On scrute l’horizon pour tenter de détecter un camion ou un bateau porteur d’un morceau de pain qui pourrait empêcher les affres de la faim. On regarde autour de soi au cas où un figuier magique sortirait du sol pour nourrir le bébé affamé parce que le sein sec de sa mère ne peut plus le nourrir. Qui peut hurler à sa place pour déranger un monde veule et insouciant qui ne veut pas entendre les gémissements des mourants ?
Depuis longtemps, des gens prennent la plume pour dénoncer les injustices et les ignominies. Le 13 janvier 1898, l’écrivain Émile Zola publiait son manifeste personnel, J’accuse, dans le journal l’Aurore pour dénoncer la vilenie des témoignages truqués qui avaient fait condamner Alfred Dreyfus, officier d’état-major français d’origine alsacienne et de confession juive, faussement accusé d’avoir trahi la France et d’avoir collaboré avec les Allemands. Zola a pris sur lui de faire éclater la vérité. Aujourd’hui, considérant le sacrifice humain de la population de Gaza soumise à la faim et à la soif et devant tenter de déjouer la mort en raison de la violence guerrière.
La planète entière regarde les débordements de la démence guerrière et de la tyrannie d’une armée israélienne vouée à la destruction humaine et matérielle de Gaza. Devant cet état de fait, dans Le Devoir du 8 mai, Émilie Nicolas pose la bonne question : « La question qui se pose à nos élus, comme à toute la communauté internationale, c’est : pourquoi laisse-t-on faire ? »
Alors que l’on souligne la fin de la guerre 1939-1945 et la fin des camps de concentration d’extermination des Juifs et de milliers d’autres personnes jugées indésirables (Roms, communistes, etc.) selon les critères nazis, on semble avoir oublié les leçons de l’Holocauste. Les victimes gazées et brûlées dans les fours crématoires seraient-elles mortes en vain ? De leur côté, les survivant.e.s de ce drame humain ont clamé sur tous les tons depuis des décennies que toutes les tentatives d’extermination d’un peuple sont inacceptables, ignobles et condamnables. Bien sûr, le vécu dans les camps de concentration et celui des Gazouis n’est pas de même nature, mais les similitudes de sens et les conséquences à plus ou moins long terme relèvent d’une volonté d’extermination parente. Malgré les leçons tirées de la barbarie nazie, la guerre américano-israélienne impitoyable contre les habitants de Gaza, à cause de la bêtise des dirigeants politiques du Hamas qui ont orchestré une attaque insensée et funeste de civils israéliens en octobre 2023, reste condamnable.
Après la 2e Guerre mondiale, plusieurs personnes ont plaidé l’ignorance des camps de la mort pour justifier leur silence, mais aujourd’hui, personne ne peut ignorer l’utilisation d’une force létale démesurée à Gaza. Le silence devient injustifiable.
J’accuse les puissances militaires américaines et israéliennes de trahir la mémoire des victimes des camps d’extermination nazis.
J’accuse les dirigeants américains et israéliens de planifier la mort lente du peuple palestinien.
J’accuse l’État israélien d’utiliser les privations de nourriture, d’eau et de soins de première nécessité comme arme de guerre, ce en violation assumée du droit des populations civiles à la protection.
J’accuse les dirigeants politiques occidentaux de faire montre d’hypocrisie en gardant un silence complice en observant les ignominies commises à Gaza.
J’accuse particulièrement le gouvernement canadien et ses complices, les fabricants d’armes, de rester silencieux devant le massacre des Gazaouis, ce malgré la diminution partielle du soutien militaire canadien à Israël.
J’accuse le gouvernement canadien de maintenir abusivement la position, maintenant intenable, du droit d’Israël à se défendre ; Israël est maintenant en mode d’extermination et d’occupation, pas de défense.
J’accuse le gouvernement canadien de suivre aveuglément la politique américaine de soutien inconditionnel à Israël dans sa stratégie de colonisation et de destruction du territoire palestinien.
J’accuse les dirigeants des pays membres de l’OTAN, dont le Canada, toujours prompts à adopter des sanctions contre la Russie, de rester les bras croisés devant la destruction et le désarroi du peuple palestinien.
J’accuse les dirigeants des pays membres de l’OTAN, dont le Canada, à promouvoir la construction perpétuelle d’un ennemi, la préparation de la guerre par la sacralisation de l’augmentation scandaleuse des budgets militaires au détriment d’un développement social et économique durable et pacifique.
J’accuse leur duplicité silencieuse, généralisée, assumée, leurs faux-semblants et leurs singeries.…
Comme l’écrivait Amélie Nicolas dans Le Devoir en référant au récit Primo Levi, Si c’est un homme, récit de survivant d’Auschwitz : « Comprend-on que la honte, la tache sur l’âme, les silences, les tabous peuvent aussi rejaillir — non, vont nécessairement rejaillir — et altérer la boussole morale de l’humanité entière pour des générations si on laisse faire ? On le sait pourtant très bien déjà : même 80 ans plus tard, les mots de Levi ont toujours le pouvoir de nous faire frémir. »
Peut-on apprendre à vivre la paix et la justice en relisant les pages de l’histoire des guerres alors nous nous laissons engloutir collectivement par les remous de la désinformation et de l’indolence face à la misère ?
André Jacob, artiste pour la paix
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