Édition du 23 avril 2024

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Course à la présidence de Québec solidaire

Lettre d’appui à la candidature d’Andrés Fontecilla

Mardi 30 avril 2013,

Je souhaite exprimer mon appui à la candidature d’Andrés Fontecilla au poste de porte-parole président.

Ma décision se base en partie sur la riche expérience qu’Andrés apporterait au poste. Andrés est un militant de longue date de la gauche politique québécoise, et notamment de Québec solidaire, ainsi que du mouvement communautaire. Il a fait preuve d’un engagement ferme et déterminé envers les causes de la justice sociale et de l’approfondissement de la démocratie. Ma décision se base surtout sur les positions qu’Andrés a articulées avec éloquence et conviction au cours de la présente campagne, positions qui traduisent fidèlement ma vision de Québec solidaire. Elles font preuve d’une pensée stratégique qui est à la hauteur des transformations profondes auxquelles notre parti aspire.

Trois de ses positions notamment démarquent Andrés.

La première concerne le « parti de la rue ». Cette orientation stratégique a été proclamée au moment de la fondation de Québec solidaire et elle a été répétée régulièrement depuis, mais son sens pratique et sa signification stratégique n’ont jamais fait l’objet d’une discussion approfondie au sein du parti. C’est sans doute une question complexe, mais centrale.

Il s’agit, d’un côté, des rapports entre Québec solidaire et les mouvements sociaux. À mon avis, répéter que le parti ne doit pas noyauter les mouvements populaires ne suffit pas. Notre but comme parti est de faciliter l’unification des mouvements sociaux progressistes, qui poursuivent des buts distincts et parfois limités, autour d’un projet de transformation globale de la société. Il faut donc se poser des questions importantes. Est-ce tout va bien dans les mouvements sociaux ? Ces derniers arrivent-ils à réaliser les buts qu’ils se posent, ou même à défendre les acquis face au rouleau compresseur néolibéral du dernier quart de siècle ? Pour cela, d’ailleurs, il ne s’agit pas uniquement d’être présentEs aux manifestations avec nos pancartes. Il faut que nos membres qui militent au sein des mouvements se concertent pour proposer des stratégies qui s’inspirent de notre programme et qui sont susceptibles de faire pencher le rapport de force en faveur des classes populaires. Andrés est le candidat qui comprend le mieux cette réalité.

La problématique de « parti de la rue » ne concerne pas que nos rapports avec les mouvements sociaux. Il s’agit aussi du type de parti que nous construisons : un parti principalement électoraliste ou un parti dont les membres à la base ont un rôle actif à jouer entre les élections également ? Il y a évidemment des limites à ce que la direction d’un parti peut faire pour activer la base, mais elle peut et elle doit se soucier de créer des espaces, et elle doit encourager des initiatives qui rendent la mobilisation des membres plus facile et attrayante. Elle doit également, comme le propose Andrés, présenter régulièrement des analyses de la conjoncture politique. Outils indispensables de formation politique, de telles analyses, débattues et appropriées par nos membres, doivent être au cœur des orientations politiques et stratégiques du parti.

D’ailleurs, une grande partie de la jeunesse québécoise est allergique au parlementarisme, et non sans raison. Se déclarer le parti de la jeunesse n’est donc pas suffisant pour les attirer à Québec solidaire. Il faut leur démontrer dans la pratique, comme le fait Andrés, que le parti comprend les limites de l’électoralisme et qu’il ne s’y limite pas.

Je considère également que la position exprimée par Andrés par rapport à l’enjeu de l’indépendance reflète le plus fidèlement celle du parti. Il faut, à mon avis, se méfier de la tentation de faire de Québec solidaire une sorte de clone du PQ et de l’ON, même si plus à gauche. Le parti Option nationale a raison quand il nous reproche de ne vouloir faire l’indépendance qu’à gauche et c’est la raison pourquoi notre programme fait passer l’indépendance par une assemblée constituante : je pense que si les Québécoises et Québécois savent quelle société l’indépendance va leur permettre de construire, elles et ils l’appuieront. D’ailleurs, cette position, qu’Andrés explique avec une clarté admirable, est la plus susceptible de mobiliser les communautés culturelles. Elle nous démarque nettement du nationalisme identitaire.

Finalement, Québec solidaire est un parti féministe. Cela aussi nous démarque de tous les autres partis sur la scène politique. J’ai été profondément impressionné par le texte d’Andrés « Les féministes : un énorme potentiel de transformation sociale » (http://andresselance.blogspot.ca/2013/04/le-feminisme-un-enorme-potentiel-de_5.html). Ce texte fait preuve d’une sensibilité et d’une compréhension de la problématique féministe qui sont encore rares parmi les hommes, même au sein de notre parti. C’est un trait de la plus haute importance pour le futur porte-parole homme de Québec solidaire.

Enfin, je nous félicite de la qualité du champ de candidats qui nous est offert. À cet effet, comme porte-parole et président, je crois qu’Andrés se démarque et serait un grand atout pour le parti.

David Mandel
Candidat de Québec solidaire Notre-Dame-de-Grâce aux élection de 2012 et 2008 ; militant syndical ; professeur de science politique

David Mandel

Professeur retraité à l’Université du Québec à Montréal

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