Édition du 23 avril 2024

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Politique québécoise

Finances publiques sous pression : la faute aux personnes retraitées ?

Ces derniers jours, certains quotidiens ont écrit que les départs à la retraite de fonctionnaires « créent une pression croissante sur les finances publiques » et que « parce que l’État en est garant, les régimes de retraite publics représentent une menace pour l’équilibre des finances publiques ». En somme, les prestations de retraite sont présentées comme une menace, particulièrement lorsqu’elles proviennent de régimes de retraite à prestations déterminées.

Le président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), Gilles Dussault, déplore que certains médias pointent injustement un doigt accusateur vers les personnes retraitées ou les régimes de retraite comme source importante de pression sur les finances publiques. « On a souvent entendu le monde patronal discréditer les régimes de retraite, mais que la propagande patronale soit maintenant relayée sans nuances par des organes de presse est carrément scandaleux », déclare le président du SPGQ.

Premièrement, fait remarquer Gilles Dussault, certains articles accusent ni plus ni moins les personnes retraitées d’être un fardeau pour les finances publiques. Or c’est exactement le contraire. Grâce aux revenus de retraite qu’elles reçoivent de leur régime complémentaire de retraite, les personnes retraitées n’ont pas à compter sur le soutien financier de l’État pour vivre ; leur pouvoir d’achat, souvent trop modeste, contribue à faire rouler l’économie et, tout comme leurs concitoyennes et concitoyens au travail, elles paient des taxes et des impôts dans les mêmes proportions que celles qui sont applicables à tout le monde. Les régimes de retraite sont des instruments de stabilisation de l’économie. Ils contribuent à réduire la pauvreté et la dépendance financière chez les personnes retraitées. Les achats effectués par les personnes retraitées créent de l’emploi. De plus, les personnes retraitées contribuent au financement des services publics à même leurs prestations de retraite.

Deuxièmement, ce n’est pas en critiquant la mise sur pied de régimes de retraite que l’on contribuera à une meilleure qualité de vie des personnes retraitées et à une plus grande stabilité de l’économie, mais en facilitant leur création dans toutes les entreprises. Il faut aussi hausser les prestations des régimes universels publics, telles que celles qui sont versées par le Régime des rentes du Québec ou le Régime de pensions du Canada, une hausse de prestations qui devrait évidemment être accompagnée d’une hausse des cotisations à ces régimes. Au Québec, on songe même à faire en sorte que des cotisations volontaires puissent être versées au Régime de rentes du Québec, notamment pour s’assurer que ces épargnes ne tombent pas dans les mains des Earl Jones, Vincent Lacroix et autres filous qui sont tapis dans l’ombre. Cette idée, qui doit être approfondie, montre bien que l’épargne sécuritaire joue un rôle important dans notre société.

Troisièmement, la pression sur les finances publiques ne peut être imputable aux régimes complémentaires de retraite, par exemple le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP). L’apport de ce régime à l’économie québécoise est important et son financement est notamment fondé sur de rigoureuses études actuarielles qui en assurent la pérennité. Les travailleuses et les travailleurs qui cotisent au RREGOP remplissent leur engagement à temps et au bon endroit : leurs cotisations sont puisées à même leurs salaires et sont immédiatement versées dans la caisse du RREGOP. Pour sa part, afin de pouvoir honorer ses engagements, le gouvernement a choisi de ne pas cotiser à la caisse du RREGOP, mais de mettre de l’argent de côté dans un fonds, le Fonds d’amortissement des régimes de retraite (FARR). Les cotisantes et cotisants au RREGOP n’ont aucun droit de regard sur l’administration de ce fonds. L’administration du RREGOP est confiée à un comité auquel siègent des représentants du gouvernement, des syndicats et des associations de personnes retraitées. Ce n’est pas une affaire qui se fait n’importe comment et en cachette.

« Je croirai opportun de m’intéresser à la prétendue pression que les personnes retraitées exercent sur les finances publiques lorsqu’on m’aura convaincu que les politiques fiscales inéquitables, l’évasion fiscale, les paradis fiscaux et le gaspillage éhonté de fonds publics que l’on observe dans le domaine des infrastructures routières ou de l’informatique ne sont pas dignes d’être mentionnés dans les journaux comme sources de “pressions sur les finances publiques”. Entre-temps, que l’on respecte les personnes retraitées et les régimes de retraite », conclut le président du SPGQ.

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