Édition du 23 avril 2024

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Mouvement syndical

France

Les syndicats s’orientent vers un nouveau tour de manifs

Encouragées par une base très motivée, les confédérations restent unies.

Le mouvement d’opposition à la réforme des retraites joue les prolongations. Réunies cet après-midi au siège de la CFDT, les organisations de salariés devraient décider d’une nouvelle journée nationale d’action, peut-être mardi ou mercredi prochain, dates probables du vote définitif de l’Assemblée et du Sénat sur le projet de loi. Avec le risque d’une moindre participation dans les cortèges, les vacances débutant vendredi soir.

Revirement.

Cette décision, qui peut paraître naturelle, constitue en réalité un quasi-revirement des syndicats par rapport à ce week-end, où la tendance était plutôt à vouloir lever le pied. Preuve en est : aucun point presse n’était initialement prévu à l’issue de l’intersyndicale d’aujourd’hui, avant que la CFDT, où se tient la réunion, ne change d’avis lundi. Deux événements ont depuis relancé la machine à manifs, que certains responsables confédéraux auraient pourtant préféré voir ralentir.

Le premier est le succès de la journée de mardi, qui a surpris plus d’un syndicaliste. « Après une telle mobilisation, impossible de ne pas appeler à une nouvelle action », confiait ainsi un dirigeant réformiste dans le cortège parisien. Le second : l’étirement du débat au Sénat. D’abord programmé pour mercredi, le vote de la Haute Assemblée sur le texte devait marquer, pour la CFDT, l’entrée « dans un nouveau contexte ». Traduction : on ne s’oppose pas à une loi adoptée par les représentants du peuple de la même manière que lors du débat parlementaire.

Plus forcément, en tout cas, par de grandes journées de manifestations. Sauf que les sénateurs traînent. Le vote, désormais programmé pour ce soir, pourrait même être repoussé à demain, voire à ce week-end. Et l’adoption définitive du texte, issu de la commission mixte paritaire, pourrait n’intervenir qu’en milieu de semaine prochaine. Bref, autant de nouvelles occasions de défiler avant que la loi ne soit adoptée.

Le mystère sur une nouvelle date de mobilisation a d’ailleurs été levé dès hier par la CGT, qui réunissait ses unions professionnelles et départementales. Dans un communiqué publié à la suite de la réunion, elle a appelé à « l’organisation de nouvelles mobilisations comportant grèves et manifestations interprofessionnelles, unitaires, le plus rapidement possible ».

Ce qui, en langage non-cégétiste, confirme la piste d’une nouvelle date de manifs en début de semaine prochaine. « La mobilisation s’amplifie, on ne peut pas s’arrêter là », confirmait hier soir un dirigeant du syndicat. La CFDT, qui réunissait elle aussi son « parlement », devrait approuver, d’autant que la base « est très motivée », selon une source interne. La direction confédérale l’a de toute façon répété plusieurs fois : pas question d’arrêter sans la CGT.

L’autre syndicat réformiste, l’Unsa, qui se serait bien contenté de rassemblements symboliques le jour du vote de la loi, devrait également suivre. Tout en mettant en garde contre le risque d’un essoufflement des cortèges en cette période de congés. « Il ne faudra pas donner l’image d’un mouvement qui s’arrête faute de combattants », prévient son secrétaire général adjoint, Jean Grosset.

Quant aux plus radicaux, la priorité est de donner des perspectives aux militants qui entretiennent, depuis le 12 octobre, l’agitation sociale au quotidien. « On ne peut pas laisser le mouvement sans nouveau rendez-vous, soutient Annick Coupé, responsable de Solidaires (syndicats SUD). Impossible d’attendre la fin des vacances, soit dix jours, sans nouvelle journée nationale. » Même chose à la FSU, où l’on est aussi pour « une journée d’action au plus vite », selon sa dirigeante, Bernadette Groison.

« Radicalisation ».

Reste le cas de la CGC (syndicat de cadres) qui avait d’ores et déjà annoncé que la journée du 19 serait sa dernière. « On va en débattre en interne, modère son président, Bernard Van Craeynest, qui n’est plus du tout sûr de vouloir quitter le train de l’intersyndicale. Mais l’évolution du mouvement, par sa radicalisation, risque de nous couper du soutien de l’opinion. » Organisée pendant les vacances, cette septième journée permettra surtout de tester la capacité du mouvement à survivre aux congés. Et si oui, tout sera alors ouvert…

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