Édition du 11 novembre 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Israël - Palestine

Le plan de « Paix » de Donald Trump compromis par le Hamas ?

Réponse à Fabien Deglise1

Précisons d’emblée qu’au sens du droit international, le Hamas n’est pas considéré comme une organisation « terroriste » mais comme un organe de « résistance » (toujours au sens de ce même droit international qu’Israël bafoue impunément depuis huit décennies) à l’occupation israélienne « illégale » des territoires palestiniens qui, de fait, est « en droit » d’utiliser les moyens nécessaires (incluant la violence armée) pour exercer ce « droit » en tant qu’ils constituent un acte de « légitime défense » à cette occupation. Ce statut officiel qui reconnaît l’existence légitime d’un (ou plusieurs) groupe organisé dans sa lutte de « libération » ne signifie pas que les actions entreprises par celui-ci échappent aux règles de la guerre instituées par l’ONU depuis 1945 ; ce « droit », qui veut encadrer, autant que faire se peut, les conflits entre Nations (ou pays, entités nationales, ethniques, politiques, religieuses) se concentre principalement (quoique non seulement) sur la sécurité des civils lorsque ces conflits dégénèrent en guerres ouvertes qui vont nécessairement causer des dommages qu’on dit « collatéraux » ; en d’autres termes, il s’agit de protéger ceux qui ne participent pas directement aux altercations et qui se retrouvent, bien souvent malgré eux, au cœur des bombardements de part et d’autre, des attaques, contre-attaques, mouvements de troupes, échanges de tirs, de roquettes, envois de missiles, etc.

À ce titre, l’intrusion du Hamas (accompagné par d’autres factions de résistance palestinienne) en Israël le 7 octobre peut être considérée comme une infraction à ce « droit » encadrant la sécurité des civils dans la mesure où des citoyens, n’ayant rien à voir directement avec l’occupation israélienne des territoires palestiniens (ni avec le corps armé d’Israël), ont été pris en otage ou ont péri sous le coup de la fusillade qui a accompagné cette opération « militaire ». Il faut toutefois être très prudent avec ce type d’accusation étant donné l’instrumentalisation qu’en ont fait des responsables de l’armée israélienne après l’événement et qui ont été reproduite telle quelle par les grands médias occidentaux sans aucune vérification d’usage afin d’en confirmer l’exactitude.

Ce n’est qu’en vérifiant, après coup, auprès d’intervenants « crédibles » (parce que « neutres » dans ce conflit) et expérimentés en la matière2, que l’on a pu se rendre compte de l’arnaque médiatique qui tenait lieu d’information à propos de cette attaque soi-disant « terroriste » menée par plusieurs organisations de résistance palestinienne en territoire israélien. Mentionnons seulement ces faits et ce contexte qui permettent de suspendre, ne serait-ce que temporairement, notre jugement sur le caractère « illégal » de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » : le festival de musique tenu à la frontière de la Bande de Gaza était inconnu de la part des milices palestiniennes avant leur intervention car, à l’origine, elles avaient l’intention de capturer des soldats israéliens et non pas des civils ; des responsables israéliens avaient prévenus de la dangerosité de la tenue de ce rendez-vous « culturel » à ce moment et à cet endroit sans que cet avertissement ait été pris au sérieux par les organisateurs ; un grand nombre de victimes « civiles » l’ont été du fait de la panique des forces de l’ordre israéliennes, décontenancées par l’opération (« Déluge d’Al-Aqsa ») qu’elles n’avaient pas prévue ; elles ont tiré à qui mieux mieux dans la foule, sacrifiant ainsi leurs compatriotes sans distinction ; de toute façon, la Directive « Hannibal » délivrée par le Commandement de l’armée stipule qu’en cas de prise d’otages, les militaires ont le choix de ne pas tenir compte des prisonniers dans leurs interventions, ceux-ci constituant une entité négligeable dans la lutte contre le terrorisme islamique. C’est cette Directive qui a été mise en œuvre.

Pour le reste de cette entente supposée garantir la « Paix » à Gaza, on est face à des propositions, des processus, des conditions tout à fait grotesques tellement elles frisent le ridicule et l’imposture. Exiger le désarmement du Hamas alors qu’Israël mène délibérément une guerre dans l’enclave, c’est retirer aux Palestiniens ce qu’il leur reste encore de possibilité d’auto-défense et de résistance à l’occupation « sauvage » de leur territoire par l’État hébreu qui ne cache plus sa volonté colonisatrice de réduire les habitants de la Palestine de confession « non-juive » à un statut citoyen de seconde zone (inscrit à même la Constitution) et de réaliser le projet sioniste du Grand Israël au Proche-Orient comme le souhaite l’extrême-droite présente à la Knesset ; cette même extrême-droite suprémaciste qui affirme sans ambages son objectif premier dans cette « négociation » : installer des « colonies » juives dans cette région enfin débarrassée des Musulmans dont l’infériorité « naturelle » face aux Juifs permet à ces derniers d’en disposer à leur guise.

On croirait à une énorme « farce » (ou à un malicieux canular) si les suites de cet échec annoncé ne représentaient pas un clou de plus enfoncé dans le cercueil des droits de l’Homme bafoués avec fierté par Nétanyahou et son gouvernement, guidés dans leur délire génocidaire par des fanatiques tels Ben-Gvir et Smotrich (Force Juive) qui souhaitent ouvertement terminer le « nettoyage » entamé depuis la création de l’État d’Israël (et accéléré depuis le 7 octobre 2023) avec la complicité des puissances occidentales. Comme dans le théâtre de l’absurde, c’est sur le mode de la « dérision » et du propos loufoque qu’il faut considérer cette initiative de « Paix » venant d’un des plus grands bouffons que notre modernité ait secrété et qui va vraisemblablement se terminer en queue de poisson ; et non pas sur le mode sérieux, volontaire et sincère tel qu’adopté par la plupart des médias qui ne semblent pas se rendre compte de la digression utilisée pour mener à terme le somptueux projet immobilier d’une Riviera palestinienne, érigée sur les décombres de ce qu’aura été un crime contre l’Humanité.

Mario Charland

Notes
1.« Les armes du Hamas pointées sur le plan de paix de Donald Trump », Le Devoir, 15 octobre 2025.
2.Je pense, en particulier, au Colonel suisse Jacques Baud qui a une longue expérience « diplomatique » en matière de géopolitique et qui prend toujours position de façon rigoureuse en s’évertuant à rendre compte des faits de façon « objective », même ceux qui interpellent notre sens de l’humanité de façon tragique...

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