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Santé

Le projet de loi 20 doit être abandonné - Le ministre Barrette fait fuir les bons médecins et décourage la bonne pratique (QS)

MONTRÉAL, le 1er févr. 2015 - Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, privera les Québécois et les Québécoises de bons omnipraticiens s’il met à exécution son catastrophique projet de loi 20 sur l’accès aux soins de santé, a prévenu le député solidaire de Mercier, Amir Khadir, dimanche après-midi lors d’un point de presse réunissant plusieurs médecins.

« Avec son projet de loi 20, le ministre Barrette n’améliorera pas l’accès aux soins : il décourage la bonne pratique médicale et fera fuir les bons médecins dont les Québécois et Québécoises ont besoin. Le Dr Barrette semble s’imaginer que la médecine est une chaîne de montage, mais les gens préfèrent des médecins qui sont prêts à les écouter lorsqu’ils en ont besoin, qui ne les mettront pas à la porte au bout de quelques minutes et qui prendront en charge l’ensemble de leurs problèmes : la bonne pratique enseignée dans les facultés.

Or, c’est exactement le genre de médecin que le projet de loi 20 va décourager et punir. Pire, les solutions punitives du ministre au manque de médecins de famille vont faire fuir ces bons médecins : retraite anticipée, sortie du système de public et abandon de l’omnipratique. Des démissions fracassantes ont déjà fait les manchettes. Ce ne seront pas les dernières si le projet de loi 20 est adopté. Je demande à mon collègue de se rappeler qu’il est devenu médecin pour soigner, aider, accompagner, et non pas traiter les patients comme des numéros », a indiqué le Dr Khadir, rappelant que les médecins subissent depuis des mois l’attitude arrogante du ministre Barrette, qui discrédite leur travail auprès de la population.

Pour la Dr Lucie Filion, médecin de famille expérimentée dans un GMF, le projet de loi 20 impose aux médecins de suivre 1 500 patients sans tenir compte de la réalité. « La médecine familiale doit se préoccuper de la personne globale. Le ministre Barrette voudrait qu’on regarde les patients comme lui regarde ses radiographies ! J’ai 1 300 patients inscrits, de la pédiatrie à la gériatrie, en plus de suivre 100 femmes enceintes pour un minimum de 11 visites par année, ce qui équivaut à 300 à 400 patients inscrits. Mais le projet de loi du ministre ne reconnaît pas ma pratique en obstétrique, car ces patientes sont temporaires. Je devrai abandonner ma clientèle en obstétrique pour ne pas être pénalisée alors que je suis environ 1700 à 1800 patients, c’est insensé ! », a-t-elle indiqué ajoutant qu’elle pourrait mettre fin à sa pratique plus tôt que prévu.

La Dr Caroline Lamarche, médecin de famille travaillant en gériatrie, en est à sa première année de pratique, mais saisit pourtant l’ampleur des dégâts que causera le projet de loi. « J’ai fait une formation supplémentaire pour orienter ma pratique vers la gériatrie. C’est une clientèle qui prend du temps, beaucoup d’écoute et avec le vieillissement de la population, le nombre de cas lourds comme ceux atteints de l’Alzheimer augmentent. Ce n’est pas concevable de penser que je vais pouvoir suivre mes patients de façon convenable et adéquate avec les quotas que le projet de loi 20 nous impose. »

Les médecins pressent le ministre Barrette d’être transparent avec la population concernant les conséquences de son projet de loi qui fait fi de l’expertise propre à chaque médecin. « Je suis médecin d’urgence et je n’ai jamais pratiqué dans un cabinet depuis que je suis au Québec. Ce ne serait pas rendre service à la population que de m’obliger à travailler dans un cabinet, ce n’est pas ma force. Même chose si on transférait des médecins de famille à l’urgence pour combler des « trous ». En fin de compte, ce sont les patients qui risquent d’écoper », a déploré le Dr Loic Darques.

Le Dr Amir Khadir lance un appel à tous les médecins du Québec pour dénoncer le projet de loi 20 du ministre Barrette. « Notre réseau de santé publique n’a certainement pas besoin de perdre des médecins, surtout pas celles et ceux qui adoptent les meilleurs pratiques qui exigent écoute, temps et dévouement. Que ce soit par un recrutement accru des médecins étrangers bien formés, par une meilleure structure des soins de première ligne ou une révision de la répartition de l’enveloppe de rémunération des médecins entre spécialistes et généralistes, il y a d’autres solutions que le projet de loi 20 pour améliorer l’accès sans affecter les patients. »

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