Édition du 16 avril 2024

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Élections québécoises 2012

Le Plan Nord : une aberration

Jean Charest ouvre officiellement sa campagne en annonçant la création de 250 000 emplois dans les cinq prochaines années ; son Plan Nord sera responsable d’une bonne partie de ces emplois. Bien sûr, il y a de nombreuses personnes pour se réjouir : des emplois, des gros salaires, on continue la grande vie ! Mais… pour la collectivité ?

À ce jour, les principales objections au Plan Nord l’ont été sur le plan économique : nous bradons nos ressources naturelles à trop bas prix (les redevances sont trop peu élevées) et le gouvernement investit trop dans les infrastructures. C’est vrai, mais là n’est pas le motif principal pour lequel nous devrions tout faire pour empêcher la réalisation de ce plan, même s’il en découlait plus de retombées positives pour l’économie du Québec.

Au plan environnemental, la volonté de développer ces espaces vierges s’avère une catastrophe. Alors que nous avons besoin de mesures urgentes pour diminuer les gaz à effet de serre, on détruira des kilomètres carrés de forêt (routes, mines, constructions) ; des tonnes de pétrole serviront au transport des matériaux et des personnes (en particulier avec le programme « fly in fly out »). Des lacs et des rivières seront pollués, d’autres espèces risquent de disparaître. Tout cela pour aller chercher des matières qui permettront de poursuivre l’industrialisation d’un monde qui a perdu le sens des valeurs et qui ne cherche son bonheur que dans une consommation toujours plus étendue.

Au plan social, quel gaspillage : on construira des villes qui dans quelques années devront fermer. On chassera de leurs territoires des populations autochtones qui ont déjà toutes les difficultés à survivre et à garder leur culture traditionnelle.

Quand donc nos politiciens vont-ils comprendre qu’il devient urgent de s’écarter de la voie du développement économique tous azimuts, qui ne profite toujours qu’à une minorité et qui aboutit invariablement à des inégalités plus grandes ? Pour augmenter nos chances d’être heureux, ce n’est pas vers plus de richesse qu’il faut aller, mais vers une plus grande justice sociale, vers plus de liens, une meilleure harmonie avec la nature. Et pour aller dans cette direction, pourquoi ne pas commencer à imaginer un « Plan Sud », pour améliorer ce qui existe déjà ici (nos hôpitaux, le logement social, la vie de nos quartiers) au lieu d’étendre ailleurs notre développement mortifère ?

Serge Mongeau

Serge Mongeau est écrivain ; il vient de diriger un collectif qui a publié, aux Éditions Écosociété, Objecteurs de croissance. Pour sortir de l’impasse : la décroissance. Il est membre du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale.

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