Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

Grève des enseignants.es de Los Angeles

Incapables d’en venir à une entente avec le Unified School District de Los Angeles, quelque 30,000 enseignants.es commenceront une grève illimitée jeudi, le 10 janvier. (Les négociations se sont poursuivies, toujours sans succès. La grève devrait débuter lundi matin le 14 janvier. LATime, n.d.t.)

Glenn Sacks, membre du syndicat des enseignants.es,
counterpunch, 8 janvier 2019
Traduction, Alexandra Cyr

Ce district qui dessert presque un million d’élèves dans plus de mille écoles, est le 2ième plus grand district du pays. Sa direction négocie avec le United Teachers of Los Angeles depuis avril 2017 mais les positions sont encore très éloignées. Ces enseignants.es sont sans contrat de travail depuis 18 mois.

Le Bureau des relations de travail du secteur public de Californie a publié un état de situation à la mi-décembre dans laquelle on retrouve bon nombre des positions du syndicat. C’était le dernier élément attendu avant que le syndicat ait le droit de déclarer la grève. Le 15 décembre dernier, plus de 50,000 parents, étudiants.es et enseignants.es ont manifesté au centre de Los Angeles en soutient au syndicat.

Les enjeux principaux de cette négociation sont : le nombre toujours croissant d’élèves par classe, 80% des écoles sans infirmier.ère à temps plein, le manque de bibliothécaires et un nombre si bas de conseillers.ères pour les élèves que le syndicat demande le respect du ratio de 1 pour 500. Le syndicat veut aussi que la clause qui permet au Conseil scolaire de ne pas tenir compte du ratio maitre-élève par classe en cas de crise financière, disparaisse. Le Conseil a fait appel à cette clause à répétition, le syndicat demande toujours son retrait.

Le 7 janvier, les parties se rencontraient dans une dernière tentative d’éviter la grève. En plus du fait que le Conseil scolaire n’ait rien offert de consistant et raisonnable, un nouveau problème a surgi ; son surintendant, M. Austin Beutner a fait des déclarations contradictoires. Dans une lettre aux parents il a dit une chose et une autre dans une déclaration aux médias. En plus, il y a quelques jours, les enseignants.es ont reçu une lettre contenant des contradictions avec des lettres précédentes.

Le syndicat demande que le Conseil scolaire clarifie ses positions de manière à ce qu’il puisse se faire une idée plus claire des demandes patronales. Cela devrait être le cas demain, (le 9 janvier). Le syndicat n’a pas reçu de proposition de contrat depuis octobre.

La section la plus importante de la lettre de M. Beutner aux membres du syndicat parle ce que le Conseil leur offre. Voici la liste point par point.
1- Une augmentation de salaire de 6% sans conditions. Actuellement, les membres sont soumis.es à 2 conditions pour toucher cette augmentation : faire 12 heures de travaux de plus en développement professionnels et que l’exigence faite aux nouveaux enseignants.es pour les soins de santé lors de la retraite soit augmentée. Mais que ces conditions soient retirées n’est qu’un petit pas en avant. Et ce n’est même pas clair. (Voir le point 5).
Même si l’augmentation de 6% était accordée, nous gagnerions toujours moins que ce que nous gagnions il y a 10 ans. Après presque 2 ans de négociations, le Conseil offre enfin 6%. C’est loin d’une victoire c’est le strict minimum auquel nous avons droit. Le gouvernement annonce que l’inflation de l’an dernier était à 2.8%. 6% pour les 3 dernières années ne sert en fait qu’à nous maintenir au niveau de la hausse des prix et à nous informer que nous ne subirons pas une coupe « de facto » via l’inflation. Il n’y a rien là à applaudir.

À minima : un petit pas en avant possible

2- « Pas de travaux supplémentaires ou d’exigence de développement professionnel pour recevoir « l’augmentation ». Que cela figure dans le contrat était une erreur. Le Bureau des relations de travail, qui est neutre dans l’affaire, avait déjà recommandé que cette exigence soit retirée. C’est un pas positif de la part de M. Beutner que d’être d’accord avec ce retrait.

À minima : un petit pas en avant

3- « Rétroactivité pour les salaires de 2017-18 ». Depuis 18 mois nous travaillons sans contrat, cela va tout simplement nous remettre l’argent que nous aurions reçu si le Conseil avait fait une offre crédible antérieurement. Pendant longtemps il n’a offert aucune augmentation. Cette rétroactivité a été inscrite dans l’offre d’octobre dernier. Nous aurions dû toucher notre salaire en entier depuis 18 mois.

À minima : rien, pas de gain

4- « Primes aux enseignants.es qui acceptent de travailler dans des secteurs qui offrent du soutien aux élèves ». C’est le cas depuis longtemps. La partie patronale tente de clarifier quels cours nous devrons prendre pour être capables de progresser dans l’échelle salariale.

À minima : sans bon sens

5- « Pas de changement dans l’assurance santé pour le personnel actuellement en poste ». Ça semble beau sauf que rien n’a été négocié à ce chapitre dans l’actuelle ronde de négociation. Il se peut que ce soit mentionné pour nous faire croire que c’est nouveau. Mais il faut noter les mots « personnel actuellement en poste ». Il se peut que cela veuille dire que le Conseil pense à accepter une augmentation des exigences d’accès à l’assurance pour les nouveaux et nouvelles employés.es. C’était dans les dernières offres et il n’est pas clair qu’il la retire.

6- À minima : décevant et sans signification

« Trente 30 millions de plus pour financer la réduction du nombre d’élèves par classe et embaucher plus de conseillers.ères, infimiers.ères et bibliothécaires ». Dans son rapport, le Bureau des relations de travail, qui est neutre dans cette affaire, a recommandé quelque chose de bien plus conséquent à ce chapitre. Mais ça ne représente toujours que les 1/250ième du budget d’opération du Conseil scolaire et les 1/66ième de ses réserves actuelles. Comme l’a expliqué récemment le président du syndicat, Alex Caputo-Pearl, cela ne signifie que quelques employés.es de plus dans le tiers des écoles seulement.

Le Conseil scolaire peut encore empêcher le déclenchement de la grève en faisant une offre significative au syndicat. Je ne désespère pas mais je ne suis pas optimiste.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : États-Unis

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...