Édition du 26 mars 2024

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Politique canadienne

Le service postal public et universel du Québec et du Canada : deux visions s’affrontent.

Depuis quelques mois, différents médias, tel que Radio-Canada, mettent de l’avant la vision du service postal de Postes Canada et des différentes firmes d’études de droite, ceci bien-sûr, sans contacter le syndicat pour avoir nos explications.

Monsieur Deepak Chopra, président-directeur général de Postes Canada, a demandé au Conference Board de produire une étude, concernant l’avenir de Postes Canada, basée sur les données de l’année 2011 et les prévisions inexactes pour l’année 2012. En effet, l’étude prévoyait un déficit de 250 millions de dollars, alors que dans les faits, un profit de 98 millions a été engendré. Une simple erreur de 350 millions. Il est important de souligner que pour l’exercice financier de 2011, Postes Canada s’est vu forcée de mettre de côté plus de 200 millions de dollars, suite au jugement de la Cour suprême du Canada concernant l’équité salariale pour les employées et employés de bureau, représentés par l’Alliance de la Fonction publique du Canada.

2011 est également l’année du lock-out, décrété par Postes Canada, qui a grandement perturbé le service postal, alors que le syndicat avait opté pour des grèves rotatives afin de minimiser les impacts sur le service à la population. N’eût été de ces deux événements non récurrents de l’année 2011, il y aurait eu des profits et non un déficit.

Au cours des 18 dernières années, mis à part 2011, Postes Canada a toujours engendré des profits et l’étude du Conference Board se base uniquement sur l’année 2011 et sur les prévisions erronées de 2012, pour en venir à la conclusion que l’avenir du service postal passe, nécessairement, par la réduction des services.

L’étude recommande, entre autres, de revoir la fréquence de la livraison, l’élimination du service à domicile ainsi que la révision, à la baisse, des conditions de travail des travailleuses et travailleurs. Elle ne tient pas compte des concessions, imposées par la loi spéciale, qui ont revu à la baisse les conditions de travail ainsi que des gains de productivité, liés à l’implantation et à l’investissement de 2 milliards de dollars, dans la transformation postale.

Il est important de rappeler que monsieur Chopra siège sur le conseil d’administration du Conference Board du Canada et que l’étude a été commandée et payée par Postes Canada, à la demande du président-directeur général. De plus, monsieur Chopra provient de l’entreprise privée Pitney Bowes, laquelle entretient des liens d’affaires avec différents services postaux à travers le monde.

Il devient donc indéniable, que les dés étaient pipés et que l’étude se voulait le tremplin désiré par Postes Canada afin d’entreprendre une campagne de peur et de désinformation afin de convaincre la population (les vrais actionnaires de Postes Canada) que la réduction des services est la seule avenue possible pour le service postal.

L’autre vision

Postes Canada possède la plus grande infrastructure au Canada, laquelle lui permet de rejoindre les citoyennes et citoyens dans toutes les collectivités. S’il est vrai que la poste-lettres connaît une diminution, il faut préciser que la livraison et le ramassage de colis connaissent un essor fulgurant, allant au-delà des projections prévues. À travers le monde, les services postaux sont appelés à se redéfinir et le Canada ne fait pas exception. Les pays qui ont fait preuve d’innovation en offrant de nouveaux services (bancaires, financiers, assurances, téléphonie et autres) connaissent des succès et s’en tirent mieux que les autres. Ces avenues ainsi qu’une plus grande agressivité dans le marché des colis, assureraient l’obligation de l’autosuffisance du service postal et ainsi faire face aux nouvelles réalités.

La riposte syndicale

Afin de faire contrepoids aux attaques ciblées de Postes Canada, du gouvernement Harper et de leurs amis de la droite, le syndicat, et cela à tous les paliers, prépare une riposte afin de rétablir les faits et proposer à la population des alternatives réalistes et rentables qui nous permettraient de continuer à jouer un rôle important dans la vie des citoyennes et citoyens et dans les économies locales et régionales.

Restez à l’affût car bientôt, nous serons toutes et tous appelés à prendre position sur cet enjeu.

Syndicalement,

Alain Duguay
Président
STTP - Section locale de Montréal
AD/nf sepb-574

Alain Duguay

président section montréal du STTP

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