Édition du 23 avril 2024

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Asie/Proche-Orient

Palestine - La complicité de l'Union européenne

En novembre 2016, plus d’une centaine de délégué-es, représentant vingt-neuf syndicats et trois millions de membres de toute l’Europe, se sont rassemblé-es lors d’une première réunion historique à Bruxelles pour défier la complicité de l’UE et des gouvernements européens avec Israël et établir une plate-forme européenne transnationale de solidarité avec le peuple de Palestine..

tiré de : entre les lignes et les mots 2017 12 18 mars

Dans cet atelier, nous avons discuté du fait que l’UE est le plus grand marché d’exportation d’Israël et sa deuxième source d’importations. Ceci est rendu possible par l’Accord d’Association UEIsraël, signé en 1995 à la suite des accords d’Oslo et entré en vigueur en juin 2000. L’accord dépend toutefois du respect de la clause relative aux droits de l’homme dans l’article 2 qui stipule que « les relations entre les parties, ainsi que toutes les dispositions de l’accord lui-même, sont fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques qui guident leur développement interne et constituent un élément essentiel du présent accord. »

Le Parlement européen a voté en 2002 la suspension de l’accord en raison des violations flagrantes des droits de l’homme par Israël. Il convient toutefois de noter que ce vote a eu lieu alors qu’il n’y avait que 15 États dans l’UE, avant que les États d’Europe de l’Est ne deviennent membres.

Quelques petites victoires : La position officielle de l’UE a toujours été celle de l’opposition aux colonies, en raison de la violation manifeste du droit international. Pourtant, même si elle condamne les colonies, elle continue de soutenir les institutions publiques israéliennes basées dans le territoire palestinien occupé. Cependant, la pression publique commence à avoir un impact. En juin 2013, l’UE a refusé de reconnaître l’autorité d’Israël pour certifier les produits biologiques des territoires occupés. Des lignes directrices ont également été élaborées en 2013, avant la signature de l’accord Horizon 2020, qui stipulait que les entités établies dans les colonies ne pouvaient pas demander de fonds de l’UE. Toutefois, les entités établies en Israël, qui opèrent et ont des projets basés dans les colonies, et même les institutions publiques dont le siège est situé dans les territoires occupés, peuvent encore demander un financement et participer à Horizon 2020 pour un projet qui n’a pas lieu dans les territoires occupés.

En outre, 19 pays européensont publié des lignes directrices à l’intention des entreprises, mettant en garde contre les risques supplémentaires associés aux relations avec les colonies. En 2015, l’UE a publié d’autres lignes directrices sur l’étiquetage des produits de colonisation. Ce n’est cependant pas obligatoire pour les produits manufacturés à moins qu’ils ne précisent leur origine. Il a été convenu que l’action de l’UE à ce jour a été largement symbolique et inefficace dans la réduction des abus israéliens et qu’il est urgent maintenant pour le mouvement syndical européen d’agir pour mettre fin à la complicité actuelle de l’UE.

Un certain nombre de propositionsont été présentées et discutées, notamment : l Demander une interdiction des produits venant des colonies ; lVeiller à ce que les syndicats adoptent des politiques appelant à mettre fin à la complicité de l’UE ; lAméliorer les liens avec les syndicats d’Europe de l’Est afin de renforcer la solidarité avec la Palestine et les pressions exercées sur les gouvernements ; l Influencer la Confédération européenne des syndicats pour qu’elle prenne des mesures plus efficaces et appropriées à l’égard d’Israël ; l Veiller à ce que les marchés publics au niveau des autorités nationales et locales soient fondés sur des considérations relatives aux droits de l’homme et soient conformes aux Principes directeurs des Nations unies sur les entreprises et les droits de l’homme et à la directive de l’UE.

II. La complicité des entreprises

Les entreprises privées européennesainsi que les entreprises internationales opérant en Europe contribuent aux atteintes aux droits humains liées aux colonies israéliennes illégales, notamment en fournissant du matériel utilisé dans les démolitions de maisons et en participant à la construction et à l’exploitation d’infrastructures pour les colonies israéliennes illégales..
L’atelier s’est penché sur les exemples les plus significatifs de complicité des entreprises avec les violations des droits palestiniens par Israël et le rôle que le mouvement syndical européen peut jouer dans la responsabilisation de ces sociétés. Nous avons examiné des exemples historiques, comme des actions contre G4S, qui a dans une large mesure quitté le marché israélien et évoqué de nouvelles cibles (par exemple Hewlett Packard).

Des syndicats comme Fagforbundet et Unisonont déjà pris la décision de ne pas renouveler de contrats avec HP. D’autres syndicats sont d’accord ou discutent de pratiques semblables. Il a été souligné que les syndicats du secteur public peuvent jouer un rôle majeur pour influencer les achats de produits et services informatiques par le secteur public.

Parmi les points soulevés par les représentant-es syndicaux figurent : l Faire voter des motions pour que les syndicats ne se fournissent pas auprès d’entreprises violant le droit international et les droits des Palestiniennes, en mettant l’accent sur HP ; l Produire un kit d’information-présentation sur HP et son rôle dans la situation des travailleureuses palestinien-nes comme moyen de renforcer le soutien à la campagne au sein du mouvement syndical ; l Mettre en place des moyens spécifiques pour partager les meilleures expériences ; l Diffuser des informations sur l’ampleur de la complicité des entreprises, notamment dans certains secteurs comme le pétrole en Norvège, les banques en France, etc. l Travailler dans les syndicats pour faire connaître les enjeux de la complicité des entreprises européennes.

III. La complicité européenne avec le complexe militaro-industriel isrélien

Au cours de cet atelier, nous avons examiné les liens entre les secteurs militaires et de sécurité européens et israéliens, en évaluant leur impact sur le peuple palestinien et les politiques intérieures européennes. Nous avons abordé la question de savoir comment les syndicats et les mouvements de justice sociale peuvent s’unir dans la lutte pour un embargo militaire contre Israël.

Des propositions ont été présentées et discutées : l Lancer une campagne d’éducation sur l’Accord d’association UE-Israël et leurs liens militaires avec une courte vidéo et une fiche récapitulative des principaux points ; l Mettre à jour la base de données des projets Horizon 2020 et la partager avec les syndicats engagés afin de lancer des campagnes spécifiques ; l Faire le lien entre l’industrie militaire, les pratiques de l’Etat israélien et les réalités vécues par les travailleur-euses palestinien-nes comme moyen de fournir des arguments en faveur d’un embargo militaire ; l Mettre les logos des syndicats sur les matériels produits afin de présenter en commun les arguments en faveur de l’embargo militaire.

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