C’est un constat difficile, si constat il y a. J’imagine que cela dépend comment nous recevons les paroles de Maracle. Moi, cette phrase me frappe en plein cœur et conscience. Ont-elles réellement la possibilité de vivre une vie dans les circonstances actuelles ? Leur reste-t-elle une place sur ce territoire où elles sont en sécurité ? Pour sa part, Stephen Harper considère que le meurtre et la disparition des femmes autochtones constituent un problème criminel et non social.
Ce n’est pas l’avis des groupes de femmes autochtones ainsi que des familles des disparues pour qui cette violence est un problème aux racines sociales, politiques, économiques et culturelles. Une violence qui fait peur aux femmes autochtones du pays, qui envoie un message voulant qu’elles ne soient pas les bienvenues. Cette réalité découle d’attitudes et de pratiques coloniales bien vivantes. On ne peut pas uniquement examiner ce qui arrive aux femmes aujourd’hui, il faut reconnaître que les colonisateurs s’en sont pris aux femmes autochtones pour mieux affaiblir leur peuple.
Pour se sortir de la situation dangereuse et injuste que les femmes autochtones connaissent, il est essentiel que les non-autochtones, les institutions de l’État (police, écoles, services sociaux, hôpitaux, etc.), les partis politiques, les institutions religieuses entendent ce que les femmes autochtones ont à dire.
Des femmes au cœur de la résistance
La bonne nouvelle s’il faut en trouver une, est que les femmes autochtones sont au cœur de la résistance. Malgré les refus répétés de tenir une enquête nationale publique sur les causes de ces disparitions, des femmes autochtones reviennent sans cesse à la charge pour que les femmes autochtones et les familles des disparues puissent enfin être entendues.
Elles sont au cœur également de la résistance aux oléoducs, à l’exploration des gaz de schiste et à l’amputation de leurs territoires par les entreprises minières. Elles sont au cœur de la lutte pour un changement de paradigme économique, social et écologique. Elles invitent les Québécois.es et les Canadien.nes à se joindre à cette lutte.
Une autre bonne nouvelle : la Marche mondiale des femmes au Québec - un réseau féministe d’action, initiée par la FFQ, présente dans toutes les régions du Québec - répond présente à cet appel à la résistance et à la création d’une nouvelle relation. En effet, en alliance avec Femmes autochtones du Québec, des femmes de partout au Québec tiendront samedi et dimanche 4 et 5 octobre plus de 14 vigiles à la mémoire des femmes autochtones disparues et assassinées et pour réclamer une enquête publique indépendante par le gouvernement du Canada. Toutes et tous sont les bienvenues. Pour consulter la liste et les coordonnées de vigiles, visitez le site.
Cette campagne s’étire même à l’échelle internationale. Un appel à la solidarité a été envoyé aux coordinations nationales des cinquante pays où la Marche mondiale des femmes est active. Elles vont écrire au gouvernement conservateur pour appuyer la demande d’une enquête publique indépendante pour comprendre les causes de cette violence et pour y trouver des solutions.
La Marche mondiale des femmes n’aura pas dit son dernier mot le 4 octobre. Elle organisera en 2015 une série d’actions sous le thème Libérons nos corps, notre Terre, nos territoires ! Ce sera l’occasion de libérer notre société de la volonté de dominer la Terre, ainsi que les territoires des femmes autochtones. Ce sera une contribution du mouvement féministe québécois à la réconciliation. Vous y êtes invité(e)s !