Édition du 3 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Course à la présidence de Québec solidaire

Un virage à gauche vers une véritable indépendance

Québec solidaire aspire à transformer radicalement notre société. Progressiste, écologiste, féministe, altermondialiste, notre parti est par conséquent indépendantiste. Cette perspective politique provient tout autant du désir de pérenniser le fait français en Amérique du Nord que d’une critique radicale des institutions héritées du colonialisme britannique. Ce pays de projets est fondé sur l’égalité sociale et entre les sexes, une économie au service de la population et respectueuse de l’environnement, et sur la solidarité entre les peuples.

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Les questions sociale et nationale : un tout indissociable

Les questions sociale et nationale sont donc pour Québec solidaire les deux facettes d’un même projet de société. La réalisation de notre programme exige un pays indépendant qui a le contrôle de tous les pouvoirs d’un État, sa politique économique et monétaire, son commerce extérieur, sa politique étrangère, sa politique fiscale. Notre projet n’est donc pas sans contenu, pour avoir simplement un « pays comme les autres ». Il constitue plutôt le parcours obligé vers la réalisation d’un pays où règne l’égalité sociale et la souveraineté populaire, fondée sur « un autre Québec possible ».

Or, nous n’avons pas attendu jusqu’ici le grand soir de l’indépendance pour lutter contre un système capitaliste qui profite au 1 % au détriment de la majorité de la société. Ces luttes se déroulent déjà sous nos yeux et notre parti peut y contribuer davantage, notamment en favorisant leur unité dans un projet de transformation sociale global. C’est pourquoi nous devons mettre de l’avant des propositions visant à rendre la société actuelle plus juste, équitable, moins destructrice de l’environnement et plus démocratique. Par exemple, la lutte contre la pauvreté ne peut attendre l’indépendance, tout comme la lutte pour contrer la réforme de l’assurance-chômage imposée par le gouvernement conservateur. Cela dit, nous devons dans chacune de ces luttes démontrer en quoi elles sont limitées par le cadre politique existant et en quoi elles pourraient aller beaucoup plus loin dans un Québec résolument indépendant.

L’assemblée constituante : une révolution démocratique

Le socle fondamental de notre stratégie d’accession à l’indépendance est l’assemblée constituante. Paritaire et rassemblant des représentant-e-s de tous les secteurs de la société élu-e-s au suffrage universel et proportionnel, cette assemblée autonome des partis politiques et du gouvernement aurait pour mandat de jeter les bases des nouvelles institutions de notre société. En d’autres mots, élaborer un projet de constitution. Elle aura également à définir le statut du Québec dans son rapport au Canada. Le tout sera tranché dans le cadre d’une démarche référendaire dont les modalités restent à préciser.

Cette stratégie est fondée sur une véritable souveraineté populaire, où le peuple, à la base, prend son avenir en main en se réappropriant le pouvoir. Le projet d’indépendance porté par QS en est donc un qui porte en lui une véritable révolution démocratique qui dépasse les institutions actuelles.

Puisque la constituante aura à définir les valeurs et les institutions du Québec de demain, elle interpellera l’ensemble des composantes de la société québécoise. Notre vision combinant lutte universelle pour la justice sociale, la démocratie et l’autodétermination des peuples peuvent à terme attirer de larges pans des communautés anglophones et allophones. En mobilisant ces secteurs traditionnellement réfractaires à l’indépendance, nous pourrons prouver que ce projet n’est aucunement réservé à la seule majorité francophone de souche canadienne-française. Une telle démarche s’oppose aux enjeux identitaires exacerbés par le PQ et ON, qui sont logiquement tout ce qui reste une fois le projet dissocié de ses ambitions démocratiques et de justice sociale.

Il faut ainsi favoriser le développement d’une conscience collective où tout un chacun, sans égard à son appartenance ethnique, reconnaît que ses intérêts immédiats passent par une transformation radicale du système actuel. Ce n’est qu’à cette condition que nous réussirons à forger le rapport de forces nécessaire afin de réaliser notre projet politique.

Certes, des débats restent à faire pour préciser notre stratégie afin d’éviter toute confusion. C’est pourquoi je crois nécessaire de poursuivre le débat, comme le propose la commission thématique « souveraineté » à Québec solidaire. D’ailleurs, le caractère démocratique et inclusif doit rester prédominant dans la démarche d’accession à l’indépendance de Québec solidaire, socle de l’originalité et de l’intérêt de l’assemblée constituante. Cela dit, il ne faut pas prêter flanc à ceux et celles qui laissent entendre que QS ne défendra pas son option indépendantiste durant la démarche de la constituante. Nous continuerons comme organisation politique à défendre la nécessité de l’indépendance avant, pendant, comme après.

Maîtres chez nous, vraiment ?

L’assemblée constituante renouvelle ainsi la stratégie souverainiste, antérieurement monopolisée par le PQ. Après deux défaites référendaires, la gouvernance souverainiste ne traduit que la peur d’une défaite électorale sur fond d’annonce d’un troisième référendum. En plus de maintenir dans l’impasse le projet d’indépendance, la souveraineté péquiste vise à tout prix à préserver un système capitaliste oligarchique et prédateur de l’environnement. Dans « leur Québec souverain », les agences de notation continueraient de dicter nos politiques budgétaires, les grandes corporations d’ici et d’ailleurs continueraient de brader nos ressources, le « Québec inc. » poursuivrait sa conquête des marchés.

A contrario, le processus d’une assemblée constituante proposée par QS porte en soi la possibilité de rupture avec l’ordre établi en vue d’une société guidée par les principes de la justice sociale. Il donne ainsi un nouveau souffle démocratique et inclusif.

Indépendance et solidarité internationale

Si cette perspective puise ses racines dans l’histoire ancienne et récente du Québec, elle peut et doit aussi s’inscrire dans une perspective de solidarité internationale. En effet, pour réussir notre indépendance, nous devons aussi susciter un large appui populaire envers le processus qui dépasse nos frontières. C’est parce que la révolution démocratique québécoise sera marquée par la justice sociale, par le respect de l’environnement, par le respect des droits nationaux et du droit à l’autodétermination des peuples autochtones, que nous obtiendrons une large mobilisation internationaliste en appui à notre indépendance. L’appel de Québec solidaire adressé au peuple du Québec, mais aussi au monde entier, n’implique donc pas seulement un simple changement de drapeau, mais un appel à la mobilisation pour faire un monde meilleur.

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