère national. Le projet national canadien, fondé dans les faits sur la langue anglaise et les institutions britannique, continue d’être incompatible avec le projet national Québécois, avec le français comme langue commune.

Devant tout ça, bien des gens sont tentés de se replier sur leur vie privée et leur entourage immédiat. On décroche de la vie politique et on espère échapper aux pires conséquences des décisions prises par d’autres. La démocratie apparait comme une mauvaise blague, quand elle de rime pas avec corruption et cynisme. Tant pis si le Québec meurt à petit feu et finit par se dissoudre dans la grande masse anglo-américaine.

Le Québec peut faire mieux !

L’indépendance du Québec permettrait de porter un grand coup en faveur d’une humanité plus démocratique, plus égalitaire, plus écologique et plus pacifique. Elle redonnerait son sens à la politique et renouerait avec l’essence de la démocratie : le gouvernement du peuple par le peuple. Nous ferions la démonstration qu’une autre Amérique du Nord est possible à côté du conservatisme destructeur de Trump et du libéralisme sans conséquences de Trudeau. La révolution québécoise constitue la seule réponse adéquate, pour ceux et celles qui vivent ici, face aux horreurs qu’on nous prépare.

En même temps, la rupture avec l’ordre constitutionnel canadien est une nécessité pour réaliser les objectifs de plusieurs mobilisations populaires en cours. Le Québec a besoin de tous les pouvoirs pour dire Non aux projets comme l’oléoduc Énergie Est et investir massivement dans un programme d’infrastructures vertes. Il faut affirmer notre souveraineté nationale pour dire Non aux traités de protection des intérêts des multinationales qualifiés de libre-échange. Il faut prendre en main tous les leviers de la politique économique pour contrer le chômage et la précarité et mettre en place un modèle de développement centré sur les besoins des personnes et des communautés et non sur les impératifs du marché. Il faut en finir avec les institutions politiques issues du colonialisme britannique en convoquant une assemblée constituante qui aura pour mandat de donner à la population le pouvoir de déterminer comment les décisions collectives se prendront à l’avenir. C’est sur la base d’un tel projet collectif, enraciné ici et ouvert sur le monde, que nous pourrons briser les barrières entre les personnes aux cultures, aux croyances et aux origines diverses et créer une communauté nationale inclusive.

Le temps est venu pour Québec solidaire de proposer un tel projet d’avenir à toute la population du Québec en collaboration avec toutes les organisations qui voudront s’y rallier. L’effet paralysant des tergiversations sans fin du Parti québécois autour de la mécanique référendaire a été rompu comme un mauvais sort par la victoire de son nouveau chef. Comme le PQ ne prétend plus être autre chose qu’une option pour l’alternance dans la continuité à la tête d’un état provincial, les indépendantistes sont libres de se rassembler autour d’une nouvelle vision du pays. Fini les phrases creuses sur l’indépendance « ni à gauche, ni à droite, mais en avant » ! Donnons un sens universel à notre indépendance en faisant de la révolution démocratique québécoise un moyen de changer le monde en mettant un nouveau pays au monde.

C’est en 2017, années des 150 ans de l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique, qu’il faut lancer une campagne sans précédent pour l’indépendance du Québec. Regroupons largement autour d’un projet qui place la rupture avec l’ordre constitutionnel au cœur d’une stratégie de rupture avec le statu quo économique, social et écologique. Puis, en 2018, la coalition formée autour de cette campagne pourra présenter ce projet à la population lors des élections générales.

Invitons d’abord Option nationale à se joindre à Québec solidaire dans cet effort avec toute la détermination indépendantiste qu’on leur connait. Puis ouvrons grande la porte au collectif Faut qu’on se parle pour qu’il y apporte du nouveau monde, de nouvelles idées et de nouvelles façons de faire. Que toutes les organisations indépendantistes et progressistes soient les bienvenues à partir du moment où on s’entend pour en finir avec les hésitations et les demi-mesures.

Passons à l’action maintenant ! L’humanité a besoin d’un Québec qui ose ! Le Québec a besoin de notre audace !

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