Édition du 16 avril 2024

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Europe

Militantes féministes attaquées par l’extrême-droite en Suède

La nuit dernière plusieurs personnes ont été attaquées dans le centre de
Malmö [1] par des membres du parti fasciste Svenskarnas Parti (Parti Suédois).

Elles étaient sur le chemin du retour après avoir participé aux fêtes pour
la journée internationale des femmes.

L’incident s’est produit juste après une manifestation de nuit contre les
violences faites aux femmes qui s’est terminée vers minuit à
Möllenvångstorget (un square au coeur du quartier multiculturel et de gauche de Malmö). Une personne est actuellement en soins intensifs avec de graves blessures à la tête et trois autres souffrent de blessures à l’arme blanche aux bras et aux poumons, parmi lesquelles un membre de Allt åt Alla Malmö.

Les nazis ont cherché leurs victimes potentielles toute la soirée aux
alentours du festival du 9 mars au pavillon Moriska du Folketspark. En
d’autres termes, l’attaque n’était pas une coïncidence.

L’attaque contre les manifestant-e-s du 8 mars ne peut pas être perçue
comme un incident isolé. L’incendie criminel contre le lycée de Kvarnby [à
Malmö] en octobre 2013 n’était que le début d’une escalade dans la violence
nazie autour de Malmö. Les locaux de gauche ont subi des graffitis et des
vitres brisées. En janvier une membre du SSU (organisation de jeunesse
social-démocrate suédoise) âgée de 16 ans a été attaquée par deux hommes, qui lui ont intimé de cesser de diffuser ses opinions. A plusieurs autres endroits et dans plusieurs autres villes, des nazis ont été identifiés en train d’enregistrer les participants aux manifestations durant la journée
internationale des femmes.

La personne de 25 ans sérieusement blessée, qui est actuellement en soins
intensifs et sous sédatifs à l’hôpital, est un leader de la lutte contre le
racisme et l’homophobie dans le monde du football, un membre du SAC et un
supporter dévoué du Malmö FF. Il a aussi aidé à fonder << Fans de football
contre l’homophobie >>. Sur cette base, il a été récemment épinglé sur le
site du Parti Suédois << Realisten >>.

D’après les témoignages de la scène, un membre de haut rang du Parti
Suédois - Andreas Carlsson, était impliqué dans la tentative de meurtre. Il
a été vu en train d’attaquer les féministes à l’arme blanche. Andreas
Carlsson est un des membres du Parti Suédois qui a voyagé jusqu’à Kiev en
tant que "Ukrainafrivilliga" (Volontaires ukrainiens) pour soutenir les
efforts du parti Svoboda pour prendre le pouvoir. Sur Realisten il a rendu
compte de l’opération de la délégation nationaliste suédoise. Certains des
participations des délégations sont restés, d’après leurs comptes-rendus,
<< pour rejoindre l’armée ukrainienne >>, alors que le groupe de Carlsson est retournée en Suède quelques jours seulement avant le 8 mars.

Le chef analyste des services de sécurité (Säpo) Ahn-Za Hagström a déclaré
le 8 mars qu’ils << ne voyaient aucune intention ou capacité croissantes à
commettre des crimes politiquement motivés à leur retour >>. Ce même soir
les nazis ont attaqués. Le ministère des affaires étrangères Carl Bildf a
déclaré dans une interview récente à la radio suédoise P1 channel que
Svoboda, le parti-soeur du Parti Suédois, sont << des démocrates européens qui travaillent pour des valeurs qui sont les nôtres >>.

Cette minimisation et normalisation des partis fascistes a donné au Parti
Suédois et à leurs << Volontaires ukrainiens >> la croyance qu’ils avaient un
laissez-passer pour leurs actes violents.

Non seulement les services de sécurité, mais aussi la police ordinaire ont
ignoré la violence d’extrême-droite, en décrivant les tentatives de
meurtres comme une << guerre de gangs >> entre << opposants de franges
adverses >>. Cela arrive moins de six mois après que la police ait ignoré
les avertissements selon lesquels un parti nazi similaire, Svernska
Motståndsrörelsen (le mouvement de résistance suédoise) avait planifié
d’attaquer la manifestation antiraciste à Kärrtorp.

Il est extrêmement claire que la menace fasciste contre la Suède et
l’Europe, contre les individus et les mouvements sociaux, n’est pas prise
au sérieux. Ni le gouvernement, les services de sécurité, ni la police
n’ont été capables de présenter une approche claire et cohérente à cet
égard. La violence fasciste ne devrait jamais être réduite à des bagarres
de jeunes ou à un phénomène extrême, comme dans le cas des enquêtes sur l’extrêmisme du gouvernement de Birgitta Ohlsson. Car alors on passe à côté de la puissante force politique que les partis fascistes sont devenus,
l’impulsion que cela donne aux partis correspondants en Suède, et on ignore
le sérieux de l’entraînement aux armes et aux combats de rues que les
extrêmistes de droite suédois ont acquis durant leurs voyages et leurs
visites à Jobbik en Hongrie, Svoboda en Ukraine, et Aube Dorée en Grèce ces
derniers mois.

Aujourd’hui, ils représentent la violence dans les rues. En septembre, ils
se présenteront aux élections parlementaires.


[1Un bon succès pour les manifs du 8 mars en Suède, mais une agression fasciste à Malmö (sud du pays, en face de Copenhague).

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