En effet, le MELS (ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport) a créé un site destiné à convaincre les étudiants d’accepter la hausse des frais de scolarité. Afin de s’assurer que son site soit le plus consulté possible, le ministère a acheté, sur le moteur de recherche Google, le nom de la majorité des grandes associations étudiantes du Québec.
La question est : qui la ministre pensait-elle convaincre avec cette campagne ? Les plus mobilisés des étudiants qui fréquentent régulièrement les sites de leur asso ? Il semble que c’est plutôt l’inverse qui s’est produit, s’attirant ainsi la foudre de plusieurs étudiants qui en ont profité pour se regrouper afin d’utiliser l’ensemble des « clic par jour » qu’offre Google. Prévisible.
Le plan de communication du MELS
Il faut noter qu’il est vrai que le Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études (CCAFE) recommandait au MELS de produire un plan de communication. Cependant, les recommandations du CCAFE visaient particulièrement la mise en place de mesures afin de contrer la perte d’effectifs liés à la hausse, reconnaissant l’importance de celle-ci. L’objectif du plan de communication était donc d’essayer de « pallier aux problèmes de perception de coûts, particulièrement dans les milieux à faible revenu ».
En ce sens, il me semble qu’acheter le nom des établissements d’enseignements sur les moteurs de recherche aurait été beaucoup plus efficace, particulièrement en cette période de recrutement dans les universités québécoises. De ce fait, ou bien la ministre ment à la population en visant directement la confrontation avec les fédérations étudiantes, ou elle démontre simplement toute son incompétence en ce qui concerne la maîtrise des nouvelles technologies et du marketing interactif.
Pire encore, alors que le MELS achète le site www.droitsdescolarité.com, son département des communications ne prend même pas la peine de se procurer la version « .ca » dudit site. Comment pouvait-il penser, ne serait-ce qu’une seconde, que les étudiants ne répliqueraient pas ? Ce qu’ils n’ont d’ailleurs pas tardé à faire, et pour 50 000 $ de moins.
Bref, le 10 novembre dernier, les associations étudiantes nationales ont réussi l’impossible : faire descendre dans la rue des dizaines de milliers de jeunes de la génération Facebook lors d’une journée pluvieuse de la mi-novembre. De son côté, le gouvernement arrive à peine à maîtriser les nouvelles technologies de l’information...
Si j’étais sur Facebook, je terminerais probablement avec « WTF », m’assurant ainsi que la ministre n’y comprenne strictement rien.
* L’auteur est étudiant au baccalauréat en communication publique à l’Université Laval et vice-président aux communications à la CADEUL (Université Laval).