Édition du 26 mars 2024

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Santé et sécurité au travail

Les travailleurs du secteur minier sonnent l'alarme sur la santé et la sécurité (Syndicat des Métallos)

MONTRÉAL, SEPT-ÎLES et ROUYN-NORANDA, QC, le 23 mars 2021 - Le projet de loi no 59 fera reculer de plus de 40 ans la santé et la sécurité du travail dans le secteur minier au Québec, jusqu’à une époque où les morts se comptaient par centaines, dénoncent les représentants des travailleurs et travailleuses du secteur minier au Québec. Réunis en conférence de presse, les Métallos des mines de la Côte-Nord, du Nord-du-Québec et de l’Abitibi ont vivement décrié les reculs en prévention et la déresponsabilisation du système devant les victimes d’accidents et de maladies professionnelles.

« La prévention en santé et sécurité, avec l’implication conjointe des travailleurs et des employeurs, est née dans les mines du Québec pour arrêter le carnage. Elle a ensuite été enchâssée dans la loi, mais seulement pour les secteurs industriels devant la frilosité des patrons. Aujourd’hui, le projet de loi affaiblit les mécanismes de prévention en enlevant les exigences minimales, en confiant aux seuls patrons le soin de décider du programme de prévention et des mesures qui en découlent. Il pousse l’odieux jusqu’à priver de soins et de soutien les accidentés et victimes de maladies professionnelles. Ce n’est pas une modernisation, on nous ramène 40 ans en arrière alors que l’attention est ailleurs, à cause de la pandémie », s’insurge le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.

Représentante en prévention à la mine d’ArcelorMittal du Mont-Wright à Fermont, Nadine Joncas, souligne l’importance que les décisions importantes en prévention relèvent du comité de santé et sécurité conjoint et non seulement de l’employeur. « La réalité du terrain, ce sont les travailleurs qui la vivent, les mesures sont mieux adaptées et l’adhésion des travailleurs est plus forte quand les travailleurs sont impliqués dans les décisions. Tout le monde est perdant à laisser l’employeur décider seul. Ça va finir par des morts et encore plus d’accidents », souligne Nadine Joncas.

Elle déplore par ailleurs les dispositions permettant à l’employeur de ne créer qu’un seul comité de santé et sécurité et de n’avoir qu’un représentant à la prévention pour plusieurs établissements. « Ça vient diluer la prévention. Les réalités sont trop différentes entre la mine à Fermont, le chemin de fer, l’usine de bouletage à Port-Cartier à plusieurs centaines de kilomètres… Tout mettre ensemble dans un seul comité, c’est diluer la prévention », ajoute Nadine Joncas.

En Abitibi, où la mine Westwood a eu son lot d’accidents graves ces dernières années avec cinq effondrements qui ont emprisonné des travailleurs sous terre et un décès en 2017, le président de la section locale 9291, André Racicot, est aussi inquiet. « On dit dans les mines que les lois et règlements ont été écrits avec le sang des mineurs. Ces reculs vont amener un relâchement et encore plus de drames », craint le doyen des Métallos en santé et sécurité.

Comble d’injustice, les travailleurs blessés ou malades auront aussi plus de mal à se faire indemniser. « Il va falloir passer les 12 travaux d’Astérix pour faire reconnaître une surdité, tellement les normes sont strictes… Plus de 22,5 dB, pendant deux ans, et dans les deux oreilles, pas qu’une ! Bien voyons… On va priver des milliers de travailleurs d’appareils auditifs, alors que le travail leur aura volé leur ouïe. Et les employeurs seront encore moins incités à réduire les bruits à la source si ça leur coûte moins cher en indemnisation ! », souligne André Racicot.

La même logique vaut pour plusieurs maladies, comme des cancers ou encore l’exposition au plomb. Les critères sont si stricts qu’ils laisseront des travailleurs malades sur le carreau, déplorent les Métallos. Pire, la législation imposerait une limite au nombre et à la nature des traitements auxquels auront accès les travailleurs pour guérir.

Les minières ont l’habitude de contester systématiquement les maladies professionnelles et les accidents, forçant les travailleurs (et leur syndicat lorsqu’il y en a un) à aller devant les tribunaux pour avoir droit à être indemnisés et soutenus dans leur réadaptation. « Si la loi abaisse le minimum de prévention et rend plus compliquée ’indemnisation, les minières ne feront pas de cadeaux. Elles s’ajustent aux lois du pays. Ailleurs dans le monde où les lois sont moins strictes, elles ne se comportent pas de la même manière qu’ici. Le gouvernement ne doit pas couper dans le minimum », ajoute le président de la section locale 9449 à Mine Raglan (Glencore), Éric Savard.

Syndicat des Métallos

Le Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, est le plus important syndicat du secteur privé au Québec. Il regroupe plus de 60 000 travailleurs et travailleuses de tous les secteurs économiques.

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