Édition du 23 avril 2024

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Politique québécoise

Pétrolia et Gaspé

Maîtres chez nous : Une corporation n’a pas besoin de boire de l’eau, mais nous les personnes , oui

La vie a beau être moderne, il nous est encore nécessaire de boire de l’eau.
Comme vous le savez sûrement, le maire de Gaspé, François Roussy et son conseil, avec l’appui de la population, ont voté à l’unanimité un règlement qui interdit le forage près des puits d’eau potable. Un règlement qui fait jurisprudence, une première au Québec. Quoi de plus raisonnable, en effet, que de protéger l’eau que l’on boit et qui assure notre survie ?

Mais il semble que ce ne soit pas raisonnable pour Bernard Landry selon l’article de Radio-Canada : Pétrolia à Gaspé : Bernard Landry rappelle les écologistes à l’ordre [1] D’abord quels écologistes ? Bernard Landry n’est-il pas au courant que ce sont le maire, le conseil municipal, et les citoyens de Gaspé qui ont fait ce règlement ? Il « leur demande de se montrer plus rationnels » SelonBernard Landry, il serait donc irrationnel de protéger les sources d’eau potable des citoyens ???

Alain Dubuc déclare quant à lui, que c’est « un règlement municipal élaboré dans l’émotion », « un petit psychodrame », selon le terme ridicule qu’il utilise dans son article intitulé Le sous développement durable [2]. Il accuse le maire François Roussy de faire preuve de « véhémence » parce qu’il « a affirmé qu’« on ne fera aucun compromis » sur la qualité de l’eau »
 [3]

L’enregistrement vidéo de l’Assemblée du conseil de ville de Gaspé du 14 janvier 2013 [4] est un incontournable pour comprendre la situation et le sérieux processus qui a mené le conseil à voter ce règlement.

« Bernard Landry, estime que les ressources pétrolifères dans le sous-sol de Gaspé n’appartiennent pas aux Gaspésiens, mais aux Québécois. » [5] Aux Québécois ou à Pétrolia ???

Pétrolia contrôlée majoritairement par des capitaux étrangers.

N’est-ce pas cette même Pétrolia à laquelle fait référence Alexandre Sheldon lorsqu’il écrit dans son article très bien documenté du 10 octobre 2011 Spéculation et démocratie : le cas de Pétrolia Inc. [6] « Pétrolia est possédée majoritairement non seulement par des capitaux étrangers, mais par des cliques de spéculateurs au pedigree peu glorieux » « Loin d’être la compagnie québécoise autoproclamée que l’on pourrait croire, Pétrolia est, comme toute bonne entreprise cotée en bourse, la propriété de quiconque en possède des parts. Habituellement, tout actionnaire qui possède une portion considérable des parts d’une compagnie a le droit de siéger à son
conseil d’administration. »

Voyons ce qu’en dit Radio-Canada dans son article du 25 janvier 2013.

Pétrolia : Forages controversés à Gaspé. Qu’est-ce qui amène Pétrolia en Gaspésie ? [7]
« Selon les données fournies au Régistraire des entreprises en 2011, trois des administrateurs de Pétrolia rapportent une adresse à l’extérieur du Québec, soient en Alberta, au Luxembourg ou à Dubai. Le groupe de contrôle du capital-actions de l’entreprise est constitué du président de Pétrolia, André Proulx, de la filiale canadienne de la compagnie suisse Pilatus Energy, du fonds d’investissement britannique CD Capital et d’Investissement Québec. »

Voici les données boursières au 30 septembre 2012 selon le site de Pétrolia [8] :
Proulx 7,1 %

Pilatus Energy(Canada) 4,5 %

CD Capital 12,5 %

Investissement Québec 10,6 %

Le 16 mai 2012, un communiqué du gouvernement du Québec annonce qu’Investissement Québec conclut un placement privé dans Pétrolia. [9]

Un placement de 10 millions de dollars.

Daté lui aussi du 16 mai 2012, l’article de Radio-Canada Pétrolia annonce un investissement privé de 15,7 millions [10] nous en dit long sur l’attachement de la compagnie au Québec : « Investissement Québec détient ainsi 10,65 % des actions ordinaires de Pétrolia émises et en circulation. Selon Pétrolia, tant qu’Investissement Québec détiendra au moins 5 % de ses actions, la société fera de son mieux pour qu’une personne désignée par Investissement Québec soit nommée à son conseil d’administration et pour s’abstenir de déplacer son centre de décision hors du Québec sans le consentement préalable de l’organisme gouvernemental » Laissez moi rire un peu avant de continuer.

Et c’est de cette Pétrolia là que Martine Ouellet, ministre du gouvernement, se fait la porte parole en affirmant, selon Alain Dubuc [11] « que ce forage ne menace pas la source d’eau potable de la municipalité, et que, pour quelques sources d’eau individuelles à proximité du puits, « les risques sont très, très, très limités » ».

Un peu plus, on pourrait penser qu’il y a eu un coup d’état corporatif au Québec, à notre insu.

Au sujet d’Anticosti, le Devoir nous apprend qu’ « au début de 2008, les droits d’exploration contrôlés par Hydro-Québec sur 35 permis (6300 km2) ont été cédés à l’entreprise Pétrolia en échange d’une « redevance prioritaire » jamais rendue publique. [12] Ce montant est demeuré secret jusqu’à aujourd’hui, la ministre Ouellet, bien que le connaissant depuis sa nomination, n’a pas jugé bon de nous le révéler.

Pas satisfaite d’avoir obtenu :
1-des régions entières du Québec (qui nous appartiennent)
pour un montant X (qui doit être à l’évidence assez gênant à divulguer),

2- 10 millions $ pour acheter des foreuses,

3- quelque chose d’autre probablement (genre subvention, congé fiscal), Pétrolia en redemande. Aux dernières nouvelles, Pétrolia veut encore plus de notre argent durement gagné. Voici le discours manipulateur de la compagnie tel que cité dans le Devoir du 31 janvier 2013 :

« Par ailleurs, sans aller jusqu’à soutenir l’idée de la Coalition avenir Québec, qui estime que Québec pourrait acquérir 50 % de capital d’une entreprise comme Pétrolia, Isabelle Proulx a réitéré son souhait que le gouvernement investisse davantage dans l’énergie fossile. « On a toujours dit que nous sommes une entreprise québécoise et que nous souhaitons le demeurer. Anticosti, c’est un énorme dossier et il ne faudrait pas que ça nous glisse entre les mains. Avoir un soutien financier de l’État est donc toujours très intéressant. »

Selon elle, le risque est toujours présent qu’une multinationale du secteur pétrolier tente un jour de mettre la main sur Pétrolia. » [13]

Du chantage à grande échelle s’il en est !!!

Compagnie québécoise ? Sur le site de Pétrolia, je cherche encore la version française des communiqués de presse adressés aux investisseurs, comme celui-ci par exemple : Pétrolia purchases Hydro-Quebec’s Petroleum Interests on Anticosti [14] dont l’URL contient pourtant fr http://www.petroliagaz.com/fr/investisseur/communique_detail.php?nou_id=151
Attendez un peu…Vous voulez dire la même Pétrolia qui est impliquée dans le dossier Anticosti, appelé le vol du siècle ?

Daniel Breton dépose une plainte à la SQ contre le gouvernement Charest, qu’il accuse d’avoir perpétré le « vol du siècle »

Nous savons que Pauline Marois est pour l’exploitation pétrolière et gazière au Québec. Nous en avons encore reçu confirmation dernièrement, le 15 janvier 2013 dans un article du Devoir : Pétrolia préfère Marois à Charest [15].

« On voit les positions du cabinet de la première ministre, qui sont foncièrement pour le développement du dossier d’Anticosti et pour le développement pétrolier », a-t-il (le président de Pétrolia, André Proulx) souligné lundi au Devoir. Le dirigeant de l’entreprise a également rappelé qu’il avait droit à « beaucoup de collaboration » de la part de Québec.

M. Proulx s’est également dit convaincu qu’il faudra procéder à des opérations de « fracturation » afin de pomper le pétrole de schiste de la plus grande île du Québec. L’entreprise souhaite d’ailleurs préciser ce qu’il faudra utiliser pour fracturer la roche en profondeur, une méthode d’exploitation qui soulève une controverse certaine dans plusieurs régions du monde. »

Gaz de schiste ? Pas de problème…

Le président de Pétrolia est sûrement au courant lui, quoique ce soit moins connu de la population, que Pauline Marois est également en faveur de l’exploitation des gaz de schiste. À preuve cet article du Devoir du 4 octobre 2010 : Marois craint que les maladresses du PLQ ne tuent l’exploitation des gaz de schiste [16] , dont
voici un extrait :

« Si rien ne change dans la manière dont le gouvernement du Québec gère le dossier des gaz de schiste, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, craint qu’il ne franchisse un point de non-retour qui tuera cette filière énergétique au Québec. Pauline Marois a indiqué, en entrevue à La Presse canadienne, qu’elle était en faveur du développement de l’industrie des gaz de schiste au Québec…. »

Il est connu aussi que Pauline Marois a ouvert la porte à la venue et au passage du pétrole des sables bitumineux de l’Alberta sur le territoire du Québec.

Une question se pose alors : pourquoi diable le PQ-Marois serait-il aller chercher un homme comme Daniel Breton ? Une seule réponse logique : pour le neutraliser.

Daniel Breton était un obstacle pour l’industrie pétrolière et gazière de 2 façons : D’un côté, le groupe Maîtres chez nous – 21e siècle gagnait en popularité et en influence sur une population de plus en plus informée. Un homme si déterminé, si documenté et qui avait déjà réussi à faire plier le gouvernement sur plusieurs dossiers (Suroît, Rabaska, gaz de schiste etc), on ne peut se permettre de l’avoir comme ennemi. Aussi bien s’en faire un ami et du même coup, grâce à sa solide réputation d’incorruptible, aller chercher des votes qu’on n’aurait pas eus autrement.

Voici un extrait de l’introduction du livre Maîtres chez nous – 21e siècle
« Que signifie Maîtres chez nous – 21e siècle ?... Le but est simple : il s’agit de mener à bout le projet d’indépendance énergétique du Québec de toute forme d’énergie polluante, importée ou non. » Daniel Breton [17]

Mais surtout, « Daniel Breton, a déposé une plainte à la SQ contre le gouvernement Charest, qu’il accuse d’avoir perpétré le « vol du siècle » apprend-on dans un article du Devoir du 23 novembre 2011 Ressources naturelles - Le gouvernement accusé du « vol du siècle » [18]

« Le porte-parole du groupe Maîtres chez nous - 21e siècle (MCN21), Daniel Breton, a déposé hier après-midi une plainte à la Sûreté du Québec (SQ) contre le gouvernement Charest, qu’il accuse d’avoir perpétré le « vol du siècle ». MCN21 dénonce vigoureusement la décision du gouvernement de céder les droits sur les hydrocarbures (gaz et pétrole) appartenant à Hydro-Québec, à des intérêts privés « à l’insu du peuple québécois ». Daniel Breton montre du doigt la vente, effectuée en 2008, des permis d’exploration que possédait la société d’État sur l’île d’Anticosti à Petrolia pour un montant
inconnu. »

Qu’est-il advenu de cette plainte à la SQ ? Le PQ lui a-t-il fait retirer sa plainte comme condition à sa candidature ?

Si oui, il ne restait qu’à non seulement l’écarter, mais aussi à le neutraliser, en colportant sur lui des histoires inventées à dormir debout. Qui saura ?
Je vous invite à lire la très belle et si véridique lettre ouverte d’André Belisle, Daniel Breton, mon ami et compagnon de luttes victorieuses des dix dernières années. [19]

Je vous invite aussi, si ce n’est déjà fait, à offrir votre appui au maire de Gaspé François Roussy, au conseil municipal et à la population de Gaspé : [20]
direction.generale@ville.gaspe.qc.ca

Je salue leur bon sens, leur courage et leur droiture. De vrais héros, comme au cinéma.

Conclusion

Je crois que nous devons rapidement, fermement, courageusement, pacifiquement, ensemble, reprendre ce qui nous a été volé, ce qui nous appartient de droit. Maîtres chez nous, ça vous dit quelque chose ?

Merci,

Louise Martineau


[22 http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201301/28/01-4615638-le-sousdeveloppementdurable. php ?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_alain-dubuc_3261_section_POS

[33 http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201301/28/01-4615638-le-sousdeveloppementdurable.
php ?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_alaindubuc_
3261_section_POS1

[99
Investissement Québec conclut un placement privé dans Pétrolia
http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPQF/Mai2012/16/c8348.html

[11http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201301/28/01-4615638-le-sousdeveloppementdurable.
php ?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_alaindubuc_3261_section_POS1

[20direction.generale@ville.gaspe.qc.ca

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