Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Éducation

Prendre les choses en main pour faire de l’éducation une PRIORITÉ

{Travailler main dans la main pour la persévérance scolaire et la réussite éducative}

L’éducation doit être la grande priorité du Québec

Pour ce faire, le gouvernement doit prendre les choses en main et être à l’écoute des différents intervenants du milieu de l’éducation.

Le ministre de l’Éducation a annoncé qu’il souhaitait une mobilisation en ce sens. Nous espérons que cette volonté se concrétisera rapidement et que le gouvernement se dotera enfin d’une vision globale de l’éducation.

La politique qui en découlera rassurera les milieux scolaires sur la stabilité des actions gouvernementales en matière de réussite éducative et de persévérance scolaire. Une politique nationale de l’éducation devrait prendre en considération tout le continuum d’éducation et de formation, de la petite enfance à l’enseignement supérieur.

À la CSQ, nous sommes d’avis que le gouvernement doit prendre les choses en main pour faire de l’éducation une véritable priorité.

Un projet ambitieux pour l’éducation au Québec


Mettre le doigt sur le problème : ----

Les inégalités

Chaque enfant devrait avoir une chance égale d’écrire son avenir, peu importe son Âge, sa condition sociale et ses caractéristiques. Or il existe encore plusieurs inégalités, tant sociales qu’économiques, qui ont une incidence sur la réussite des élèves au Québec.


Prendre les choses en main : ----

Améliorer les conditions de vie pour accroître la réussite et la persévérance

Nous devons :

Agir tant sur les conditions de vie que sur les conditions d’apprentissage.

Considérer la réussite et la persévérance comme des enjeux sociaux qui concernent tout le monde : élèves, parents, personnel de l’éducation, employeurs, organismes communautaires, instances gouvernementales.

Soutenir les familles dès la petite enfance, notamment en finançant adéquatement le réseau public des centres de la petite enfance (CPE) et de services de garde en milieu familial subventionnés ainsi que les services de garde en milieu scolaire.

Augmenter les services d’éducation des adultes et les services d’alphabétisation pour rejoindre les personnes sans diplôme et leur permettre d’occuper une place à part entière dans la société. Faciliter l’accès à la formation professionnelle et permettre une fluidité vers les études supérieures.


Rappelons que 19 % des Québécoises et Québécois sont analphabètes et que 34,3 % éprouvent de grandes difficultés de lecture. [1] ----

Favoriser le développement de politiques sociales et économiques progressistes, notamment par des mesures en emploi, en logement et en santé, et avec la mise en place de programmes de soutien alimentaire dans les écoles en milieu défavorisé.

Des orientations prioritaires pour une éducation de qualité


Mettre le doigt sur le problème :

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L’obtention d’un premier diplôme est hors d’atteinte pour certains élèves

Le système d’éducation a pour mission d’offrir une formation de base riche à toutes et tous, qui permet de s’épanouir et de participer pleinement à la société. Malheureusement, l’obtention d’un premier diplôme est hors d’atteinte pour certains élèves. Plusieurs sont des jeunes qui présentent des vulnérabilités, souvent dès le début du parcours scolaire et, en raison du manque cruel de ressources, ne reçoivent pas les services adéquats ; en conséquence, ils ne peuvent obtenir un premier diplôme.

Prendre les choses en main :

Assurer de meilleures conditions d’apprentissage et de réussite pour toutes et tous

Nous devons :

Rendre disponible des services professionnels et de soutien de qualité et en quantité suffisante. Alors que la proportion d’élèves HDAA [2] au secteur public était de 12 % en 2001-2002, elle atteignait 21 % en 2015-2016. [3]

Assurer une organisation centralisée de ces services afin d’en garantir la répartition équitable, et ce, des services de garde à l’université.

Revoir les balises de l’intégration des élèves en difficulté pour mieux répondre aux besoins de chaque élève.


Parmi les élèves HDAA, 46,8 % quitteront l’école avant d’avoir obtenu un premier diplôme, et ce sont 45,7 % des élèves commençant le secondaire avec un retard qui décrocheront. [4]


Définir la contrainte excessive qui peut porter atteinte au contexte d’apprentissage de la classe, et en tenir compte lors de l’intégration d’un élève.

Offrir la maternelle 4 ans temps plein en milieu défavorisé comme service éducatif complémentaire à ceux qui existent déjà , tel que le réseau public des services de garde.

Miser sur le développement des habiletés en lecture-écriture : dépister rapidement les difficultés et apporter les services professionnels nécessaires.

Assurer l’accès à une démarche d’orientation pour favoriser la persévérance scolaire.

Renforcer le service d’animation Passe-Partout qui s’adresse aux familles de milieu défavorisé et qui vise le développement des habiletés parentales.


Mettre le doigt sur le problème : Augmentation de la concurrence entre les établissements d’enseignement

Augmentation de la concurrence entre les établissements d’enseignement

Depuis plusieurs années, un modèle basé sur la concurrence s’est mis en place au sein du système d’éducation. En raison de la concurrence que se livrent les écoles privées et publiques pour attirer les bons élèves, les projets pédagogiques particuliers qui sélectionnent les élèves sur la base de leur performance scolaire se sont multipliés dans les écoles publiques. Parallèlement, on a poursuivi l’intégration dans la classe régulière des élèves HDAA sans les ressources professionnelles et de soutien nécessaire.

Ces pratiques peuvent avoir un effet important sur la composition des établissements et de la classe régulière, excluant certains jeunes de programmes qui pourraient répondre à leurs champs d’intérêt et leur donner une motivation supplémentaire pour leurs études.


Sondage sur les enjeux en éducation (2016)* [5]

95 % sont en accord avec l’affirmation que l’école doit chercher à offrir des chances égales à tous. 91 % considèrent que les sommes allouées à l’éducation sont un investissement et non une dépense.
82 % se disent très préoccupés par le fait qu’il n’y a pas suffisamment de ressources professionnelles.


Prendre les choses en main :

Mettre fin à la concurrence pour privilégier la coopération

Nous devons :

Mettre en place les moyens nécessaires pour rééquilibrer la composition des établissements et des classes.

Abolir progressivement le financement public de l’école privée en instaurant un processus d’intégration des élèves et du personnel au réseau public.

Encadrer la mise en oeuvre des projets particuliers dans le réseau public pour garantir une plus grande mixité sociale et scolaire au sein des écoles. Prescrire un temps minimum d’enseignement pour les matières scolaires obligatoires.


Mettre le doigt sur le problème :


Les besoins sont grands en éducation pour attirer et retenir le personnel dans le réseau

Pour attirer et retenir du personnel dans le réseau, il faut valoriser son rôle et rendre les emplois attrayants. Le travail accompli par le personnel de l’éducation, de la petite enfance à l’université, est bien souvent sous-estimé, et le discours à l’égard du système public d’éducation est très sévère.

Des problèmes d’attraction existent pour le personnel de l’éducation, par exemple chez les psychologues scolaires et les éducatrices et éducateurs en service de garde, et dans certains champs d’enseignement.


On note que 50 % des absences du personnel scolaire seraient engendrées par la dépression et l’épuisement psychologique. [6]


Chez le personnel enseignant, l’importante lourdeur de la tâche, les problèmes de plus en plus grands chez les élèves et les ressources insuffisantes pour accomplir son travail sont au coeur de la problématique d’épuisement professionnel et d’abandon de la profession.


Du côté des enseignantes et enseignants, pas moins de 22 % de ceux qui travaillent au primaire et au secondaire vivent un degré d’épuisement élevé, et ce sont 31 % qui présentent un degré d’épuisement moyen. [7]


Prendre les choses en main :


Améliorer les conditions d’exercice pour une éducation de qualité et valoriser le travail du personnel de l’éducation

Nous devons :

Associer étroitement le personnel aux changements apportés en éducation et tenir compte de son expérience.

Considérer les enseignantes et enseignants comme de véritables professionnels de l’action pédagogique et reconnaître leur autonomie professionnelle.

Reconnaître le personnel professionnel et de soutien pour son expertise, dont celle développée au contact des élèves dans différents lieux et au cours de diverses activités de la journée.

Mettre en place des solutions, notamment contre la surcharge de travail, l’éclatement des tâches et la précarité d’emploi, pour le personnel de l’éducation.

Faire connaître davantage, auprès de la population, le travail du personnel de l’éducation et la diversité des services offerts.

Miser sur l’expertise spécifique développée par le personnel de l’éducation plutôt que de recourir à la sous-traitance.

Faire des pieds et des mains

Le Québec moderne s’est donné des objectifs ambitieux en matière d’éducation ; malheureusement, certains gouvernements s’en sont lavé les mains.

Aujourd’hui plus que jamais, il faut envoyer un message clair quant à l’importance que nous accordons à l’éducation à travers la vision que nous nous en donnons et en y consacrant les ressources nécessaires. Pour qu’elle soit durable, cette vision doit s’appuyer sur l’expertise du personnel de l’éducation. C’est incontournable.

Travaillons ensemble et faisons des pieds et des mains pour que notre système d’éducation public devienne réellement une priorité au Québec.

CENTRALE DES SYNDICATS DU QUÉBEC

lacsq.org education.lacsq.org


[1FONDATION POUR l’ALPHABÉTISATION (2016). Fausses croyances (En ligne). (fondationalphabetisation.org/fondation/analphabetisme-les-causes/ fausses-croyances).

[2Élèves HDAA : élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage

[3QUÉBEC. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DE l’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE (2015). Études des crédits 2015-2016, Québec.

[4QUÉBEC. MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE (2015). « Les décrocheurs annuels des écoles secondaires du Québec. Qui sont les décrocheurs en fin de parcours ? Que leur manque-t-il pour obtenir un diplôme ?  », Bulletin statistique de l’éducation, (En ligne), n° 43 (mai), 24p. (education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/PSG/statistiques_info_ decisionnelle/BulletinStatistique43_f.pdf).

[5Sondage CROP mené du 8 au 10 mars 2016 auprès de 1 000 Québécoises et Québécois francophones âgés de 18 ans et plus, joints via le Web.

[6« Travailleurs en éducation : l’absentéisme préoccupe  » (2011). Le Soleil, (En ligne) (10 janvier). (lapresse.ca/ le-soleil/actualites/education/201101/09/01-4358490- travailleurs-en-education-labsenteisme-preoccupe. php)

[7Selon l’étude de Pascal Doyon, réalisée en collaboration avec le Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges, les principaux facteurs qui expliquent cette situation sont le faible sentiment d’auto-efficacité, la lourdeur de la tâche et les classes difficiles.

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