Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Panorama de la santé 2007 de l'OCDE : la solution se trouve dans le système public

Le dernier rapport de l’OCDE confirme ce que la CSN dit depuis longtemps : le secteur privé est déjà très présent dans les systèmes de santé québécois et canadien. « Pourquoi, alors, vouloir faire plus de place au secteur privé ? C’est précisément un des mandats que le gouvernement du Québec a donné au groupe de travail dirigé par l’ancien ministre Claude Castonguay sur le financement de la santé », s’interroge la vice-présidente de la CSN, Denise Boucher.

Selon le dernier rapport biennal sur les soins de santé de l’OCDE, Panorama de la santé 2007, au Québec et au Canada, le financement privé représente 30 % des dépenses en santé alors que la contribution publique atteint 70 %, soit moins que la moyenne des pays de l’OCDE qui est de 73 %. « Lorsqu’on se compare aux autres, on se rend compte que le privé pèse plus lourd chez nous qu’ailleurs. Dans certains pays, c’est un vent contraire à la privatisation qui souffle. Plusieurs ont même accru la part de leur financement public parce qu’ils se rendent compte qu’un système public de santé génère des économies appréciables sur les coûts », de préciser Denise Boucher.

Le privé coûte plus cher

Une autre étude de l’OCDE (L’assurance-maladie privée dans les pays de l’OCDE, novembre 2004) montre qu’un système à deux vitesses n’allège pas la charge publique mais contribue plutôt à l’augmenter. En plus de refiler les cas lourds au secteur public (parce qu’ils ne sont pas couverts par les assurances privées), le secteur privé contribue à l’augmentation des coûts de santé, notamment parce que les autorités gouvernementales exercent moins de contrôle sur les activités et les prix du secteur privé. La recherche du profit et les honoraires plus élevés contribuent à l’augmentation des coûts.

Lorsqu’on analyse les données sur les dépenses totales de santé par habitant dans les pays de l’OCDE, on constate que les cinq pays qui ont les dépenses par habitant les moins élevées sont aussi ceux dont le financement public occupe près de 75 % ou plus du financement total des dépenses de santé. À l’autre extrême, les États-Unis, avec un financement public de 44 %, est le pays qui a les dépenses de santé par habitant les plus élevées.

Le Québec : bon dernier

En matière de dépenses de santé, le Québec fait figure de cancre et termine bon dernier de classe avec 2853 $ par habitant, comparativement à 3196 $ par habitant pour la moyenne canadienne. « Il s’agit d’un recul important. À titre indicatif, en 1984, le Québec occupait le troisième rang », rappelle la vice-présidente de la CSN.

Le poids actuel des dépenses de santé dans le budget du Québec sert de principal argument en faveur du recours au privé. Les dépenses de santé accaparent 37 % des revenus budgétaires du gouvernement pour l’année 2006-2007. « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les baisses d’impôts ont fragilisé la situation. Si aucune baisse d’impôts n’avait été appliquée, les dépenses de santé auraient évolué au même rythme que les revenus budgétaires, et la proportion des dépenses de santé par rapport aux revenus serait de 34 % en 2006-2007. Donc, sans baisse d’impôts, la situation serait bien meilleure », argue Denise Boucher.

Du point de vue de la CSN, l’injection d’argent frais dans le système public de santé et de services sociaux est une condition essentielle pour que celui-ci assume efficacement sa mission. Il est illusoire de penser que la solution réside dans un recours accru à des cliniques privées financées par des assurances maladie privées.

Ottawa doit faire sa part

Le gouvernement du Québec doit réclamer du gouvernement fédéral une hausse des transferts fédéraux correspondant à 25 % des dépenses de santé des provinces (recommandation du rapport Romanow, 2002). « Le gouvernement fédéral profite, depuis plusieurs années, de surplus budgétaires en raison du déséquilibre fiscal. La récente annonce de réduction d’impôts et de taxes de 60 milliards de dollars sur 6 ans est fort éloquente et confirme l’existence d’une marge de manœuvre sans commune mesure avec celles des provinces », dénonce la leader syndicale.

Non aux baisses d’impôts

Le gouvernement provincial doit, quant à lui, renoncer aux baisses d’impôts comme le souhaite 70 % de la population (sondage Léger Marketing, mai 2007), qui leur préfère une amélioration des services de santé et d’éducation.


Source : CSN - 14 novembre 2007

Mots-clés : Communiqués Santé

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...