Édition du 16 avril 2024

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Gaz de schiste

La pollution de l’eau au méthane explose près des sites de gaz de schiste

Alors que l’Assemblée nationale examine, mardi 10 mai, la proposition de loi du député UMP Christian Jacob contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste en France, une nouvelle étude américaine jette l’opprobre sur la méthode de la fracturation hydraulique, consistant à injecter sous forte pression d’énormes quantités d’eau, de sable et des centaines de produits chimiques pour briser la roche et extraire le gaz situé à plus de deux kilomètres sous terre.

Des chercheurs de l’université américaine Duke, en Caroline du Nord, affirment avoir établi un lien clair entre le forage de ce gaz non conventionnel et des niveaux élevés de méthane inflammable dans l’eau potable - un point qui cristallise le débat aux Etats-Unis depuis la sortie du documentaire Gasland, célèbre pour la scène où un homme allume son briquet et met le feu à l’eau de son robinet.

Les scientifiques ont analysé les teneurs en méthane (qui constitue plus de 80% du gaz naturel) dans 60 puits d’eau potable en Pennsylvanie - où les compagnies espèrent forer près de 2 000 puits cette année - et dans l’Etat de New York. Ils ont trié leurs échantillons en fonction de la distance entre le lieu de prélèvement et le site d’extraction de gaz de schiste le plus proche. Le résultat, publié lundi 9 mai dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), est sans équivoque : les eaux de la région situées à moins d’un kilomètre d’un site d’extraction sont contaminées à hauteur de 85 % par du méthane, dont l’origine est bien celle du gaz de schiste.

Surtout, les risques de contamination de la nappe phréatique augmentent avec la proximité d’un puits de gaz de schiste : dans les puits situés à plus d’un kilomètre d’un site d’extraction, la teneur moyenne en méthane dans l’eau potable est de l’ordre de 1,1 milligramme par litre (mg/l), alors qu’à moins d’un kilomètre, les niveaux de méthane atteignent 19,2 mg/l (le maximum mesuré étant de 60 mg/l, soit assez pour déclencher une explosion, selon l’étude), soit des taux 17 fois plus élevés.

Comment le méthane s’est-il retrouvé dans l’eau potable ? Les scientifiques hésitent entre plusieurs thèses : le gaz a pu s’échapper de puits mal cimentés ou migrer en raison de fissures dans les formations rocheuses fragilisées par la technique de fracture hydraulique.

Reste la question des effets sur la santé du méthane. Ce gaz se révèle dangereux à des concentrations élevées. “Nous avons trouvé de très fortes concentrations dans nos échantillons, affirme Robert Jackson, professeur de biologie à l’université Duke, et un des auteurs de l’étude. A ces concentrations, le méthane peut provoquer des étourdissements, de l’asphyxie, sans compter le danger d’explosions.” Les effets à long terme sur la santé du méthane, lorsqu’il est ingéré ou inhalé à faibles concentrations, sont, eux, peu connus.

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