L’union de la Coalition avenir Québec (CAQ) et de l’Action démocratique (ADQ) a dissipé les derniers doutes sur l’orientation idéologique de l’ancien ministre péquiste, a soutenu mercredi le président de la centrale, Réjean Parent.
« Nous autres, on a toujours pensé que le plan de M. Legault était un plan de droite comme le démontrent les éléments empruntés du modèle américain qu’il veut appliquer à l’éducation. L’alliance avec l’ADQ vient consacrer cette orientation à droite », a dit le leader syndical au cours d’un entretien avec La Presse Canadienne.
De l’avis de M. Parent, Gérard Deltell a sabordé l’ADQ pour un plat de lentilles à des fins strictement électoralistes. Avec les coudées franches sur son flanc droit, le chef de la CAQ aspire non pas à gouverner le Québec mais à le diriger comme une entreprise, a-t-il avancé.
« Je le regarde et il se comporte comme s’il était en train de devenir le président directeur-général du Québec avec son petit cercle de conseillers. Ça me fait penser à ce qu’on a vu s’installer en Italie et même en Grèce : non pas une gouvernance par le peuple et pour le peuple mais une technocratie », a affirmé le président de la centrale.
A l’ouverture du conseil général de la CSQ qui se déroule jusqu’à vendredi dans la Vieille capitale, M. Parent a convié les délégués à faire preuve de la plus grande circonspection envers le politicien de l’heure au Québec.
A son avis, M. Legault est avant tout l’homme du baron des médias Pierre Karl Péladeau avec qui il partage une certaine conception de la prospérité et des affaires de l’Etat.
« J’ai le sentiment que M. Legault c’est l’homme de Péladeau, j’ai le sentiment que c’est quelqu’un qui est porté vers une vision d’entrepreneurs qui sont embarrassés par les droits syndicaux, a-t-il exprimé.
« Quand on écoute le message de François Legault, il présente souvent les groupes d’intérêt, dont principalement les syndicats, comme des empêcheurs d’avancer. Remarquez, il ne refait pas la roue, c’est à travers la planète qu’on essaie d’écraser le mouvement syndical. »
Millionnaire, frayant avec de richissimes hommes d’affaires, M. Legault est bien loin des préoccupations de la classe moyenne, a poursuivi le syndicaliste.
« Il y en a qui parlent de ceux qui ont fait du bateau avec (Tony) Accurso mais M. Legault se promène avec (Charles) Sirois qui n’est pas un tout nu non plus ! Où a-t-il fait ses meetings ? Où a-t-il fait ses rencontres ? Il va se présenter comme l’humble riche qui veut notre bien mais qui sont ceux qui le supportent ? », a-t-il soulevé.
M. Parent en a contre la proposition de la CAQ d’instaurer « le salaire au mérite » chez les enseignants, une mesure toute américaine vouée d’après lui à l’échec.
Le « virage » de M. Legault en faveur du privé dans le système de santé - concession faite par la CAQ pour obtenir l’adhésion de l’ADQ - est tout aussi inquiétant, a dit le leader syndical.
Avec le temps, la CAQ aura bien du mal à se maintenir au sommet des sondages, pense M. Parent.
Avant de songer à déclencher des élections, le premier ministre Jean Charest aurait tout intérêt à laisser M. Legault « se dévoiler » aux yeux de la population, a-t-il estimé.